Devant le Portrait de la Grosse Dame

Appuyé contre l’encadrement de l’une des nombreuses fenêtre du second étage du château de Poudlard, Mathias, nouvellement en quatrième année, regardait avec ennuie la pluie tomber à l’extérieur, songeant pour au moins la trentième fois de la journée qu’il fallait être un imbécile fini pour choisir un samedi comme premier jour de l’année scolaire. Enfin, la rentrée avait eu lieu le soir, ce qui était quand même moins ridicule que si ça avait été le matin...

D’ailleurs, Mathias ne gardait pas trop de souvenir de cette rentrée qui s’était effectuée la veille... Arrivé d’Italie pendant la nuit du vendredi au samedi, il avait cru pouvoir dormir quelques heures pendant le trajet en Poudlard Express, mais c’était sans compter qu’on le harcèlerait pour qu’il effectue son rôle de Préfet-en-Chef. Le Serpentard ne s’était donc pas éternisé après la répartition des premières années pour aller se coucher, saluant rapidement Lucas et Jessica et n’ayant même pas aperçu Norbert (ce qui ne l’avait, toutefois, pas dérangé outre mesure).

Et puis était venu le lendemain... un dimanche et donc un jour de congé où il n’y avait strictement rien à faire. Mathias avait bien évidemment fait la grâce matinée, mais il ne pouvait pas non plus dormir toute la journée... Il s’était donc levé et, depuis, errait dans le château en faisant semblant d’être très occupé. Activité plus qu’emmerdante, considérant que la seule chose qu’il avait de prévu était une réunion de Préfets en fin d’après-midi et qu’il était à peine treize heure...

Les années précédentes, Mathias avait passé ce genre de journée avec Norbert, son meilleur ami. Toutefois, les deux adolescents, après s’être quittés sur une engueulade monstre, ne s’étaient plus adressés la parole de tout l’été. Le jeune Adams n’avait toujours pas l’intention de pardonner à l’autre Serpentard de l’avoir poignardé dans le dos, même si cela signifiait qu’il s’auto condamnait à des week-ends de solitude. Bien sûr, il pouvait toujours passer du temps avec Lucas et Jessica, mais ce n’était pas la même chose... Lucas était plus du genre solitaire (Il était de très bonne compagnie, certes, mais il avait besoin de son espace...) et Jessica (que Mathias connaissait tout de même depuis moins longtemps que ses deux autres amis), pour l’heure, demeurait introuvable... Peut-être était-elle avec Norbert. Leur groupe de quatre n’était plus vraiment soudé depuis que deux de ses membres ne se parlaient plus...

S’étirant, Mathias détourna son regard du temps pluvieux et repris sa marche sans but dans le dédale de corridors qui serpentaient devant lui, cherchant une manière d’occuper son dimanche en attendant la réunion. Jamais avant ça il n’aurait cru possible d’avoir autant envie de travailler... Et puis, soudain, sans prévenir, quelqu’un le retient par la manche. Surpris, le Préfet-en-Chef se retourna pour faire face à trois premières années de Gryffondor. Deux garçons et une fille.

« Excuse-nous... On arrive pas à retrouver notre Salle Commune... » , fit celui qui l’avait retenu par la manche et qui semblait avoir été délégué comme porte-parole par les deux autres.

"Et ? J’ai l’air d’un guide touristique ?" , répondit le jeune Adams en haussant un sourcil. Non mais ! Même pas moyen de s’emmerder tranquillement...

« Ben... euh... » , balbutia le porte-parole, visiblement intimidé.

« Tu es Préfet-en-Chef... » , fit, d’une toute petite voix, la seule fille du groupe.

Mathias lui jeta un regard perçant, pesant le pour et le contre. Continuer à ne rien faire ou reconduire les Griffons perdus au nid et ensuite retourner ne rien faire ? Bof... Au moins la deuxième option lui donnait un but, l’espace de quelques minutes...

Roulant des yeux pour bien montré qu’il ne le faisait pas de bon coeur, Mathias fit signe aux trois premières années de le suivre. L’emplacement des entrées des Salles Communes des autres Maisons était ce qu’on pouvait considérer comme un secret de polichinelle... Officiellement, on ne connaissait que l’endroit de sa propre Salle Commune, mais officieusement, tous les deuxièmes années et plus savaient où trouver celles des autres... d’autant plus quand on était Préfet ! Ainsi, bien que le jeune Adams n’ait jamais cherché à entrer chez les Gryffondors, il savait où se trouvait le portrait cachant l’entrée de leur tour.

Le trajet fut relativement de courte durée. Le quatrième année prit évidemment le soin d’effectuer quelques détours, s’amusant à mêler davantage les trois gamins qui le suivaient, mais il n’allait pas non plus passé une demi heure en leur compagnie... Des plans pour qu’on lui bâtisse une réputation de bon samaritain ! Il va sans dire que, dans cet optique, Mathias ne parla pas une seule fois de tout le chemin. Si ces trois pré-adolescents avaient voulu d’un guide sympathique, ils auraient eu plus de chances avec Olyssa Nymphalis...

Olyssa ! Elle était là la solution à son ennui ! N’ayant pas parlé à son homologue féminin depuis plusieurs mois, le Serpentard n’avait pas songé à elle en premier lieu comme d’une amie. À chaque fois que son nom lui venait en tête, il l’effaçait, se rappelant qu’il la boudait... ou qu’elle le boudait... c’était difficile à définir, vu le nombre de fois où ils se quittaient dans la colère... En plus, Norbert avait occupé ses pensées la plupart du temps... Bref, après tant de temps, elle devait bien avoir passé l’éponge, non ? Mathias, lui, l’avait passé en tout cas ( Évidemment, le fait qu’il ne se souvienne pas de pourquoi il en voulait à la Gryffondor aidait un peu... ) ! Peut-être pouvait-il tenter d’aller la voir ?

Avant que les trois petits nouveaux qu’il venait de reconduire ne passent le seuil du Portrait de la Grosse Dame, Mathias les interpella.

"Hey ! En échange, allez me chercher Olyssa Nymphalis, la Préfète-en-Chef !"

« On a l’air de pigeons voyageurs ? » , répondit effrontément le garçon non-porte-parole, juste avant de rapidement s’engouffrer dans sa Salle Commune.

