Retenue : Mathias Adams, troisième année (à l'époque)

[Voilà un sujet qui va sûrement s'avérer intéressant : Smith VS Adams, la suite...^^*]

[J'aimerai, avant que tu ne répondes ici, que tu réagisses tout de même dans le cours... afin que nous sachions à quoi nous attendre ici : Mathias va-t-il sortir du cours en se faisant remarquer? Sans un mot? Va-t-il relancer Smith? Bref.... quelques questions comme celles-ci...]

Arthur avait fixé la retenue du préfet-en-chef, dont il avait entre temps appris le nom complet : Mathias Adams, au lundi suivant, à 20h00. Le professeur espérait que l'élève aurait pu, autant que lui, réfléchir à la situation afin que celle-ci ne s'envenime pas plus. Pour le professeur, il était clair qu'il fallait faire table rase de la querelle qui les avait opposé en cours. Bien sûr, si le serpentard souhaitait en parler, le professeur Smith n'y était pas opposé... Mais il souhaitait avant tout que l'élèves puisse suivre le cours qu'il avait dispensé aux autres élèves, bien que difficilement.

Il avait convoqué Mr Adams dans son bureau, dans un des multiples couloirs du château. Arthur, habillé d'un costume de couleur blanche immaculée qui tranchait complétement avec ses cheveux corbeau et sa chemise couleur nuit -un bleu très foncé tirant sur le violet et le noir-, entra dans la petite pièce. Il y avait placé différentes bibliothèques très remplies -Arthur était un grand lecteur- et les fenêtres s'ouvraient, à cette heure, sur une nuit noire et inquiétante. Au centre de la pièce trônait un bureau simple, sur lequel traînaient quelques revues et journaux de Mr Smith. Il y mit rapidement de l'ordre et plaça correctement la chaise qui devait accueillir le serpentard. Le professeur s'assit et attendit en lisant.

Il ne manquait plus que l'élève... mais Arthur était pour le moment serein. Après tout, pourquoi aurait-il stressé? Il était le professeur... et rien ne pouvait le déranger durant la lecture d'un article intéressant.

Mathias n’était pas le type le plus ponctuel de la Terre. Bien que lui-même détestait devoir attendre, il avait toujours considéré qu’il pouvait se permettre le luxe de faire patienter les autres. Le rendez-vous qu’on lui avait fixé, ce soir, ne faisait pas exception. En plus, une retenue, franchement, pourquoi se serait-il pressé pour y aller ? Si encore ça avait été avec un autre professeur que celui de Soins aux Créatures Magiques, Arthur Smith...

Bref, bien que légèrement en retard de quelques minutes, le jeune Adams se dirigeait vers le bureau de l’enseignant qui l’avait convoqué. Il n’avait rien apporté, s’attendant à faire un truc manuel et chiant au maximum du genre nettoyer des médailles. Il s’imaginait bien Arthur Smith voulant exhiber devant son élève réfractaire les récompenses honorifiques que, Merlin sait comment, il avait réussi à obtenir. Quel meilleur moyen que de l’obliger à les astiquer de longues heures durant ? À moins que, dans l’espoir de l’humilier, Arthur Smith choisisse plutôt d’obliger le Préfet-en-Chef à se salir les mains en nettoyant les cages de créatures plus malpropres les unes que les autres... Quoiqu’il en soit, Mathias savait qu’il n’allait pas s’amuser, surtout qu’il serait seul.

Arrivé devant le local du plus têtu des professeurs de Poudlard, le Serpentard ne se donna pas la peine de frapper pour marquer son entrée et, puisque la porte était entrebaîllée, il la poussa tout simplement et pénétra dans la pièce.

