En direction de la tour d'astronomie [Privé, Méliz]

Les première année avait eu cours jusqu'à six heures ce jour là, et Camille avait promis à son frère qu'elle irait l'attendre devant la porte de la salle où il avait cours. Il ne lui avait rien demandé, évidemment, mais elle voulait lui parler, lui raconter ses dernières rencontres, comment était la salle commune de Gryffondor ... et elle était certaine qu'il serait déçu si elle ne venait pas. Mais malheureusement, le professeur avait retenu les élèves plus longtemps que prévu, à cause d'un idiot qui avait été franchement insolent et qui avait déclaré que les cours, c'était n'importe quoi, qu'il en parlerait à son père qui ferait renvoyer le professeur ... ce dernier n'avait pas apprécié et leur avait fait une longue leçon de morale. Elle avait bien duré un quart d'heure, voire vingt minutes. C'était pour cela que Camille courait à en perdre haleine dans les couloirs. Son frère allait penser qu'elle l'avait oublié, qu'elle se fichait bien de lui, et lui en voudrait ...

*Emilien, attend-moi s'il te plait ...*

Quel idiot ce professeur, aussi ! William l'avait sans doute attendue cinq minutes, peut-être dix -de quoi flatter l'égo de Camille. Puis il s'était dit qu'elle ne viendrait pas et que ça ne servait à rien de rester là. Il avait pris le chemin des cachots ... est-ce qu'il était rancunnier ? La jeune Backhand espérait que non.
La Gryffondor se rendit soudain compte qu'elle n'était pas très sûre de la direction qu'il fallait prendre. Elle arrêta un élève qui passait par là.

- Excuse-moi, la salle de défense contre les forces du mal, c'est par où ?

L'élève, qui était au moins en cinquième année, lui indiqua la direction de droite. Camille le remercia et partit en courant, sans remarquer le petit sourire moqueur du garçon, dont le blason indiquait Serpentard. Plus elle avançait, moins il y avait d'élèves, et bientôt Camille se retrouva seule dans le couloir qu'elle empruntait. Elle ne tarda pas à se retrouver face à des escaliers qui montaient en colimaçon ... Elle n'arrivait pas à voir jusqu'où ils allaient. Et d'ailleurs, elle ne savait même pas à quel étage elle était. Elle poussa un profond soupir et commença à monter les marches, quand elle entendit des pas non loin ....

C'était une fin d'après midi en semaine, et les couloirs et escaliers étaient bombés. Parmi la foule, Méliz Angel, deuxième année, qui sortait d'un cours de défenses contre les forces du mal commun avec les premières années. Elle sortit avec Naomi, son amie depuis quelques temps, puis lui dit qu'il fallait qu'elle passe à la volière, et la salua. La jeune Glendening partit de son côté et Mél se retrouva seule. En fait, c'était ce dont elle avait envie: de la solutide. La jeune sorcière se dirigea alors du côté de la tour d'astronomie. Elle avait envie d'y faire un tour pour réfléchir sur ce qui se passait en elle en ce moment. Et sur un autre sujet pas forcément avouable: ce que son pauvre coeur pensait. Il se mettait à battre follement en présence d'une personne que Méliz ne voulait pas aimer! Et qu'elle ne pouvait pas aimer! C'était tout bonnement impossible.. Ou alors, c'était le corps de la jeune Angel qui déraillait.

Méliz se dirigea donc vers la tour d'astronomie, lorsqu'elle entendit une voix qui demandait la direction pour la salle de défenses contre les forces du mal. On dut lui donner car le brouhaha reprit. Et elle n'entendit plus la personne perdue. La rouquine haussa les épaules et se dirigea vers l'escalier qui menait à la volière. Ensuite, elle gagnerait la tour par le couloir. Poudlard était tellement compliqué.. Devant elle, une jeune fille blonde. Méliz monta derrière elle en prenant bien garde à ne pas lui marcher sur les pieds. C'était une chose qu'elle détestait qu'on lui fasse, et c'est pourquoi elle faisait preuve de respect, c'était élémentaire pour elle; elle faisait attention aux autres.

La rouquine entendit soudain la jeune élève qui était devant elle chantonner. Elle fit un petit sourire, celui ci se figea deux minutes plus tard. Elle avait reconnu la voix. C'était la voix de l'élève perdue. Et Méliz n'était pas sûre que cette voix lui semblait familière juste pour cette raison. Elle chassa , enfin, essaya de chasser cette idée de sa tête. Des voix, il y en avait tant. Elle ne pouvait pas se fier à une simple familiarité.

Mais il lui semblait impensable de laisser la jeune première année se perdre. Celle ci avait atteint un palier et Méliz s'arrêta. Un bref coup d'oeil derrière. Personne.

" Euh.. S'il te plaît? "

En disant cela, elle tapota tout doucement l'épaule de la jeune élève, qui se retourna. Méliz lui fit un large sourire, pour la rassurer. En même temps, ce sourire était faible. Comme la jeune Angel en ce moment. Pffff..

" Désolée de t'importuner ainsi.. Je voulais juste te demander.. C'est bien toi qui cherchait la salle de défenses contre les forces du mal? - la jeune fille acquiesca – Désolée de te le dire, mais, ce n'est pas par la.. on t'a donné une fausse information. Si tu veux, je t'y emmène. J'allais à la tour d'astronomie : on est encore prêt de la salle donc c'est bon. "

Elle essaya de sourire à nouveau mais n'en trouva pas les moyens. Elle était tout bonnement épuisée. Elle en avait marre.. Il fallait vraiment que cela cesse. Pourquoi ne prenait elle pas un mercredi après-midi pour se reposer? Les seuls après midi libres, elle les occupait entièrement. La semaine dernière, elle avait vu Edward, la semaine d'avant, William, et encore avant, elle avait rencontré Naomi et avait passé le week-end en compagnie de sa nouvelle amie. Et Mél dans tout ca ne trouvait jamais le temps de se reposer. Une bonne douche et une énorme sieste, elle en avait tellement envie.