Ses deux amis ne se firent pas prier pour l’imiter avant que Mathias ne les attrape pour en faire de la nourriture pour Crup. Heureusement pour eux, le Portrait barra la route au jeune Adams lorsqu’il voulu leur emboîter le pas. Certes, il était Préfet-en-Chef, mais sans une permission spéciale, il n’y avait pas de bonne raison pour qu’un Serpentard, tout Préfet qu’il soit, accède à la Salle Commune des Gryffondors. Mathias se retrouva donc, rageant, seul dans le corridor devant le visage sévère de la Grosse Dame.

Il avait été berné par trois mômes de onze ans ! Ça, c’était vraiment un sacré coup à son orgueil...

Pestant contre les Gryffondors, le Préfet-en-Chef tourna les talons pour partir de ce lieu maudit, bousculant au passage deux autres Gryffondors, un peu plus vieux cette fois. L’un des deux, un grand blond à l’oeil vif, offusqué, lui attrapa cependant le bras pour l’empêcher de partir.

« T’as besoin d’aide ? Tu t’es perdu ? » , fit-il d’un ton gentil, mais mêlé de suspicion.

"Lâche-moi tout de suite espèce de..."

« Hey ! Je t’ai seulement proposé mon aide ! Déjà que tu pourrais t’excuser de m’être rentré dedans... » , le coupa le blondinet avec fermeté.

Mathias ne se laissa pourtant pas apaisé. Son orgueil piétiné et lui, brûlants de rage, plutôt que de répondre, préférèrent sortir leur baguette. Le Gryffondor en fit de même alors que son ami, un binoclard maigrichon, criait à la bataille... ce qui attira évidemment les curieux. Il ne fallu pas longtemps pour que le tableau de la Grosse Dame bascule, cédant la place à des Gryffondors de tous les âges. Parmi cette marée d’or et de rouge, il ne fallait pas longtemps pour trouver qui était l’intrus... intrus mal barré par ailleurs si l’on en croyait le dicton ‘L’union fait la force !’...

Un rayon de soleil traversa le rideau pourpre, se posant avec douceur sur une joue brunie par l’été. La respiration calme et régulière, les paupières closes, sa longue chevelure étalée sur son oreiller, Olyssa Nymfalis avait tout d’un ange à cette heure matinale…
Enfin, plus pour longtemps : les traits de l’adolescente se froncèrent, avant qu’un œil vitreux apparaisse, ses cils battant frénétiquement pour le ménager du soleil. La jeune fille s’étira voluptueusement et esquissa un sourire en voyant ses camarades encore endormies : il était bon de retrouver Poudlard.

Et les heures du légendaire dimanche anglais, qui se voulait bien sûr pluvieux, s’enchaînèrent…Oui, le faible rayon de soleil qui avait réveillé la Préfète-en-Chef des Gryffondors était ce qu’on appelle un ‘faux-espoir ‘ : le temps était immonde pour un début de Septembre, ce qui contrastait bien avec l’atmosphère ensoleillée des vacances d’Olyssa, dans le Sud de la France.
Pourtant, son humeur n’en fut pas amochée : En bonne anglo-saxonne qu’elle était, son pays lui avait manqué. Mais ce qui par-dessus tout lui avait manqué, c’était bien sa meilleure amie, Kalinah Horuni, qu’elle n’avait pas vue depuis deux mois.
Bon, elle l’avait vue la veille dans le Poudlard Express, ainsi qu’avant la Cérémonie de Répartition, mais elles n’avaient pas eu vraiment le temps de se parler…Voilà ce qui résulte d’une Préfète-en-Chef le jour de la rentrée, et d’une amie ne partageant pas la même maison : Vive les contraintes…

Oly ne perdit donc pas sa précieuse matinée dans la Salle Commune des Gryffondors, et la passa en compagnie de Kalinah à bavarder, dans la bibliothèque, faute d’un temps adéquate pour aller dans le parc. Seulement, vint bien sûr le moment où elles se mirent à rire si fort qu’elles se firent éjecter des étagères par Miss Preston, la bibliothécaire (Oly essaya bien de mettre son titre de Préfète-en-Chef en action, mais Preston ne parut pas trouver cette excuse à son goût et l’expulsa à coups d’encyclopédie...)… Elles se rendirent finalement à la Grande Salle pour déjeuner, où Olyssa fit une place à Kali à la table des Gryffondors, sous le regard mécontent de ces derniers…Bahh, au moins la laissaient-ils faire, alors qu’il était impensable qu’Oly, elle, vienne s’asseoir à la table des Serpentards.

C’est l’humeur satisfaite qu’Oly remonta seule après le déjeuner, vers la tour des Gryffondors, Kali devant envoyer un hibou à son père.
La jeune sorcière de quatrième année n’était pas arrivée dans le couloir de la Grosse Dame qu’elle y entendit des cris et un piétinement pas vraiment banal *pourquoi faut-il toujours qu’ils commencent le premier jour ?* s’exaspéra-t-elle intérieurement, pressentant déjà qu’elle devrait intervenir.
Son pressentiment fut confirmé lorsqu’elle tourna à l’angle du couloir : Une foule de Gryffondors faisaient face à la Salle Commune, à croire qu’ils s’étaient tous donnés rendez-vous ici…M’enfin, c’était un rendez-vous bien spécial : au centre de l’attention, baguettes en main, un Gryffondor de septième année se tenait fasse à…Mathias Adams…

Oui, Mathias Adams avait beau tourner le dos à la jeune sorcière, elle avait si souvent pensé à lui pendant un an qu’elle aurait pu le reconnaître n’importe où. Pourtant, elle ne sentit pas son cœur s’affoler comme à chacune de leurs rencontres animées l’année précédente - ce qui soit dit-en passant, l’arrangeait bien - L’adolescente au regard pers ne se fit pas attendre, comme à son habitude…Deux options se seraient présentées à elle en temps normal : ou enfoncer Mathias et le laisser se débrouiller face à un élève de deux ans son aîné, et pas bête pour un sous ; ou le tirer de cette situation…

La jeune Nymfalis se fraya un passage jusqu’au premier rang du duel, jouant des coudes assez méchamment :

« Dis-moi Walters, tu crois vraiment qu’il est nécessaire de te faire remarquer dès le premier jour ? », s’exclama-t-elle à l’adresse du Gryffondor, se souvenant à l’instant de son nom.
Interceptant le regard déterminé de Daniel Walters, Oly rajouta, optant pour la subtilité: « Puis pour un Serpentard en plus, ça vaut pas l’coup…un Préfet-en-Chef… »
Walters finit par baisser lentement sa baguette, assez raisonnable pour comprendre que ça lui vaudrait plus d’ennuis que de satisfaction. Il jeta un dernier regard noir à Mathias, signifiant sûrement 'tu perds rien pour attendre', avant de tourner les talons vers la Salle Commune. Les spectateurs, quant à eux, déçus de la tournure des évènements, se retirèrent à leur tour. Un Serpentard mis hors-jeu sous leurs yeux n’était jamais refusé, et Oly remarqua bien qu'ils lui en voulaient d'avoir intervenu. M'enfin...ça leurs passerait.

