Samedi, 20 mai

Le temps était pluvieux en ce début de samedi après-midi, ne laissant absolument pas paraître la venue prochaine des grandes vacances d’été. Pas la moindre trace d’un Soleil estival ou d’une douce brise tiède venue du Sud... Rien d’autre qu’un morne ciel gris et des averses à n’en plus finir. Pourtant, il restait tout juste un mois de cours avant les grandes vacances...

Enfin, avec ce temps à ne pas mettre un chien dehors, les élèves de Poudlard n’avaient pas eu d’autre choix que de rester cloîtrés à l’intérieur du château, tuant le temps le nez dans les livres, pour la plupart. L’arrivé imminente de juin marquant aussi celle des examens, la majorité des élèves ( et plus particulièrement les premières, cinquièmes et septièmes années ) entraient dans leur ‘phase de stress pré-examens’... et les autres suivaient, faute d’avoir autre chose à faire.

Mathias en avait cependant eut rapidement marre de survoler les pages de ses livres de classe avec ennuie. Il lui restait encore longtemps avant de devoir s’inquiéter pour ça... Le jeune Adams aurait plutôt préféré s’amuser... S’entraîner au Quidditch par exemple ! Mais avec le déluge extérieur qui semblait toujours vouloir s’intensifier, impossible.

Bref, après plusieurs minutes à se tourner les pouces, enfermé dans la Salle Commune de Serpentard, le Préfet-en-Chef avait fini par se motiver suffisamment pour s’atteler à la lourde tâche d’écrire à sa mère. Il devait bien le faire un jour...

Mathias avait donc attrapé un morceau de parchemin et griffonné un message répétant, en gros, qu’il allait bien. Le Serpentard réussit tout de même à faire une vingtaine de phrases, ce qui n’était, somme toute, pas mal du tout pour une lettre qu’il lui semblait avoir écrit des dizaines de fois déjà. Comme quoi, savoir tourner autour du pot, ça pouvait être très utile...

Le jeune Adams quitta ensuite la Salle Commune de sa maison et prit la direction de la Volière, située à l’autre bout du château. Évidemment. Salazar Serpentard avait décidé d’installer ses protégés le plus loin possible de tout lieu susceptible de contenir d’autres élèves... Quoi d’étonnant à ce que les Serpentards soient asocial ? Tant qu’à monter une quinzaine d’escaliers aux destinations aléatoires, aussi bien rester avec les gens coincés au même endroit que soi ! Dis comme ça, ça aurait peut-être pu passer pour un discours de paresseux, en y réfléchissant...

Bref, l’ascension pour se rendre à la Volière fut longue pour Mathias qui parvint néanmoins à bon port après s’être perdu à deux ou trois reprises. Pas fameux pour un Préfet-en-Chef... mais bon ! Ce n’était pas comme s’il avait été vu en train d’essayer de se repérer ou si, encore pire, il avait dû demander son chemin ! Non, le Serpentard avait finalement réussit à atteindre son but seul tout en gardant sa fierté intacte.

Arrivé au sein du lieu le plus malpropre de Poudlard, le jeune Adams dû resserrer sa cape pour se protéger du froid ambiant. Heureusement, le temps froid étouffait quelque peu les odeurs de fientes de hiboux et des restes de repas des volatiles. Un désavantage pour un avantage...

Levant les yeux vers les boules de plumes à moitié endormies, Mathias essaya alors de repérer la pire créature que la nature ait un jour créée : Simone ! Tout comme à peu près tous les hiboux qu’il avait croisé dans sa vie jusqu’ici, l’adolescent détestait cette chouette Effraie qui, soit dit en passant, le lui rendait bien. Pas étonnant, elle détestait tout le monde ! Ce n’était qu’une sale hypocrite que seule Émeline Adams savait faire obéir ; Merlin sait comment ! Et, bien évidemment, puisque la matriarche Adams n’avait rien à reprocher à l’animal, elle ne cessait d’en vanter les qualités. Préférant Simone à Archibald, c’était de ce fait la chouette qu’Émeline envoyait dès qu’elle le pouvait...

Repérant enfin l’hideuse bestiole, le Préfet-en-Chef de Serpentard l’interpella afin qu’elle daigne aller porter sa lettre... Simone ne broncha pas. Mathias essaya une seconde fois, enjolivent sa requête d’une demi-douzaine d’insultes... Simone bougea, le temps de lui tourner le dos. Il allait la tuer ! Foutu oiseau de malheur...