Camille montait, mais était de moins en moins sûre qu'elle avait pris la bonne direction ... Et si l'élève s'était moqué d'elle ? Non, c'était impossible, il avait l'air parfaitement honnête pourtant ! Mais c'était l'un des défauts des mensonges, d'avoir l'air très vrais. La jeune Gryffondor était furieuse envers l'élève en question, elle irait le voir et elle ... elle ... elle trouverait quelque chose ! Elle pourrait toujours demander à William s'il le connaissait et s'il connaissait un sortilège à lui apprendre pour se venger, ou bien elle irait à la bibliothèque, et elle chercherait aussi longtemps qu'il le faudrait. Peut-être que les sorts qu'elle trouverait seraient trop complexes pour une première année, mais elle s'entraînerait dur, aussi longtemps qu'il le faudrait. Elle était déterminée à faire regretter à cet idiot boutonneux de lui avoir menti. Et dire qu'elle avait trouvé qu'il avait une bonne tête ... Vraiment, les apparences étaient trompeuses. Elle montait les marches avec plus d'entrain maintenant, à cause de la colère.

Elle atteignait tout juste un palier qui ne lui disait absolument rien qu'une voix retentit derrière elle, juste derrière. La jeune Backhand se retourna avec légèreté et se retrouva face à une jeune fille un peu plus âgée qu'elle probablement, aux longs cheveux entre le châtain et le roux, et aux yeux bleus. Un instant, Camille l'envia pour la couleur de ses yeux. Comme elle aurait aimé avoir les mêmes ! Les yeux noirs, c'était très joli, mais bon ... Cela la fit penser à ce que lui avait dit son frère à propos de Joke, comme quoi il lui avait proposé de changer la couleur de ses yeux gratuitement et qu'il avait dignement refusé. Quelle idée ! Pourquoi n'avait-il pas accepté ? Bon, de toute façon, c'était fait, alors ...

Camille constata en jetant un coup d'oeil au blason de la jeune fille, qu'elle était à Poufsouffle. Un déclic se fit dans son esprit. Poufsouffle, yeux bleus, cheveux presque roux, deuxième ou troisième année ... Méliz Angel ? Camille se réprimanda intérieurement. Il devait y avoir plusieurs personnes à Poufsouffle qui correspondaient à cette description. Mais la dernière fois qu'elle s'était imaginé quelque chose, c'était en apercevant William pour la première fois. Elle avait tout de suite trouvé qu'ils se ressemblaient, surtout les yeux ... et elle avait eu raison de penser que c'était son frère, puisque c'était vrai. Alors, Méliz Angel se tenait-elle quelque marches plus bas qu'elle ou bien ce n'était qu'une idée ? Son frère lui en avait parlé, forcément, mais il était resté assez vague et ça intriguait la jeune Backhand.

La jeune Poufsouffle aux jolis yeux bleus lui confirma qu'on lui avait donné une mauvaise direction, et Camille soupira. Elle aurait dû s'y attendre, pourtant, mais dans l'instant, elle n'avait pas réfléchi. Elle lui proposa de l'accompagner à la salle de défense contre les forces du mal. Camille trouva sa proposition très sympathique, c'était déjà gentil à elle de ne pas l'avoir laissée se perdre. Elle lui fit donc un grand sourire et répondit :

- Merci, c'est vraiment gentil à toi mais ...

Elle consulta sa montre et soupira. Il était tard maintenant, William ne l'attendait probablement plus. Elle recroisa la regard de la Poufsouffle et reprit :

- A l'heure qu'il est, Emilien doit être parti.

*Ça m'apprendra à demander mon chemin à n'importe quel imbécile qui traîne par là. Et maintenant, va aussi falloir que je fasse des excuses à Emilien ... si c'est pas malheureux ... il doit être furieux, là* Cette pensée faillit la faire sourire. Puis elle réfléchit. Allait-elle faire demi-tour ? Maintenant qu'elle était montée jusque là ... Ça lui permettrait de savoir où se situait la tour d'astronomie et à quoi elle ressemblait, si elle continuait par là ! Il fallait qu'elle visite un peu le château, sans quoi elle arriverait toujours en retard à ses cours et rendez-vous. S'il ne s'agissait que de William, encore, elle savait qu'elle pourrait se faire pardonner ... Elle ajouta alors :

- Sans vouloir être indiscrète, pourquoi tu allais à la tour d'astronomie ? Sans laisser à son interlocutrice le temps de répondre, elle reprit : Ok, d'accord, c'est indiscret, bon ... C'est juste que j'aurais aimé voir à quoi elle ressemblait, et puis faudra bien que je sache où c'est pour les cours ... Elle fixa un instant la Poufsouffle comme si elle hésitait. Au fait, comment tu t'appelles ?

La jeune fille fit un sourire lorsque Camille la scruta. Lorsqu'elle rencontrait des premières années, on la fixait toujours ainsi. Son blason, un peu plus grand que ceux des nouveaux élèves, montrait bel et bien qu'elle était en deuxième année: mais elle n'était pas très grande, son visage était encore un peu enfantin, même si ces derniers temps, cela devenait de plus en plus le visage d'une jeune fille. Eh oui, Méliz grandissait.