Oly se retrouva donc rapidement seule en face de Mathias, bien plus imposant par sa taille que lors de leur dernière conversation. Elle le scruta de la tête aux pieds, à son propre étonnement, sans aucune gêne. Il était pourtant plus attirant que jamais. A croire que ces deux mois de vacances avaient fait des miracles sur son propre contrôle. La jeune fille n’avait même aucune envie de le provoquer, rien de malsain à lui balancer. Elle commença donc sur un ton engageant à la conversation… :

« T’as de la chance, Walters est pas trop rancunier de ce que je sais…M’enfin, t’aurais dû éviter de te pointer chez les Gryffondors, c’est pas conseillé…Sinon…T’as passé de bonnes vacances ? » ajouta-t-elle avec un sourire. Mieux valait enterrer définitivement la hache de guerre…à espérer que Mathias soit du même avis.

L’étroit corridor menant au mur orné du Portrait de la Grosse Dame s’était rapidement rempli de Gryffondors qui formaient à présent un simulacre de cercle autour de Mathias et de son opposant. Le jeune Adams devina, d’après les bouts de conversations qui lui parvenaient, que certains des ‘spectateurs’ avaient reconnu leur Préfet-en-Chef. Si, toutefois, ils étaient surpris de retrouver le Préfet-en-Chef de l’école sur le point de se battre, c’était surtout le fait qu’un Serpentard se soit approché aussi près des quartiers des Gryffondors qui étonnait.

L’adversaire de Mathias, un dénommé Walters d’après les encouragements que certains de ses camarades de Maison lui lançaient, ne semblait pas décidé à attaquer le premier. Il se contentait de fixer avec hargne le Serpentard qui, de son côté, ne se gênait pas pour lui renvoyé un regard tout aussi venimeux. En fait, Mathias avait sorti sa baguette magique par réflexe, mais, maintenant, il hésitait à s’en servir. Son ‘ennemi’ avait sa taille, sa carrure... il était cependant difficile de deviner son année d’étude. Mathias n’était pas suicidaire au point de se battre comme un possible septième année alors qu’il n’avait qu’un niveau de quatrième... et que son opposant ne semblait pas être un abruti.

La tension qui régnait entre les deux adolescents fut, heureusement, rapidement rompue par une exclamation de voix assez forte pour se faire entendre malgré le chahut. La personne que Mathias était justement venue voir venait d’arriver...

L’air sûre d’elle et pas gênée pour deux noises, Olyssa fit habillement remarquer à ‘Walters’ qu’il s’apprêtait à se battre contre le Préfet-en-Chef de l’école. Cette idée sembla refroidir les ardeurs du Gryffondor qui fini par abaisser sa baguette. Après un dernier regard d’avertissement pour Mathias, il tourna ensuite les talons et pénétra dans la Salle Commune de sa Maison. Les curieux qui étaient sortis l’imitèrent peu après, le ‘spectacle’ ayant avorté. Bon nombre paraissaient déçu, comme si de voir deux garçons se taper dessus était le seul divertissement qu’il leur était donné de voir.

Mathias, sur ses gardes, garda sa baguette en main jusqu’à ce que le dernier des Rouge et Or eut franchi le Portrait de la Grosse Dame et qu’il ne reste plus qu’Olyssa et lui dans le couloir. À ce moment seulement, le quatrième année consentit-il à ranger son arme et à lever les yeux sur... sa sauveteuse. ( D’abord il se faisait avoir par trois gamins pré-pubères et maintenant il se faisait sauver par une fille... Dimanche de merde, vraiment. )

L’été semblait avoir très bien profité à la jeune Nymphalis qui arborait maintenant un joli teint hâlé, contrastant avec ses cheveux dorés comme le Soleil et faisant ressortir la magnifique couleur cyan de ses yeux. Un certain inconfort saisit le Serpentard lorsqu’il plongea son regard dans celui couleur des tropiques de son homologue féminin et il préféra détourner la tête, en faisant mine de vérifier qu’il n’y avait plus de Gryffondor (mis à part Olyssa) dans le coin, le temps de se ressaisir.

"Oh, mais je franchirais mille obstacles ne serait-ce que pour t’apercevoir !" , répondit Mathias, souriant et chevaleresque, au conseil de son interlocutrice.

"Plus sérieusement, je venais te voir, mais je ne croyais pas que tu avais des gardes-du-corps..." , clarifia le Serpentard, ne jugeant pas utile de préciser que trois premières années s’étaient montrés plus malins que lui, ce qui l’avait conduit à se brouiller avec un quatrième Gryffondor. Son orgueil allait déjà assez mal comme ça sans qu’en plus Olyssa ne se moque de lui. "Tu viens ?"

Peu désireux de rester aussi près du repaire des lions plus longtemps que nécessaire, Mathias n’attendit pas une réponse claire d’Olyssa avant de se remettre en route dans une direction au hasard. Il vérifia cependant que l’adolescente lui emboîtait le pas, évidemment.

S’il avait passé de bonne vacances ? Le jeune Adams voyait difficilement comment il aurait pu s’ennuyer davantage... Lucas et Jessica étant restés en Angleterre, il leur avait écrit, mais ne les avait pas vu de tout l’été. Il avait royalement ignoré Norbert, son père avait profité de ses deux mois près du QG de son entreprise pour y bosser comme un forcené et sa mère -sa chère mère-, avait trouvé un nouvelle façon d’arrêter de s’inquiéter pour la maladie de son mari. Émeline Adams s’était, en effet, mise en tête de rattraper les longs mois pendant lesquels elle n’avait pas pu voir son fils. Ainsi, Mathias, coupé de tout le monde sauf sa mère, avait eu l’immense joie de profiter pleinement de la présence de cette dernière...