( Ouvert à n'importe qui )

Le réveil du matin avait été difficile, et ce n'est qu'après avoir baillé une bonne vingtaine de fois qu'elle avait réussi, laborieusement, à émerger et finalement à se lever.
Pour se rendre compte que le terme de "matin était un peu présomptueux : dit-on encore 'matin' à midi?
Bref, à demie endormie malgré l'heure tardive, elle avait eue la joie de découvrir le temps magnifique qui lui donnerait l'occasion de ne pas encore savoir quoi faire de sa journée.
Elle avait plus ou moins stagné dans le dortoir pendant quelques heures, puis, sa recherche désespérée d'une occupation ayant aboutie elle sorit de la salle commune de Serpentard pour se diriger vers la volière.

Bien que n'ayant personne à qui écrire, elle avait pensé qu'une visite dans cette endroit rempli de créatures fétides serait bénéfique.
Et pour cause : sa propre créature fétide risquait de périr d'ennui si elle ne recevait pas une petite visite de temps à autres.
En montant les marches, nombreuses, elle se demanda quel était le malade qui avait eu la stupide idée de mettre la volière tout en haut d'une tour. Comme si ce n'était pas déjà assez fatiquant d'écrire une lettre, il fallait en plus monter de nombreuses volées de marches pour pouvoir l'envoyer et s'en débarrasser enfin...

En poussant la porte elle entendit s'élever une voix masculine en termes peu affectueux envers une certaine Simone.
En entrant elle se vit confirmer le fait que Simone était une chouette.
Elle se dirigea jusqu'à l'endroit où elle avait repéré Lon. Qui semblait en effet s'ennuyer ferme, presque autant qu'elle.
Elle l'appela. Il n'était pas devenu sourd, c'était déjà ça, puisqu'il vint se poser sur le rebord de la fenêtre devant laquelle elle se trouvant, lui lançant un regard aussi féroce et plein de reproches que le lui permettaient ses yeux endormis.
Avec aussi peu de dégoût que le permettait l'état peu engageant du hibou, ele passa une main distraite et peu affectueuse dans ses plumes.
Il semblait que le ressentiment de l'animal à son égard diminuait sensiblement à mesure qu'elle ebouriffait ses plumes.
Puis elle s'arrêta et regarda le garçon aux prises avec sa chouette.
Comprenant qu'il n'y aurait pa de courrier à emporter, Lon poussa un hululement mécontent, mais ne bougea pas de sa fenêtre.
Exaspérée elle se tourna vers lui et murmura :

-Mais, animal idiot, du courrier, il n'y en aura plus jamais, tu peux comprendre ça?

Mais les yeux du hibou restèrent innexpressif, et elle se détourna. Elle avait toujours su que cette bestiole ne comprenait pas un mot de tut ce qu'elle pouvait raconter, aussi patiente qu'elle puisse être.

Au moins lui était-il venu aussitôt appelé. Il semblait que 'Simone' soit plus rebelle.
Le garçon était à Serpentard, elle le remarqua après examen attentif. Préfet en chef également.
Elle avait bien du le croiser de loin une ou deux fois, mais il ne lui semblait l'avoir approché à plus de 10 mètres précédemment.
D'ailleurs, se retrouver à proximité d'un Serpentard ne lui disait rien qui vaille, autant qu'elle pouvait tirer de leçon de ses précédentes expériences avec ses camarades de maison.
Elle fut tirée de ses réflexions par une violente douleur à la main. Par reflexe, elle frappa ce qui se trouvait à proximité, à savoir Lon.
Il le méritait bien, ne venait-il pas de la mordre?
Il était déboussolé, et manqua tomber ; et dans un élan de bonté elle le ratrappa.

-Cruche...

( Les deux personnes qui voulaient un topic avec moi dans le même topic... Vive la simplicité . )

Mathias, occupé à foudroyer du regard la chouette Effraie de sa mère en lui promettant mille et une tortures, fut détourné de ses pensées haineuses envers le misérable volatile par l’entrée dans la pièce d’une nouvelle personne. Tiens, une Serpentard avait eu la même idée que lui... Sans accorder d’attention à son camarade de Maison, elle alla s’asseoir à une fenêtre, ne semblant pas se soucier de la pluie qui aurait probablement tôt fait de tremper son dos.