La fille perdue la remercia, et Méliz lui fit comprendre d'un signe de tête amical qu'il n'y avait absolument pas de quoi. Elle fit un large sourire à la Gryffondor, un sourire pauvre et faible, mais qui se voulait rassurant. Sourire qui se figea lorsqu'elle prononca les mots suivants: " Emilien doit être parti à présent.." Emilien? Elle sourit à nouveau à la jeune fille qui ne s'apercut pas de sa gêne. A l'intérieur, ca cogitait.

Calme toi, Méliz.. Il y avait surement beaucoup de jeunes hommes de ce nom. Et puis, qu'est ce que ca voulait dire? Lui s'appellait William, et c'était comme ca qu'il voulait qu'on l'appelle. A moins qu'il ait encore menti lorsqu'il lui avait dit ca! C'était fort probable, mais pas trop le genre de la maison. Son style était plutot de faire semblant d'avoir besoin de compagnie, d'être un être tout triste et tout seul. Méliz commencait à si bien le connaître!

Elle hésita à parler à la jeune élève de tout cela, puis arca légérement les sourcils, preuve qu'elle réflechissait. C'était peut-etre un piège! Maintenant la jeune fille n'était plus aussi naïve! Peut-être qu'elle connaissait bien William, qu'ils avaient tout manigancé, et qu'elle n'attendait que cela! Et dire qu'il faudrait qu'elle se présente. Bon, elle allait se calmer. Il ne fallait pas qu'elle invente de nouveau nom. Voyant ou ca l'avait déja mené. Elle finit par répondre calmement à la jeune fille, elle avait mal écoute ce que la Gryffondor lui avait demandé, mais elle répondit avec ce qu'il lui restait d'entrain!

" Je m'appelle Méliz, enchantée! J'allais à la tour d'astronomie, pour me balader, pour réfléchir, mais aussi pour prendre des infos sur les cours. Je crois qu'ils sont optionnels et à partir de la troisième année, mais je voulais vérifier! Si tu le souhaites, je peux bien sur t'y accompagner."

Elle s'interrompit lorsqu'elle entendit des grognements. La Poufsouffle se retourna et vit que des personnes attendaient manifestement la fin de la discussion des deux filles pour accéder eux aussi à la tour.. Rougissant, elle s'excusa, et regarda la jeune fille.

"Je crois qu'on ferait mieux de monter et de poursuivre notre discussion en haut! "

Elle attendit que la Gryffondor se remette à marcher, pour ne pas lui foncer dedans, ce qui n'aurait pas été très poli à vrai dire, et pas non plus très sympa.

La jeune Poufsouffle se présenta, elle s'appelait Méliz. Camille voyait donc ses intuitions confirmées. C'était la première personne qu'elle rencontrait qui connaissait son frère, enfin mis à part les parents de William. Sébastien Backhand avait une très mauvaise opinion de son fils, il l'avait même cru capable de vouloir tuer Camille, il l'avait enfermé à double tour et il ne l'aurait sans douté pas délivré pour la rentrée à Poudlard ... Quant à Anne Backhand, ce n'était pas beaucoup mieux. La jeune fille avait surpris plusieurs disputes entre elle et son fils, et lorsqu'elle avait quitté la maison, Will n'avait pas semblé très triste. Mais que pensaient les élèves de Poudlard du Serpentard ? Camille savait que lui et un certain Angel Joke ne s'appréciaient pas beaucoup, mais c'était l'une des rares choses qu'elle savait.

Méliz lui répondit qu'elle se rendait à la tour d'astronomie pour obtenir des informations sur les cours, et qu'elle acceptait d'y accompagner Camille. Cette dernière lui fit un sourire et allait la remercier lorsque des élèves un peu plus bas dans l'escalier leur firent remarquer leur présence par des grognements. Effectivement, les escaliers étaient assez étroits, trop pour laisser passer plusieurs élèves à la fois ... On ne pouvait pas les agrandir avec un sortilège ? Pour la petite Gryffondor, tout devait être possible avec la magie, elle ne lui connaissait pas de limite, seulement des difficultés. Et celles-ci disparaîtraient sans doute au fur et à mesure des années. Elle avait souvent rêvé que la magie existait, comme dans les histoires pour enfants, et son rêve se réalisait ! Enfin, pour le moment, ça n'empêchait pas des élèves de râler ...

Comme Méliz proposait de continuer leur discussion plus haut, Camille approuva d'un signe de tête et se remit à monter les marches de l'escalier, la Poufsouffle juste derrière elle. Arrivée à un palier, elle s'arrêta, hésitante. Elle n'avait pas de raison de cacher à Méliz qu'elle avait déjà entendu parler d'elle, même si ce n'était que vaguement. Camille était plutôt franche de nature -contrairement à William ... Elle se tourna donc vers elle.

- Je m'appelle Camille Backhand. J'ai ... déjà entendu parler de toi, mais pas dans les détails, ajouta-t-elle avec un petit sourire.

Les élèves qui les avaient forcées à continuer de monter l'escalier n'étaient plus là, ils étaient passés par une porte non loin. Camille se demanda de quelle façon Méliz voyait son frère. Comme un idiot, comme un menteur, comme quelqu'un de sympathique ou au contraire plutôt méchant ? La jeune Backhand savait que les premières impressions étaient souvent fausses avec William. La preuve : elle l'avait cru totalement désintéressé et méprisant au début, mais il avait été plutôt gentil avec elle ... Elle continua :

- Je suis la demi-soeur d'Emilien ... enfin, William Emilien. Ou William, je sais pas comment tu l'appelles.