"Disons que j’ai pas fait grand chose..." , répondit vaguement le quatrième année en haussant les épaules. "Et toi ?"

Olyssa avait toujours paru sûre d’elle, voir parfois même trop, ce qui lui valut beaucoup de remarques dans sa vie, telles que l’adjectif insultant (chez une Gryffondor bien sûr, un Serpentard prendrait ça comme un compliment) d'arrogante. A vrai dire, tout ce qu’elle voulait c’était ne pas divulguer ses sentiments. Sa fierté, c’était son but depuis toujours avec exagération, ne jamais se trahir. Pourtant, ses apparences inébranlables, la jeune fille avait parfois eu beaucoup de mal à les maintenir…
Et ses treize ans furent l’année où sa dignité eu à subir les plus rudes épreuves : pour la première fois, une personne lui faisait perdre tous ses moyens et parvenait à la ridiculiser.
De là lui vint une véritable aptitude pour se renfermer sur elle-même et multiplier activement les bourdes.

Donc, lorsque Mathias ne parvint pas à soutenir son regard et détourna celui-ci pour scruter le couloir, cela ne passa pas inaperçu chez la jeune sorcière, adepte de cette même technique.
Mathias n’avait jamais cillé en la regardant, et le voilà qui faisait mine de s’inquiéter pour sa sécurité dans la tour de la maison rouge et or.
Bon, ce n’était qu’un détail, et Oly ne s’attarda pas dessus, bien que ce détail l’ait définitivement mise à l’aise dans ce face à face avec le garçon qu’elle avait cherché à éviter pendant près de six mois, avant les vacances d’été.
Après tout, qui ne sent pas légèrement supérieur lorsque son interlocuteur paraît un court instant plus faible ? Si cela n’avait pas été venant de Mathias, la Préfète-en-Chef n’aurait sûrement jamais remarqué cette indécision de sa part.

D’ailleurs celui-ci se rattrapa rapidement, comme à son habitude, optant pour l'humour et un sourire charmeur, comme seul sait le faire un Italien : Monsieur franchirait mille obstacles pour la voir, d’après ses dires. Oly y croyait peu et leva les yeux au ciel en souriant :
«…Et moi je me roulerais dans la boue pour Zahabeth Salaz, non! »
A la phrase suivante prononcée par Mathias concernant ses 'gardes du corps', la jeune fille prit une vague pose de princesse:
*C’est ça la célébrité…*, pensa-t-elle ironiquement sans toute fois l'énoncer à haute voix.

A la proposition de son homologue de Serpentard, Olyssa emboîta ensuite le pas à ce dernier, s’éloignant dans le couloir sans aucun but. Juste celui de parler, de façon civilisée pour une fois, et pas comme des chats se crachant dessus.
Ces deux mois de vacances avaient fait des merveilles, si ce n’étaient des miracles.
D’ailleurs, à propos de vacances, Mathias ne paraissait pas en être très satisfait. Son haussement d’épaules accompagné d’un vague air grognon voulait tout dire.
Oly aurait sûrement enchaîné par un « ah bon ? » désolé pour connaître les raisons de ce renfrognement, mais elle n’en eut pas le temps : Mathias lui retourna la question.

« Et bien disons que moi c’était pas mal. Je suis allée en France avec ma mère et mes frères. Le seul point négatif est qu’il n’y avait pas Kali avec moi cette fois. », répondit Oly avec une mimique déçue, avant d’enchaîner sur la question qui la taraudait.
Elle n’aimait pas trop l’idée de s'attarder sur ses propres vacances -très bonnes en général- alors que Mathias, de son côté paraissait…très sceptique là-dessus.

« Et ton père il…il va mieux ? » demanda-t-elle avec précaution. Elle se souvenait à présent que dans la lettre lue impunément quelques mois plutôt, ce dernier était décrit par Mrs Adams comme souffrant. Après tout, peut-être était-ce ça qui avait gâché les vacances de Mathias.
Si celui-ci n’avait pas envi d’en parler, et bien il n’aurait qu’à envoyer paître la curiosité d’Oly ; bien qu’elle cherchât surtout par cette question détournée à s’enquérir de l’état du Serpentard lui-même, et non de celui de son père. Il ne fallait pas non plus se montrer trop attentive.
Quant aux sources des informations de la Gryffondor, il n’était plus nécessaire depuis longtemps de le mettre au courant d’où elle les tenait.

En voyant Olyssa rayonner de bonheur, Mathias ne pu retenir un vrai sourire de se peindre sur ses traits, lui qui se faisait pourtant une fierté de toujours garder un self-contrôle empreint de neutralité... Il n’était avec la jeune Nymfalis que depuis une toute petite minute, mais chaque seconde passée lui rappelait à quel point Poudlard lui avait manqué.

Lorsqu’il avait quitté le château, en juin dernier, le Serpentard s’était laissé gagner par le soulagement, apaisé de pouvoir prendre congé de l’atmosphère lourd qui pesait dans les quartiers des Serpents depuis sa querelle avec Norbert. Mais après deux mois coupé de toute vie sociale à l’exception de celle qu’offrait sa famille, le jeune Adams aurait été prêt à tuer pour retrouver un peu d’action. Olyssa était d’agréable compagnie, pétillante de vivacité, drôle... un vrai rayon de Soleil ! Mathias regrettait soudainement de ne pas être venu la voir plus tôt...

Elle était aller en France ? Olyssa parlait français ? Et elle avait des frères ? Évidemment, quand on ne fait que s’engueuler, il est plutôt difficile d’en apprendre beaucoup sur l’existence de l’autre... Mathias était justement en train de le réaliser alors qu’il s’interrogeait brusquement sur la vie que menait Olyssa, hors Poudlard. Où vivait-elle ? Dans un quartier aisé ou parmi une famille au budget plus limité ? Faisait-elle partie d’une grande famille ? Du genre de celles qui hébergent aussi les grands-parents, un oncle, une tante... ou les trois ! Quel âge avaient ses frères ? D’ailleurs, combien en avait-elle ? Et, tiens, que faisaient ses parents comme travail ? Étaient-ils seulement sorciers ? Le jeune Adams, qui n’avait même jamais soupçonné le contraire, avait soudainement un doute. Olyssa ne lui laissa toutefois pas le temps de s’interroger davantage, ramenant l’adolescent sur Terre avait une question qui le fit sursauter.