La fixant sans se gêner le moins du monde, le jeune Adams la jaugea du regard, ne l’ayant jamais croisé jusqu’ici. Les cheveux d’une couleur tirant sur le grisâtre, plutôt petite et l’air pas franchement sympathique... Première année ? Deuxième peut-être ? Pas une troisième année en tout cas, il l'aurait déjà vu en cours... et si elle était plus vieille que ça, elle ne faisait pas son âge. Un instant, la jeune fille redressa la tête et croisa le regard de Mathias, mais son allure renfrogné n’incitant pas à aller vers elle, le Préfet-en-Chef fini par briser le contact visuel sans se soucier de la politesse. Elle n’était pas digne d’intérêt...

Il ne reposa toutefois pas les yeux sur cette entêtée de Simone. Se ridiculiser en montrant qu’un stupide oiseau arrivait à le mettre hors de lui ? Pas question ! Sa fierté le poussa plutôt à s’approcher des hiboux de l’école. Et si sa mère cherchait à savoir pourquoi son fils ne lui renvoyait pas sa chouette, ce n’était pas son problème. Peut-être qu’il réessayerait une autre fois... lorsqu’il serait seul, évidemment.

Tournant un instant le dos à la jeune inconnue ( Bien que de tourner le dos à un(e) Serpentard n’était pas ce qu’il y avait de plus prudent comme attitude... ), Mathias tendit sa lettre à un Moyen-Duc qui, bien dressé, l’attrapa dans son bec et s’envola sans montrer le moindre signe de frustration malgré qu’on le forçait à porter du courrier par un temps pareil. Voilà le genre d’oiseau qu’il lui aurait fallu ! Gaël Adams en avait bien quelques-uns de ce genre, mais il les réservait à son entreprise... Enfin, avec le talent que le jeune Adams montrait avec les animaux, probablement que c’était peine perdu de toute façon...

La Serpentard entrée précédemment s’exclama alors et le Préfet-en-Chef se tourna vers elle, sourcils froncés, en se demandant si elle s’adressait à lui. Enfin... ‘Cruche’ était quand même une parole un peu étrange pour démarrer une discussion... Même en faisant passer cela pour une insulte, envers un garçon, c’était bizarre.

Mathias remarqua alors qu’une nouvelle personne s’était jointe à eux. L’ayant entra-perçue dans sa Salle Commune ( Comment oublié une fille vêtue de blanc et de rose dans une salle remplie essentiellement de noir de vert ? ), l’adolescent s’étonna. Encore une Serpentard ? Étonnant pour un lieu aussi éloigné de leur Salle Commune... Avaient-ils tous délaissés leurs études pour soudainement se rappeler d’une lettre à écrire ? Enfin, la première entrée semblait n’être là que pour tenir compagnie à sa bestiole à plumes... Une vraie attitude de Poufsouffle ! Quel intérêt y avait-il à s’attacher à un animal ? Surtout une bête aussi dénué de cervelle qu’un oiseau... Un demi-sourire au coin des lèvres, Mathias redressa la tête un instant vers Simone, songeant que c’était tout à fait elle.

La nouvelle arrivée s’avança alors dans la pièce en s’excusant et s’approcha du hibou qui devait être le sien... et qui était vraisemblablement très heureux de la voir. Pourquoi tout le monde semblait savoir contrôler ces créatures ? C’était frustrant à la fin... Enfin, entre être boudé par une chouette ou la voir se jeter sur soi, le jeune Adams préférait plutôt être ignoré. Ce devait être le cas de la nouvelle également. Au vu de son attitude maniérée, elle devait être de celles qui ne peuvent se séparer de leur trousse de maquillage et qui s’arrêtent devant chaque miroir sur leur chemin. Quelle horreur ce devait être que de voir sa coiffure défaite par les battements d’ailes joyeux d’un hibou ! Probablement qu’elle aurait bien voulu d’une Simone froide et digne...

Après avoir confié sa lettre à sa stupide bestiole en lui ordonnant d’être rapide, la dernière Serpentard arrivée refit face aux deux Serpentards déjà présents dans la pièce, les détaillant du regard. Quoi de plus étonnant de la part d’une fille superficielle ? Enfin, Mathias fit de même, en silence...