La porte par laquelle étaient passés les élèves râleurs restait entrebâillée et Camille aperçut des tables et des chaises ... C'était donc une salle de classe. Son regard se posa sur l'escalier qui continuait à monter. Où menait-il, alors ? Elle croyait qu'il allait seulement jusqu'à la salle de cours ...

Ainsi donc tout se clarifiait.. C'était la demi-soeur de William.. William.. Rien ne les avait fait se rencontrer depuis ce matin très tôt à la salle sur demande.. Elle se demandait comment il avait réagi après qu'elle l'ait embrassé.. Surement le jeune homme s'était juré de se venger de l'humiliation que lui avait causé cet acte..

Meliz soupira. Elle ne savait pas exactement ce qui s'était passé dans son coeur à ce moment la. Elle n'avait pas tout controlé. Elle ne savait toujours pas ce qu'elle ressentait pour le jeune homme. Enfin, elle ne voulait pas l'admettre. Ce qu'elle cachait, c'est que les pauvres poumons de la jeune Angel résistaient avec beaucoup de mal au charme des beaux yeux du jeune Serpentard.

"Je connais un peu ton demi-frère, mais pas assez bien pour te dire quoique ce soit. Je trouve étonnant qu'il t'ai parlé de moi"

Répondit-elle avec un air qui se voulait posé - mais a l'intérieur, inutile de préciser que c'était THE pagaille. La jeune fille se tut, et le silence devint lourd. Elle était à vrai dire perdue dans ses pensées. Les deux élèves avaient atteind un palier et les autres personnes avaient continué leur routes. Mais la Gryffondor et la Poufsouffle étaient restées pour continuer leur discussion. À cet instant les escaliers se séparaient.

" C'est par la"

Indiqua t'elle gentiment à Camille en lui emboitant le pas. Elle en profita pour réfléchir, et pour se calmer. Ah lala ! Il n'y avait qu'elle pour tomber dans des situations comme cela! Mais bon, on ne savait jamais ce que la vie nous réservait. Les deux jeunes filles s'arrêtèrent une fois arrivées sur un nouveau palier. Camille sembla demander du regard à Méliz la direction à prendre mais celle ci était maintenant absorbée dans ses pensées.

Camille était un peu déçue, elle aurait aimé entendre parler de William, même si c'était en mal ... quoique dans ce cas, elle l'aurait défendu vivement. C'était son frère, tout de même ! Même s'il était parfois un peu prétentieux ou moqueur, et même si elle le connaissait depuis peu, elle n'aurait laissé personne dire du mal de lui. Méliz était étonnée qu'il lui ait parlé d'elle. Ils se connaissaient si peu ? Après tout, ce n'était pas étonnant ... ils avaient dû se croiser une fois, ou bien être assis à côté en cours, échanger quelques mots et puis c'était tout. Qu'est-ce qu'elle s'était imaginé, encore ? Il fallait toujours qu'elle imagine beaucoup de choses ! Dès la première seconde où elle avait vu William, elle avait imaginé que sa mère allait se marier avec son père, qu'ils allaient tous vivre heureux dans cette belle maison, que tout se passerait pour le mieux ... Aussi, quand son frère avait refusé de donner plus de détails sur Méliz Angel, l'imagination de la jeune fille s'était emballée. Comme d'habitude, pour rien.

- Ah bon, fit-elle simplement.

Un silence s'installa, alors qu'elles continuaient à monter les escaliers, Camille en tête. Cette dernière était pensive : comment cela se faisait-il que personne ne connaisse son frère ? En même temps, il ne parlait pas de lui spontanément ... il avait fallu qu'elle insiste pour obtenir des réponses à ses questions. Elle lui revoyait très bien, assis dans la chambre de William -Sébastien avait paru stupéfait lorsqu'il avait appris que son fils avait accepté qu'elle entre dans sa chambre- elle lui posant des questions sans arrêt et lui répondant sans trop hésiter, quand le nom de Méliz était arrivé dans la conversation, et qu'un silence semblable s'était installé. Camille ne se retourna pas pour observer la Poufsouffle, mais elle aurait bien voulu le faire. Elle connaissait trop mal son frère pour pouvoir lui en parler ? C'était impossible, il n'aurait pas eu cette réaction si ça avait été le cas !

Les deux élèves arrivèrent à un nouveau palier, mais Méliz ne réagissait pas. Elle paraissait ... un peu perdue dans ses pensées. C'était le nom de William qui lui avait fait cet effet là ? Camille réprimanda une fois de plus son imagination, puis se souvint d'une des premières discussions qu'elle avait eues avec son frère ... "William Emilien, mais c'est trop long, alors oublie le Emilien ..." Et elle l'avait coupé : "Ah non, Emilien c'est super beau, je peux pas !" "Mais tu ne vas pas m'appeler William Emilien, quand même ?" avait-il répliqué. "Bah alors ce sera Emilien, voilà !". Elle eut un petit sourire à cette pensée. Comme Méliz ne réagissait pas, Camille continua de monter les marches, une par une, sans se presser, quand soudain, elle arriva sur le toit de la tour et se retrouva à voir le parc et les gens qui avaient l'air si petits vus d'en haut ...

Quelque chose explosa en elle, quelque chose qui comprima sa poitrine et l'étouffa, si bien que le cri qu'elle aurait voulu pousser ne sortit pas. Tout se bousculait dans sa tête. Elle était sur le toit d'un immeuble, avec William ... elle se penchait par dessus le bord pour voir les gens ... si petits vus d'en haut ... William voulait rester loin du bord, William était soudain à ses côtés, debout sur le rebord ! Il tendait une main vers elle, elle la prenait ... il disait quelque chose ... et puis ... et puis quoi ? Et puis plus rien, le noir complet ...