Son père ??? Mathias, dont le regard n’avait pas quitté les traits fins de sa collègue depuis qu’ils s’étaient mis à marcher côte à côte, fut si étonné par cette interrogation qui sortait un peu de nul part qu’il s’arrêta brusquement. Comble de malchance, une jeune Serdaigle comptait justement le contourner à cet instant... La pauvre fillette (une petite brunette binoclarde avec des nattes) entra donc en collision avec le jeune Adams, réussissant de justesse à ne pas s’étaler les quatre fers en l’air. Elle redressa ses lunettes d’un air offusqué avant de reprendre sa route d’un pas rapide, sans se retourner mais en pestant contre les gens qui se croient seuls au monde.

"Désolé !" , lui lança le Serpentard sans réfléchir. Minute... Depuis quand s’excusait-il ? Arg... Mais on prévient aussi avant de balancer ce genre de question ! Non mais... Olyssa pouvait être fière d’elle. Elle avait vraiment réussi à le déstabiliser...

La situation particulière de Gaël Adams ne devant sous aucun prétexte être ébruitée (pour ne pas nuire à l’entreprise), peu de personnes avaient été mises au courant de son séjour à l’hôpital et celles qui l’avaient été ne connaissaient que très peu de chose des faits. Seuls Émeline Adams et son fils savaient ce qu’il en était réellement. Enfin... et Olyssa ! Quoique... était-elle au courant de toute l’histoire ? Incertain, le Préfet-en-Chef ne savait pas trop ce qu’il pouvait ou non dire... Déjà qu’il avait pratiquement oublier que la jeune Nymfalis était dans le secret ! L’Italien opta donc pour l’humour, comme toujours, faisant comme si l’incident avec la Serdaigle ne s’était pas produit.

"C’est un Adams ! Évidemment qu’il va mieux ! Comment pourrait-il en être autrement ?" , répondit Mathias sur le ton exagéré de l’évidence même.

Encore un peu mal à l’aise, le Préfet-en-Chef vint pour passer une main dans ses cheveux, mais il se retint de justesse. Ah non ! Il n’allait pas développer le même tic nerveux que Norbert (Norbert le traître, n’oublions pas de le préciser...) ! Bref, Mathias enfonça plutôt ses mains dans ses poches en recommençant à marcher, l’air (presque) naturel. Il ne voulait pas se brouiller avec Olyssa... même si, à cet instant, il se sentait particulièrement idiot, ce qui habituellement le mettait en colère assez facilement. Il lui suffisait de changer de sujet...

"C’est injuste... Tu sais pleins de trucs sur moi parce que tu m’as volé mon courrier... Mais moi je ne sais rien ! Que vais-je devoir faire pour connaître la mystérieuse, mais non moins connue Olyssa Nymfalis ?" , poursuivit le Serpentard, toujours sur le ton de la plaisanterie, pour briser le silence qui commençait à s’installer.

"Peut-être devrais-je capturer Horuni et la torturer..." , fit pensivement Mathias en portant une main à son menton dans un geste de réflexion.

Évoquer Kalinah rappela à Mathias un autre sujet, à savoir : Norbert. Il s’efforça toutefois de ne rien laisser paraître et offrit à Olyssa un demi-sourire amusé, attendant qu’elle réponde à sa question qui n’en était pas une...

(-HJ- Je ne suis pas très fière de ce message...Jdois avoir répondu trop vite cette fois-ci )

Existaient-ils des remèdes pour les personnes incapables de garder leur interlocuteur à l’aise ? Voilà ce que se demandait à présent Olyssa Nymfalis. Après tout, il existait tant de potions dans leur monde ! Les sorciers devaient tout de même savoir comment se rendre charismatiques !? Il faudrait qu’elle pense à se renseigner.
Quoique…Un Felix Felicis rendait chanceux quelqu’un durant vingt-quatre heures, dès le moment où il le buvait…Moui, mais les ingrédients de cette potion ne couraient pas les rues, et à renouveler chaque jour…Hum, sans commentaires.
Il n’y avait donc pas de solutions au problème d’Oly, sauf celui de réfléchir posément à chaque mot qu’elle allait prononcer.

La jeune Gryffondor se repentit donc pour au moins la millième fois depuis qu’elle savait parler, d’avoir prononcé quelque chose qui fit limite sursauter Mathias Adams.
« Euh…désolée…je voulais pas…enfin » Grimaça-t-elle en se mordant l’intérieur de la joue.
Mais à peine avait-elle marmonné ça, que le Serpentard, décidément choqué par sa question, rentra dans une Serdaigle à l’air passablement désagréable.
La suite laissa Oly muette…Mathias venait de faire des excuses à la petite peste - qui d’ailleurs continua son chemin en grognant pour elle-même, d’une manière qui lui rappelait étrangement Mr McDown, le vieux directeur de jadis son école moldue.
Pour en revenir aux fameuses excuses du jeune Adams, ça aurait pu paraître tout à fait normal, surtout venant d’une personne fautive… Mais à vrai dire, personne n’était vraiment normal à Poudlard, et Mathias, en tant que bon Serpentard, s’était toujours estimé au dessus de la banalité. Des excuses de sa part c’était…Invraisemblable, voilà le mot ! Ce qui expliquait la surprise de La Préfète-en-Chef.

M’enfin, fallait quand même pas se laisser impressionner pour si peu. Après tout, si Mathias devenait poli, ça ne serait que mieux.
Ce dernier d’ailleurs, paraissait gêné par son attitude trop peu Serpentardesque, et s’exclama d’une façon peu naturelle que, en gros : Comme tout bon Adams, son père allait beaucoup mieux…
Pas très crédible la manière exagérée dont il mettait ça en évidence…Mais bon, du moins le Serpentard avait-il choisi l’humour, plutôt que de remettre son homologue féminin à sa place, et d’engager une nouvelle dispute. Et ça, Oly lui en était intérieurement reconnaissante, et l’exprima en lui adressant un simple sourire, contenant sa curiosité : Oui, de tout évidence, Mathias cachait quelque chose, mais quelle famille n’avait pas ses secrets ?