Dans les grandes familles, on apprenait implicitement aux enfants à juger d’abord les gens sur leur apparence et à ensuite décider s’ils étaient dignes ou non d’attention. Rien d’étonnant à ce que pas mal tous les Serpentards se jugent de loin sans qu’aucunes paroles ne soient échangées... Ce n’était pas impoli, c’était ‘normal’. On reflète l’image de ce que l’on est... et cette fille avait l’air d’une gamine dangereuse.

À Serpentard, chez les filles, plus on est jolie, et plus il faut que les autres se méfies... Kalinah était l’exemple même de ce fait. Ironiquement, les filles dangereuses étaient également les plus influentes, l’hypocrisie régnant en maître chez les élèves de Salazar Serpentard comme chez leurs parents. Cette fille était digne d’intérêt parce qu’elle était hypocrite et donc forcément issue d’une famille importante. L’autre, celle qui aimait son hibou, ne l’était pas parce qu’elle se montrait telle qu’elle était... C’était aussi simple que cela. Enfin, tant qu’on laissait des sentiments tel que ‘Je veux une vraie amie !’ de côté... Ça, c’était une autre paire de manches... Les relations entres Serpentards étaient complexes. Rien de plus normal quand on rassemble une bande d’ambitieux et qu’on les laisse fraterniser ! Forcément, ils cherchent tous à profiter de leur voisin pour leur propre avantage...

"Mathias Adams, troisième année et Préfet-en-Chef." , se présenta finalement l’adolescent, avec un demi-sourire hypocrite ( Il va de soit ! ) à l’adresse de la dernière arrivée.

Le troisième année jeta également un regard à la jeune femme assise à une fenêtre, mais ne la salua pas davantage. À quoi bon ? De toute façon, il ne le faisait que pour la forme... et parce qu’il n’avait rien de mieux à faire que de ‘fraterniser’... Tiens, il pourrait peut-être aller ‘effectuer sa ronde de Préfet’ ? Avec de la chance, il croiserait Olyssa... Ah non, c’est vrai, ils ne se parlaient plus... Norbert ? Tiens, où était-il d’ailleurs celui-là ? Peut-être avec Lucas et Jessica...

Se sentant passablement ennervee, consequence immediate du manque d'attention que l'on daignait lui pretter.
Bien sur, elle ne pouvait pas pretendre ne pas y etre habituee, mais le fait que ce soit une habitude ne changeait rien a l'effet de la chose. En plus, il semblait que le fille ne se contentait pas de l'ignorer. Peut-etre la meprisait-elle aussi.
Ca pouvait ressembler a une bonne nouvelle, puisque la seule chose a part l'indignation qu'elle ressentait a propos de cette fille etait un degout profond, qui se reflettait explicitement dans le regard qu'elle lui lanca, et le ton qu'elle adopta pour lancer :

-Salut, Kanha Yume, troisieme annee, je fais de la figuration.

Elle se leva de son appui de fenetre. Ca ne servait a rien mais elle preferait. Cette cretine lui repondrait-elle ou non? Et le prefet en chef? A tous les coups il continuerait a l'ignorer superbement. Sauf s'ils avaient recu une education quelquonque.
La fille devait etre arrogante, tres arrogante. Peut-on etre arrogante et polie a la fois?
Elle n'avait pas d'opinion sur le garcon. Il semblait terne au premier abord. Mais il ne l'etait peut-etre pas vraiment. Peut-etre que ca le barbait simplement d'etre la. Elle ca la barbait juste d'etre en vie, encore. Une vie ou il ne se passait rien du tout, jamais.
Elle se rendit compte qu'elle avait totalement oublie l'existence de son hibou. Elle regarda autour d'elle distraitement et avec lassitude; il etait remonte sur sa poutre. Qu'est-ce qu'elle allait en faire maintenant qu'il avait encore moins d'utilite qu'avant? Le balancer par une fenetre, pour qu'il s'ecrase ou s'en aille et ne revienne jamais?
Elle realisa soudain ce que signifiait etre orpheline : elle allait soit devoir se retrouver chez un parent eloigne moisi et saoulant, ou bien dans un orphelinat dote des memes qualites. Merde.
Mais ca n'avait rien a voir. Elle reposa son regard sur ses deux "colocataires" de la voliere.
Comment s'empecher de penser a autre chose quand on ne vous parle pas, voire qu'on vous ignore ostensiblement?
Elle esperait qu'elle ne partirait pas encore en claquant la porte. C'est pas tres chouette comme sortie, et on s'en lasse.