- Et si on sautait ? Ça doit être amusant ...

Il avait sauté, elle en était sûre. Et elle avec lui. Sans s'en rendre compte, Camille avait prononcé la phrase à voix haute. Les yeux écarquillés, elle tremblait comme si cela venait de se produire. Ses jambes ne purent bientôt plus la soutenir et elle tomba à genoux. Qu'est-ce qui s'était passé ? Il y avait un William, puis deux ... Camille se prit la tête entre ses mains, elle ne comprenait plus rien ... William avait sauté, mais il n'avait pas été à l'hôpital ... mais il avait bel et bien sauté, l'entraînant dans sa chute ! Non, c'était impossible, à ce moment là, il se trouvait bien loin du bord du toit ... mais non, puisqu'il était à ses côtés ! Des larmes de douleur et de rage lui vinrent aux yeux. Elle voulait savoir, mais elle avait peur de comprendre ... était-elle folle ? Non, non, non ... elle avait toute sa tête ...

Le silence gênant qui s'installa entre elle et Camille fut long. Méliz se mordit les lèvres. Elle ne voulait pas parler de William, c'était son droit après tout! Mais il était normal que Camille soit décue, William était son demi-frère, ou son frère, la Poufsouffle ne savait pas.
Les deux fillettes montèrent les escaliers, Camille devant, Méliz quelques mètres derrière elle. Maintenant, c'était simple, c'était tout droit. Mais Méliz ne pouvait tout de même pas laisser la Gryffondor seule, ca allait contre ses principes.

Enfin elles franchirent la porte de la tour. Elles pénètrèrent, et Méliz regarda sans expression cette pièce qu'elle connaissait déja. En revanche.. Camille semblait totalement changée, métamorphosée par la découverte de la tour d'astronomie. Cela intrigua Méliz au plus haut point, mais la jeune Angel laissa sa nouvelle amie tranquille. Après tout, elle en avait peut-être déja fait trop pour aujourd'hui.
Camille était tout près de la fenêtre. A un moment, elle se prit la tête, et prononça une phrase.

- Et si on sautait ? Ça doit être amusant ..

Il ne fallut pas plus de temps à Méliz pour réagir. Ces dernières paroles l'avaient choqué. Camille avait prononcé ca d'une facon.. bizarre, anormale. Et puis, sauter? Non! Etait-elle devenue folle?

" Sauter? Mais tu n'y penses pas! C'est très haut! "

Elle avait parlé sur le ton de la rigolade, mais sa voix tremblait d'inquiétude. Qu'est ce qui s'était passé chez Camille pour qu'elle change à ce point? Ce n'était tout de même pas le contexte de la salle. Non, elle était parfaitement normale cette tour!
Méliz s'approcha de Camille et s'agenouilla à ses côtés. Elle remarqua alors que Camille pleurait. Elle passa un bras autour de l'épaule droite de la Gryffondor, et lui murmura:

" Camille, ca va? Tu es toute pâle. Qu'est ce qui se passe? "

Camille semblait totalement en rage, triste.. Elle faisait peine à voir.. Méliz était inquiète..

Camille essayait de comprendre, désespérement, elle avait quelques images, quelques sons, mais ça n'avait pas de sens pour elle, pas vraiment. Que s'était-il passé sur ce toit ? Elle était au bord du toit, ça, c'était certain ... ensuite ? "Et si on sautait" ? Non, ce n'était pas elle qui l'avait dit, c'était ... lui. William. Mais un drôle de William, différent de celui qu'elle connaissait. Il lui avait tendu sa main alors qu'il était debout sur le bord, et elle n'avait pas hésité à la prendre, lui accordant toute sa confiance alors qu'elle le connaissait depuis très peu de temps. Et lui, qu'avait-il fait ? Soudain, Camille sentit qu'on touchait son épaule.

- Non, ne t'approche pas ! cria-t-elle sans réfléchir.

Puis elle leva les yeux vers la personne qui était à ses côtés et croisa le regard bleu de Méliz. Elle avait complètement oublié qu'elle était là. Elle n'avait pas particulièrement envie qu'elle s'en aille, non, d'ailleurs, elle vit bien que la Poufsouffle avait l'air inquiète. Et elle lui hurlait de ne pas l'approcher ?

- Désolée, je ne voulais pas dire ça, dit-elle aussitôt. Je pensais que c'était ...

... lui. William Emilien. Le William bizarre, le différent, celui qui avait sauté du toit de l'immeuble. Mais s'il avait sauté, elle avait été la seule à être blessée. Et il n'y avait plus jamais fait allusion. Camille fut soudain effrayée par la perspective qu'il ait voulu se tuer, et la tuer avec lui. Il la détestait à ce point ? Elle ne savait plus vraiment quoi penser, elle ne savait toujours pas si elle avait rêvé ou si c'était ce qui s'était réellement passé, mais elle ne se sentait pas la force d'aller voir son frère pour le questionner. S'il lui avouait qu'il avait vraiment voulu la tuer, que ferait-elle ? Elle ne le supporterait pas, à coup sûr. Elle lui avait fait confiance, mais maintenant, est-ce qu'elle pourrait à nouveau le regarder en face ?

- C'est rien, c'est juste que ...