A la phrase suivante de Mathias, cette fois la sorcière ne se contenta pas d’un sourire, heureuse de la tournure positive des évènements, et étant surtout incapable, il fallait l'avouer, d'être insensible au sourire de l'adolescent:

- C’est injuste... Tu sais pleins de trucs sur moi parce que tu m’as volé mon courrier... Mais moi je ne sais rien ! Que vais-je devoir faire pour connaître la mystérieuse, mais non moins connue Olyssa Nymfalis ? plaisanta Mathias.
- Et bien…La mystérieuse, mais non moins connue Olyssa Nymfalis, te conseillerait simplement de…lui poser les questions qui te viennent à l’esprit. répondit Olyssa d’un faux air pensif, voulant se rattraper pour la lettre - qui lui avait appris que Mathias, enfant unique, était sujet à une mère...hum, très 'attachée', et à un père apparemment pas en très bon état. Et puis, après tout, elle n'avait rien à cacher, ou presque…
- Peut-être devrais-je capturer Horuni et la torturer... poursuivit le Serpentard.
- Ou peut-être devrais-tu essayer d’engager calmement la conversation avec elle…répliqua judicieusement Oly, avec un haussement d'épaules manipulateur qui se voulait innofensif...


Un faible rayon de soleil traversa les épais nuages orageux à l’ouest, et vint éclairer la pierre froide du couloir un instant, avant d’être à nouveau submergé par un nuage. Un éclair déchira le ciel, suivi par un coup de tonnerre lointain qui annonçait à nouveau la pluie…De grosses gouttes vinrent aussitôt s’écraser contre les vitres, dégoulinant jusqu’à ce qu’il soit impossible de distinguer nettement l’extérieur. C’était décidément une rentrée bien anglaise…Et un Mathias bien différent...

Heureusement pour le peu de fierté qu'avait réussi à conserver le Préfet-en-Chef de Poudlard, Olyssa ne dit rien face à la brusque perte de self-control de son homologue masculin. Si elle fut surprise – et elle le fut probablement – par le soudain civisme de Mathias, elle eut la délicatesse de ne pas s’attarder sur le sujet et elle répondit plutôt à la blague du jeune Adams.

Lui poser des questions ? C’était certes la chose la plus logique à faire, mais l’idée de jouer les Aurors était bizarre... Mathias se voyait mal passer un interrogatoire à la Gryffondor. C’était déjà assez étrange pour lui de s’avouer qu’il s’était attaché à une fille dont il ne connaissait même pas les origines. Il y avait d’autres moyens de connaître quelqu’un, non ? Quelque chose de moins... intimidant ?

Olyssa enchaîna avec une proposition absolument impossible à mettre en pratique, mais désopilante à imaginer. Discuter calmement avec Kalinah Horuni ? Il faudrait être fou pour croire que les deux adolescents s’en sortiraient vivants. D’autant plus que Mathias avait une nouvelle raison de détester sa camarade de Maison depuis qu’elle lui avait, pour ainsi dire, volé son meilleur ami.

"C’est un défi intéressant..." , répondit posément le Serpentard, la tête légèrement inclinée sur le côté comme s’il envisageait sérieusement la chose.

"... mais je ne suis pas masochiste au point de vouloir me retrouver volontairement seul dans une pièce avec cette... ton ami." , se reprit Mathias avec un sourire narquois démontrant qu’il ne regrettait pas tant que ça le terme qu’il avait faillit employer pour qualifier Kalinah.

Un roulement de tonnerre se fit entendre, précédent le vacarme de litres d’eau qui vinrent s’abattrent sur Poudlard. Le regard de Mathias se perdit un instant dans l'observation du déluge qui faisait maintenant rage au-delà des murs du château, le climat lui rappellant la première fois qu'il avait rencontré Olyssa. Son moral était, ce jour là, tout aussi bas et la température tout aussi 'clémente'. Ça s'était cependant bien terminé, au chaud dans la Salle sur Demande...

Compte tenu de l’isolement plutôt rustique des vieux châteaux britanniques, une vague de froid accompagnant le charmant climat de ce début septembre ne tarda pas à venir frôler les deux adolescents, sortant par le fait même le jeune Adams de ses pensées plus ou moins joyeuses.

Peu désireux de rester dans un couloir percé de nombreuses fenêtres, Mathias, repensant à la Salle sur Demande, changea de direction, empruntant un corridor qui s’enfonçait dans le coeur de Poudlard, au chaud. Il était presque sûr de pouvoir retrouver le chemin de cette pièce mystérieuse. Et s'il y amenait Olyssa ?

"Il faudra d’ailleurs que tu m’expliques comment vous êtes devenues si proches. Elle qui ne cesse de critiquer les Gryffondors... et elle ne cherche pas à t’arracher la tête ?" , poursuivit le jeune Adams, comme si son écart d'attention ne s'était jamais manifestée, tout en réfléchissant au chemin à emprunter pour arriver à bon port.

[ÉDIT du 23/02/07 -> Quelques mois plus tard... J'ai essayé d'arranger un peu mon message que je trouvais décidément vraiment trop moche...]

[- HJ - Je ne sais pas si on peut considérer ça comme l'annonce d'un retour, mais j'ai eu envie de répondre.
Bon, avec le manque d'entraînement, je dois avouer que j'ai pas mal galéré, mais j'espère que ça passera. ]




A l’idée désopilante d’Olyssa concernant une conversation Horuni-Adams sans animosité ni violence, comme on pouvait s’y attendre, Mathias sourit à la manière de quelqu’un qui ne peut pas – et ne veut surtout pas –imaginer une telle situation.
Pour le Serpentard, il était clair qu’une quelconque entente entre lui et Kalinah était impossible et qu’il n’avait aucune envie qu’elle ait lieu.
Olyssa leva les yeux au ciel à sa réplique, démontrant son exaspération.

« Pff…Ces Serpentards ! A croire que vous aimez vous entretuer et faire durer le carnage…lança-t-elle en bonne Gryffondor qu’elle était…Pas masochiste tu dis ?» Ajouta-t-elle avec un sourire narquois.

Poudlard était décidément un drôle mélange social : autant certains groupes étaient soudés, tels que Gryffondor et Poufsouffle, qui privilégiaient la force de l’union et dont les membres s’entendaient souvent bien ; autant de l’autre côté, il y avait Serdaigle et Serpentard qui se divisaient eux-mêmes à l’intérieur, avec une hiérarchie bien à eux (Serdaigle pariant sur la connaissance, Serpentard sur la ruse)…Et qui dit division, dit affrontements.
Selon Oly, la simple explication de cette haine, entre la bande de Mathias et Kalinah, provenait donc d’une certaine ‘concurrence’. Mathias et sa bande mettaient en péril la réputation et l’influence de Kalinah sur les autres, et vice versa. Que de complications…
En tant que Gryffondor, Olyssa résonnait, elle, dans une concurrence amicale…C’était d’ailleurs des détails comme ceux-ci qui l’avaient éloignée de Serpentard le jour de la Répartition, il y avait quatre ans de ça.
Bref, pas pour rien que les Quatre Maisons avaient été créées, les différences morales étant grandes entre les humains.