Elle s'interrompit. Evidemment que ce n'était pas rien. Mais elle n'allait pas lui raconter sa vie, non plus, pourquoi le ferait-elle ? D'ailleurs, qu'est-ce que ça pouvait lui faire en réalité ? Méliz s'inquiétait, bien sûr, c'était très gentil et un peu normal, mais elle n'avait pas envie d'entendre son récit incomplet et ponctué d'incertitudes, de doutes. Et puis, comment parler de ça à qui que ce soit ? Il n'y avait que William, mais ... elle ne pouvait pas lui parler, à présent. Pas avant d'être sûre d'elle. Mais comment savoir s'il s'agissait d'une hallucination ou pas ? Elle ne pouvait pas savoir, mais elle ne pouvait pas passer sa vie à se poser des questions.

- C'est compliqué, déclara finalement Camille en tentant de sécher ses larmes qui n'avaient décidément pas envie de s'arrêter de couler, bien qu'elle se dissuade elle-même qu'il ne se passait rien.

- Non, ne t'approche pas !

Méliz fut surprise et un peu blessée à vrai dire. Mais elle se reprit, un peu tristement. Elle était en train de songer que Camille avait surement ses raisons et qu'il fallait respecter son souhait de solitude, quand celle-ci se contredit elle-même, d'une voix embêtée.

- Désolée, je ne voulais pas dire ça, dit-elle aussitôt. Je pensais que c'était ...

Méliz esquissa un demi sourire faible, et adressa à la jeune Gryffondor un regard triste mais encourageant. Elle s'approcha un peu d'elle et s'accroupit doucement à côté de Camille.

- C'est rien, c'est juste que ...

Malgré tout ce qu'elle faisait pour le cacher, Méliz était très très inquiète - sans le vouloir. Elle se persuadait que c'était une frayeur sotte qu'avait eu la petite Gryffondor, que ca allait s'arranger, mais elle-même n'arrivait pas à le croire.

- C'est compliqué, déclara finalement la première année, d'une voix tremblante de larmes. Méliz lui sourit et passa un bras autour de son épaule, comme elle l'avait fait avant que la Gryffondor ne la repousse.

" Je vois.. Tu veux en parler? "

Cette fois, Camille ne se déroba pas, elle savait bien que c'était Méliz et pas William qui serait sorti d'on ne sait où. La jeune Gryffondor fut effrayée un instant par l'idée même de croiser son frère dans les couloirs du chateau, mais d'un autre côté, l'idée de ne plus le voir lui faisait mal, également. Le mieux était de ne pas y penser, elle aviserait le moment venu, autant laisser les choses aller à leur rythme. Et si Will venait lui demander des explications, elle lui lui donnerait, tout simplement, enfin, si elle arrivait. De toute façon, ce n'était pas la peine d'y réfléchir, alors elle essaierait de ne pas le faire. Méliz lui répondit "Je vois" et Camille eut envie de lui répliquer que bien sûr que non elle ne voyait pas, comment pouvait-elle voir quoi que ce soit ? Mais même si elle ne la connaissait pas du tout, elle trouvait la Poufsouffle gentille et n'avait aucune envie d'être désagréable avec elle, surtout que cette dernière préfèrerait sûrement être avec ses amis en ce moment même.

Méliz lui proposait d'en parler. Camille hésitait, elle ne savait pas du tout si elle pouvait raconter ça à Méliz, est-ce qu'elle n'allait pas la prendre pour une folle ? Oh, elle avait déjà l'air d'une folle, en réalité ... un peu plus, un peu moins, quelle importance ? Et si elle se moquait d'elle ? Et puis, c'était tout de même assez personnel, elle ne savait pas si elle pouvait lui faire confiance ... mais d'un autre côté, elle était sûre qu'elle deviendrait réellement folle si elle gardait ça pour elle, embrouillé comme c'était dans sa tête. A qui en parler à part Méliz qui était là ? Camille ne s'était pas encore fait de vrais amis à Poudlard, on ne s'en faisait pas sur un claquement de doigts, juste parce qu'on le voulait. Il fallait du temps, pour ça ... Finalement, la petite Backhand se décida, d'ordinaire, elle ne l'aurait sûrement pas fait, mais dans cette situation ...

- Je sais pas si j'ai eu une hallucination, une vision ou un souvenir qui vient de me revenir mais ... j'ai ... j'ai vu quelque chose quand je suis arrivée ici.

Camille s'arrêta, est-ce qu'elle ne devait pas d'abord lui parler de son accident à Londres ? Elle ne comprendrait peut-être pas, autrement. Elle reprit :

- Cet été, je suis ... tombée d'un immeuble, à Londres, et je suis allée à l'hôpital. C'est ... c'est ce moment là que je viens de revoir. J'arrivais sur le toit de l'immeuble avec mon frère et ... je m'approchais du bord ... et puis ... il ... il me disait "Et si on sautait ? Ça doit être amusant" ... ensuite ... je ... il m'attrapait par la main et il m'entraînait dans le vide ...

Elle fit une pause, ça avait été assez difficile à dire, à mettre en ordre dans son esprit. Cette partie lui faisait peur, mais la suite aussi, parce qu'elle ne comprenait plus rien.

- Mais je sais pas ce qui est vrai, ce qui est faux ... en plus ... il n'a pas été blessé ... je ne sais pas si c'était une hallucination ou la réalité ... il m'en a jamais parlé ... Mais ... j'arrive pas à ... à imaginer qu'il ... qu'il ait essayé de me tuer ....

Sa voix n'était plus qu'un murmure à la fin, elle ne trouvait plus la force de continuer. De toute façon, que pouvait-elle ajouter ?