« Kalinah aurait répondu la même chose que toi…Vous avez beau vous détester, vous raisonnez exactement pareil
…Conclua-t-elle avec une mimique faussement fatidique…
Eh oui Mathias, que tu le veuilles ou non, vous n’êtes pas tous deux à Serpentard pour rien. »

Olyssa adressa un sourire éclatant et satisfait au Serpentard : le rapprochement qu’elle venait de faire entre lui et Kali, ennemis jurés, valait l’insulte qu’il avait failli prononcer pour désigner cette dernière. La jeune fille appréciait de plus en plus cette conversation.
Mathias, même lors de leurs disputes innombrables, ne l’avait jamais ennuyée, utilisant un humour effronté que certaines filles de Poudlard considéraient comme insupportable, et d’autres comme un charmant attrait de son caractère…Pour sa part, Oly s’estimait dans la deuxième catégorie.

Un frisson saisit la Préfète-en-Chef qui resserra l’écharpe rouge et or autour de son cou.
La pluie tombait depuis cinq minutes seulement que l’humidité saisissait déjà les couloirs sombres du château. La Gryffondor commençait à regretter sa cape.
Mathias semblait être du même avis, car il changea de direction et s’engagea dans un autre corridor. Oly le suivit, continuant la conversation commencée en répondant à sa nouvelle question sur son amitié avec Kalinah, qui avait toujours intrigué bon nombre d’élèves.
Elle évitait en général de s'attarder sur ce sujet personnel, mais, considérant qu'elle s'en voulait toujours d'avoir violé l'intimité de Mathias en lisant son courrier, elle tenait à se rattraper. Puis le jeune Adams, malgré qu'il soit de la maison la plus perfide et adversaire, lui avait toujours inspiré la confiance.

« Et bien disons qu’elle a cherché une fois à m’arracher la tête…Une seule fois, le jour de notre rencontre en première année, commença Olyssa d’un ton nostalgique. La première année, la découverte de Poudlard paraissaient si lointaines. Elle continua avec entrain : Elle était en pleine discussion avec un Gryffondor devant l’infirmerie…enfin discussion, hum, tu vois le genre…Jm’en suis mêlée, dit-elle d’un air innocent, puis…ben bien sûr ça a dégénéré. Mais on a finit par rire de notre dispute. C’était étrange. Plutôt bête comme rencontre, tu trouves pas? Depuis ce jour-là, on s’est souvent assises l’une à côté de l’autre en cour, et on s'est rapprochées, jusqu'à être ce qu’on est aujourd’hui. »

Réalisant qu’elle n’avait pas vraiment répondu à l’interrogation de Mathias, l’adolescente termina : « En réalité, je ne peux pas vraiment répondre à ta question. Je ne sais même pas moi-même. On est des contraires, mais je ne serais rien sans elle... »

Consciente que son explication avait été longue et ambiguë, Oly adressa un regard confus à son homologue. Elle ne pouvait exprimer clairement ce que représentait Kali pour elle. Sa 'meilleure amie' était suffisant, pourtant le mot ne lui paraissait pas assez significatif. Enfin, Mathias était tout sauf bête, et Oly savait qu’il avait compris la force de l’amitié qui la liait à la Serpentard.

La jeune fille releva la tête et scruta les sombres iris de son homologue, ressentant un frisson familier se nouer dans son ventre.
« Et toi ? Puisqu’on parle amitié…Jme suis toujours demandée : comment tu supportes Fenrir? » demanda-t-elle avec une expression admirative.
Ils descendirent un escalier et s'engagèrent dans le sixième étage d'un pas régulier, croisant régulièrement d'autres élèves qui tâchaient d'éviter de les contrarier, pensant sûrement que les deux Préfets-en-Chef de Poudlard faisaient leur ronde...
Pratique pour se frayer un passage sans efforts!

À la pique d’Olyssa, Mathias laissa un demi-sourire se dessiner sur ses lèvres. Elle ne se doutait pas à quel point elle avait raison... L’ambiance de la Salle Commune de Serpentard en était elle-même une preuve plus que marquante. En effet, le repère des Verts et Argents tenaient bien plus du champ de bataille que du lieu de réunion... Mis à part les plus jeunes, qui se montraient habituellement ouverts les premiers temps de leur arrivée, les Serpentards n’avaient entre eux que des regards d’avertissements et/ou de méfiance. Quelques groupes existaient, mais seuls les idiots tentaient de se joindre à l’un d’eux. Chacun des groupes existant avait ‘son territoire’, ‘ses ennemis’, ‘ses alliés’... Traverser la Salle Commune de Serpentard, c’était marcher en espace miné. Il était toutefois divertissant par contre, en début d’année, de voir les premières années tenter de comprendre ce qui se faisait et ce qui ne se faisait pas en présence des autres Serpents...

Le jeune Adams, qui n’avait rien connu d’autre, s’imaginait mal cependant comment cela aurait pu en être autrement. Les autres Maisons ne fonctionnaient-elles pas de manière similaire ? Les Gryffondors, connus pour démarrer au quart de tour, devaient bien avoir de nombreuses prises de becs entre eux... Quoique, en y réfléchissant, si on se fiait aux sacro-saintes valeurs gryffondordesques, ils devaient plutôt être du genre à garder leurs forces pour se prendre la tête avec les autres Maisons de Poudlard... Serdaigle, que le Préfet-en-Chef avait toujours considérée comme la Maison la plus proche de Serpentard, devait elle aussi être le théâtre de compétitions intestines. La soif de connaissance, quoi qu’on en dise, n’était pas obligatoirement source de sagesse et de vertu... Quant aux Poufsouffles... Un groupe de Poufsouffles se tapant dessus... L’idée était comique.

Mathias ne releva donc pas le commentaire. Peut-être était-il masochiste, effectivement... Il l’était suffisamment en tout cas pour s’entêter à chercher la compagnie d’Olyssa alors que l’expérience avait démontrée à plusieurs reprises que leurs rencontres se terminaient rarement dans la joie et la bonne humeur... L’attrait du défi peut-être ? D’un autre côté, la jeune Nymfalis n’était pas mieux que lui...

Quoi ? Elle le comparait à Kalinah ? Hey oh ! Il y avait quand même une sacré différence entre cette peste narcissique et prétentieuse et lui ! Horuni se croyait supérieure à tout le monde sans réaliser qu’elle avait été délaissée de ‘tout le monde’ depuis longtemps. Aveugle à tout sauf à son propre nombril, elle avait eu quelques amies, mais maintenant, dans la Salle Commune de Serpentard, c’était toujours seule qu’on l’apercevait. Il ne lui restait plus rien... Alors, comme un ver perfide, elle tentait maintenant de faire écrouler tout son monde, parce qu’il n’avait pas voulu se conformer à sa petite personne. Elle commençait pas ensorceler Norbert, démolissant une amitié de longue date, qu’elle allait probablement briser par la suite, comme elle détruisait tout ce qui l’approchait. Elle était les épines de la rose, le caillou dans une botte ! Une fille détestable qui ne méritait que de croupir au fond d’un puit !

Tout occupé à haïr sa compagne de Maison, l’adolescent manqua le début de la réponse d’Olyssa à sa question. Il n’entendit que le résumé qu’elle en fit : une réponse qui n’en était pas une, en somme. C’était bien une relation féminine ça... Compliquée au possible ! C’était à n’y rien comprendre... Si Mathias avait saisit le début de l’explication de la Gryffondor qui marchait à ses côtés, il aurait probablement réalisé que l’amitié Olyssa-Kalinah n’était pas si différente de son amitié avec Norbert (Après tout, les deux garçons n’étaient-ils pas devenu inséparables après un coup de poing ?), mais puisqu’il manquait au Serpentard une partie des informations, il dû se contenter de son interprétation faussée.

Lorsqu’Olyssa lui retourna la question, Mathias se retrouva prit au dépourvu. Le regard perdu dans l’observation des dalles devant lui, le Préfet-en-Chef continua de marcher de façon machinale, pensif. Qu’est-ce qu’il répondait à ça ? Trois mois plus tôt, teintant ses paroles d’humour, il aurait fait une éloge de son meilleur ami juste pour taquiner la jeune Nymfalis, mais là... Le jeune Adams n’avait pas envie de rire. Penser à Norbert le mettait en colère, mais pas uniquement ça... Il avait été blessé, profondément, et une fois sa rage retombée, il ne lui était plus resté qu’un amer goût de nostalgie. La vie avait été tellement plus simple avant Poudlard...

Olyssa ne pouvait pas n’avoir rien vu. La dispute qui avait opposée Mathias et Norbert s’était produite peu avant les vacances d’été, mais quelques semaines s’étaient tout de même écoulée avant. Pendant plusieurs jours, lors des cours principalement, les autres élèves avaient pu voir un Norbert avec un oeil au beurre noir être royalement ignoré par un Mathias beaucoup plus sérieux qu’à la normale. Kalinah avait dû particulièrement se régaler du spectacle d’ailleurs...

Le Serpentard aurait pu se mettre en colère à la pensée que, peut-être, Olyssa lui posait cette question dans le but de le mettre en rogne ou de lui soutirer des informations à refourguer à Kalinah Horuni, mais cette idée ne lui vint même pas en tête. Peut-être qu’il était naïf et faisait aveuglement confiance à la meilleure amie de sa pire ennemie... mais, lorsque quelques secondes plus tôt son regard avait croisé le regard cyan de la Gryffondor, Mathias n’y avait vu aucune malveillance (Et en tant que Serpentard, disons le, les regards malveillants ça le connaissait !). Peut-être qu’il allait le regretter, néanmoins le jeune Adams ne prit pas le mord aux dents comme il en avait l’habitude. Lorsqu’il redressa la tête, c’était plutôt un sourire de dérision qui marquait ses traits.

"Tu n’es ni aveugle, ni idiote Olyssa... Tu sais bien que je ne parle plus à Norbert depuis trois mois environ..." , fit l’adolescent d’un ton qui, pour une rare fois, ne comportait aucun artifice. Pas d’humour ou d’émotion destinée à servir de défense, juste une vérité. Il n’avait cependant pas poussé la confidence jusqu’à regarder Olyssa dans les yeux, posant préférablement son regard aux alentours. Il était Mathias Adams après tout, pas une fillette qui avait besoin de réconfort ! Hors de question que quelqu’un voit le malaise présent dans ses yeux qui ne savaient mentir.

Citation :

Horuni se croyait supérieure à tout le monde sans réaliser qu’elle avait été délaissée de ‘tout le monde’ depuis longtemps. Aveugle à tout sauf à son propre nombril, elle avait eu quelques amies, mais maintenant, dans la Salle Commune de Serpentard, c’était toujours seule qu’on l’apercevait. Il ne lui restait plus rien...

(euh je suis pas daccor du tout avec ça. Tu as ecrit ça sans me consulté et je ne penses pas que ce soit le cas. Kalinah n'est pas délaissé du tout, d'ailleurs tu pourras même aller verifier tes dires en allant voir ses messages dans la salle commune, elle est plutôt même aprécié de certaine personne. Pourquoi tu as ecrit ça?!!!)

Kalinah Horuni a écrit:

(euh je suis pas daccor du tout avec ça. Tu as ecrit ça sans me consulté et je ne penses pas que ce soit le cas. Kalinah n'est pas délaissé du tout, d'ailleurs tu pourras même aller verifier tes dires en allant voir ses messages dans la salle commune, elle est plutôt même aprécié de certaine personne. Pourquoi tu as ecrit ça?!!!)

Ce qui est écrit dans les messages de Mathias représente les perceptions et/ou les opinions de Mathias. Nous tenons à décliner toute responsabilité quant à... Il n'est pas la science infuse ! Moi, le joueur derrière l'écran, je sais bien qu'il a tord, mais je peux pas faire penser à Mathias des trucs dont il est pas au courant !

La dernière fois que Mathias a vu Kalinah, elle était au bord de la déprime totale... C'est l'image qu'il a retenue d'elle. Maintenant, comment tu veux qu'il soit au courant de ce qui se passe dans la Salle Commune quand il n'est pas dans la Salle Commune ? D'autant plus que, dans ce topic, on se trouve juste après les vacances d'été... (Ouais, on a un "léger" décalage avec la réalité.)