- Je sais pas si j'ai eu une hallucination, une vision ou un souvenir qui vient de me revenir mais ... j'ai ... j'ai vu quelque chose quand je suis arrivée ici.

Oh.. tout cela intéressait Méliz qui lui jeta un regard attentif et compréhensif pour lui demander de continuer. La petite Poufsouffle se cala confortablement contre le mur, attendant une réponse de la jeune fille.

- Cet été, je suis ... tombée d'un immeuble, à Londres, et je suis allée à l'hôpital. C'est ... c'est ce moment là que je viens de revoir. J'arrivais sur le toit de l'immeuble avec mon frère et ... je m'approchais du bord ... et puis ... il ... il me disait "Et si on sautait ? Ça doit être amusant" ... ensuite ... je ... il m'attrapait par la main et il m'entraînait dans le vide ...

Méliz plaqua une main sur sa bouche pour ne pas parler, elle aurait manqué de tact. Au lieu de ça, elle glissa son autre main dans la main de Camille et la serra très fort.

- Mais je sais pas ce qui est vrai, ce qui est faux ... en plus ... il n'a pas été blessé ... je ne sais pas si c'était une hallucination ou la réalité ... il m'en a jamais parlé ... Mais ... j'arrive pas à ... à imaginer qu'il ... qu'il ait essayé de me tuer ....

Méliz, se remettant tant bien que mal de la surprise, s'efforça de parler.

" Ecoute Camille, en fait je connais un peu ton frère, et j'ai du mal à croire ce que tu crois peut-être. Peut-être devrait tu en parler avec ton frère? Car après tout cela ne me regarde absolument pas."

A la réponse de Méliz, Camille observa un instant la jeune Poufsouffle, qui venait de lui conseiller d'en parler à son frère. Elle s'était doutée de cette réponse, mais elle était déçue. Qu'attendait-elle ? Rien de particulier, mais tout sauf ça. Il lui était absolument impossible maintenant d'aller parler à William, même si Méliz venait de lui dire qu'elle ne pensait qu'il ait vraiment pu ... faire ça. Tiens, finalement, elle le connaissait un peu ? Camille laissa cette question de côté, son esprit était déjà assez embrouillé comme ça, pas la peine d'en rajouter. Elle pourrait toujours demander à son frère ... enfin ... quand elle serait décidée à lui parler. Ce qui allait sûrement prendre très longtemps, vu ce qui l'en empêchait.

- Je sais, mais ... J'ai l'impression que je pourrai plus jamais le regarder en face, maintenant ... En plus, qu'est-ce que je ferais s'il me disait que c'est la vérité ? Ou s'il se moquait de moi ? Non, je lui dirai rien ...

Camille repensa aux vacances d'été pendant lesquelles elle avait connu William et se dit que non, il ne se moquerait pas d'elle, mais ... ça ne changeait pas grand chose. La jeune Gryffondor sortit un mouchoir pour s'essuyer définitivement - ou du moins elle l'espérait - les yeux, il fallait qu'elle arrête de pleurer maintenant, c'était ridicule, on aurait dit une petite fille qui venait de faire un cauchemar ... Oui, comme quand elle était petite et qu'elle se réveillait en pleine nuit, en larmes. Sa mère venait toujours la consoler. La petite Backhand réalisa soudain que beaucoup de temps s'était écoulé depuis qu'elle avait pris par erreur l'escalier de la tour d'astronomie. Combien exactement, elle ne le savait pas, mais elle réalisait aussi qu'elle avait fait perdre autant de temps à la pauvre Méliz qui s'était sentie obligée de rester là, par gentillesse. Elle se mordit la lèvre puis s'adressa à la Poufsouffle, l'air un peu inquiet :

- Oh je suis désolée ! Tu étais venue pour avoir je sais plus quelle information, et je t'ai fait perdre beaucoup de temps ! Je suis vraiment désolée ... tu avais sûrement d'autres choses à faire ...

- Je sais, mais ... J'ai l'impression que je pourrai plus jamais le regarder en face, maintenant ... En plus, qu'est-ce que je ferais s'il me disait que c'est la vérité ? Ou s'il se moquait de moi ? Non, je lui dirai rien ...

Méliz ne savait plus trop quoi lui dire.. Après tout, c'étaient des histoires de famille, il valait peut-etre mieux pas qu'elle s'en mêle. Et puis, rien que de penser à William, elle rougissait! Vraiment elle se dégoûtait! Pourquoi rougir? D'ailleurs en cours, ca allait, il ne lui parlait pas, elle non plus. Camille resta pensive quelques minutes avant de sourire, gêner, à la petite Poufsouffle qui, à vrai dire, ne savait pas trop quoi dire, et ne voulait pas manquer de tact si elle ouvrait sa bouche.

- Oh je suis désolée ! Tu étais venue pour avoir je sais plus quelle information, et je t'ai fait perdre beaucoup de temps ! Je suis vraiment désolée ... tu avais sûrement d'autres choses à faire ...

Méliz lui sourit et leva les deux mains en guise de "non-non!"

" A vrai dire, je n'avais pas grand chose à faire, tu sais. A part poireauter un peu en attendant que le professeur soit disponible, et demander quelques informations inutiles puisqu'elles sont sur le panneau d'affichage."

C'était à moitié vrai. Si Méliz était la, c'était en partie parce qu'elle n'avait plus de devoirs, et pas grand chose à faire. Mais bien sur elle avait AUSSI dit cela pour réconforter la jeune Gryffondor.

" Ca va mieux? " Demanda t'elle avec un sourire.

Méliz lui répondit que non, en réalité, elle n'avait pas grand chose à faire, elle était venue pour demander au professeur des informations inutiles. Camille fit un sourire sans grande joie, elle savait bien que la Poufsouffle disait cela pour la réconforter ... Personne ne se serait donné la peine de montrer dans la tour d'astronomie demander quelque chose à un professeur, alors qu'il suffisait de consulter un stupide panneau d'affichage. C'était très gentil de la part de Méliz de dire ça, mais elle voyait très bien que ce n'était pas vrai. En même temps, elle ne pouvait pas répondre comme "évidemment que j'avais d'autres choses à faire, t'as vu combien de temps tu m'as fait perdre ?". Ça ne collait pas avec le visage de Méliz et la gentillesse dont elle avait fait preuve. A la limite, ça aurait pu coller avec celui de William qui bien que gentil avec elle pour être vraiment désagréable, froid et sarcastique envers certaines personnes, comme sa mère, par exemple ...

- Oui, merci ...

Camille avait pris une décision, elle allait éviter son frère pendant quelques temps, le temps de faire le point dans sa tête. Ensuite, elle verrait si elle lui en parlait ou pas, ça restait à voir. Elle ne savait pas combien de temps exactement elle allait esquiver William dans les couloirs et dans combien de cours communs à plusieurs années elle allait arriver à la dernière minute pour qu'il ne reste plus qu'une place au premier rang, puis repartir dès que la cloche sonnait pour ne pas avoir à répondre aux questions de son frère. Mais elle le ferait, elle était décidée à le faire, jusqu'à ce qu'il lui manque trop et qu'elle soit obligée de venir lui parler. La Gryffondor ne voulait plus faire perdre de temps à Méliz et pour le montrer, elle se leva, afin d'obliger la Poufsouffle à en faire de même. Une pensée lui traversa soudain l'esprit et elle demanda :

- Tu ne lui diras rien, n'est-ce pas ? A William ? S'il te plait ...

- Oui, merci ...

Chacun son tour de dire des choses fausses, dans l'unique but d'essayer de réconforter l'autre!!!! Méliz voyait bien que rien n'avait changé en Camille, mais tant pis, au moins elle avait fait son possible pour l'aider. Méliz adressa à la jeune Gryffondor un large sourire.

" Super, alors! Mais si tu veux parler, je suis la, d'accord? Enfin, je ne suis pas la seule, il y a ton frère, et plein d'autres gens! "

Elle lui adressa un large sourire.

- Tu ne lui diras rien, n'est-ce pas ? A William ? S'il te plait ...

Arrf.. Pourquoi y avait-t'il fallu que Méliz parle de William? Maintenant, Camille était surement persuadée qu'il s'était passé quelque chose entre Mél et Will ! C'était le cas, mais il ne fallait pas que sa soeur le sache! Méliz prit son air "il n'y a rien qui ne va pas tu te fais des idées " et lui sourit

" Ne t'inquiètes pas Camille, je ne lui dirais rien. D'ailleurs pourquoi je lui parlerais? On se voit peu je te l'ai dit! Mais tu as ma parole! Par contre je pense que tu ne devrais pas te taire a jamais. Si tu as des craintes, confies toi à quelqu'un, ok? "

En général, Camille était plutôt honnête, assez franche, elle n'aimait pas mentir. Lorsqu'un professeur lui demandait son devoir, elle ne disait pas qu'elle l'avait oublié, elle répondait qu'elle ne l'avait pas fait. La plupart des gens trouvaient ça stupide de sa part, mais d'après la fillette, c'était pas qu'ils ne saisissaient pas qu'une réponse honnête avaient une valeur beaucoup plus importante qu'un mensonge idiot sans aucun sens. Mais parfois, il fallait bien mentir, même un tout petit peu ... Dans la situation présente, Camille ne voulait pas retenir Méliz plus longtemps, alors elle ne disait pas la vérité, pour ne pas l'inquiéter. Et la Poufsouffle mentait aussi, un peu, c'était compréhensible ...

Méliz assura à Camille qu'elle ne dirait absolument rien à William, et que d'ailleurs, il n'y avait aucune raison pour qu'elle lui parle, puisqu'ils se voyaient peu. La Gryffondor en doutait un peu, ils étaient en deuxième année tous les deux, ils avaient donc les mêmes cours, non ? Mais bon, qu'ils se parlent ou pas, elle n'en savait rien et elle ne voulait pas le savoir. Enfin si, peut-être un peu, mais elle ne demanderait rien à personne. Lorsqu'elle lui conseilla de se confier à quelqu'un, Camille se contenta de hocher la tête, sans réfléchir. La jeune fille resta pensive quelques secondes puis prit la parole :

- Bon, j'allais encore te dire merci, désolée, tout ça, mais en fait ça finirait pas devenir répétitif. Elle fit un petit sourire et continua : Alors pour ne pas que ça s'éternise, je vais y aller, je pense ...

Elle se dirigea vers les escaliers, puis avant de franchir la porte, elle se retourna vers Méliz et ajouta :

- Merci beaucoup !

Puis elle descendit les marches sans s'arrêter, un peu rapidement, jusqu'en bas de la tour. Elle avait dit que ça serait répétitif, mais elle n'avait pas pu s'en empêcher malgré tout. Elle retrouva sans trop de mal le chemin de la salle commune de Gryffondor, il était presque l'heure d'aller manger, il fallait croire que ça avait duré longtemps ... N'ayant pas faim, elle alla se coucher, en essayant de ne pas trop penser au lendemain, où elle devrait éviter son frère dans le chateau ...