Tout était soigneusement disposé. Chaque chose à sa place et chaque place a sa chose... Les murs, qu’on ne distinguaient pratiquement pas derrière les grandes bibliothèques qui cerclaient les lieux, entouraient l’objet principal de la salle : le bureau d’Arthur Smith. Comme un roi régnant sur des livres, le professeur de Soins aux Créatures Magiques avait installé son bureau de telle sorte qu’il était impossible de ne pas le voir, peu importe d’où on regardait. Comme quoi Monsieur aimait avoir le contrôle sur tout même dans l’intimité... D’ailleurs, le Monsieur en question était tranquillement assit, mais ce ne fut pas tant son attitude que son habillement qui accrocha l’attention de Mathias. Blanc... et, attention, pas un simple blanc coquille d’oeuf ! Non... C’était un blanc pur qui, s’il y avait eu d’avantage de lumière, aurait sans nul doute rendu aveugle n’importe qui...

Roulant des yeux en réalisant qu’il en avait pour minimum deux heures à supporter ce personnage ridicule, Mathias s’annonça finalement.

"Toc toc ? Désolé de vous sortir de votre passionnante lecture, mais nous avions rendez-vous. Quoique, si vous préférez que je vous laisse tranquille, je n’y ai pas d’objection..." , fit le troisième année même s’il savait pertinemment que la réponse ne serait pas positive.

Comme le visiteur qui s’impose, le jeune Adams n’attendit donc pas une quelconque réaction de son enseignant avant de s’avancer sans gêne. Juste pour titiller ce dernier, il adopta immédiatement l’attitude du type totalement dans son élément et se mit à toucher du bout des doigts tout ce qui se trouvait à sa portée, déplaçant ici et là un grimoire ou un presse-papier. Monsieur le roi des bouquins serait-il offusqué qu’on ose ainsi refaçonner l’ordre de son royaume ?

[Désolé pour le retard... -__-* Me voilà enfin!]

'... laissant au ministre de la magie indien le temps nécessaire pour prendre une décision sans risquer de s'opposer à l'ensemble de la communauté internationale...'
Soudain l'esprit du professeur de Soins aux créatures magiques fut détourné de l'article de ce journal spécialisé dans le traitement des relations diplomatiques entre nations, aussi bien moldues que sorcières.

"Toc toc ? Désolé de vous sortir de votre passionnante lecture, mais nous avions rendez-vous. Quoique, si vous préférez que je vous laisse tranquille, je n’y ai pas d’objection..."
Mr Smith leva lentement les yeux de son journal tout en le posant sur son bureau. Il observa un instant le jeune homme qui se tenait devant lui. Avec ses cheveux châtains tirant sur le brun et son uniforme, Mr Adams aurait pu être un élève comme les autres, mais ses yeux reflettaient son caractère plutôt rebelle et moqueur, que le professeur, il est vrai, avait pour le moment bien du mal à comprendre. Il s'était demandé, après le cours plutôt agité qu'il avait fait subir aux troisième année, comment il devait réagir face à ce jeune homme plutôt imprévisible. S'il tentait d'être conciliant, il passait pour un hypocrite. S'il s'énervait, pour un homme ne sachant pas garder son calme lorsqu'il le fallait. Quoi qu'il fasse, Arthur Smith pensait que le préfet-en-chef aurait toujours quelque chose à lui reprocher... Alors justement, que faire?

Le professeur Smith s'était simplement dit qu'il resterait fidèle à qui il était, s'énervant s'il le pensait nécessaire ou étant calme et posé lorsqu'il le souhaitait. Rester lui-même était peut-être la meilleure solution pour être critiqué pour ce qu'il était réellement.
Mais Arthur Smith en oubliait de saluer l'élève en retenue. Il prit donc une inspiration, voyant Mathias Adams s'agiter devant son bureau, touchant à tout ce qui traînait en ordre dessus.
"Bonjour, Mister Adams. Asseyez-vous."
Il désigna un chaise du doigt tout en se relevant. Il rassembla les journaux et les livres traînant sur le bureau -afin, entre autre, de les subtiliser aux mains de son élève-, puis il se tourna vers une bibliothèque possèdant un placard au ras du sol. Il voulut marcher vers cet endroit, mais se rappela au dernier moment de sa canne au globe. Elle était appuyée au bureau, et il mit tous les livres sous son bras gauche et, s'appuyant sur la cane ouvragée, il boitilla vers le placard, qu'il ouvrit. Il y régnait un ordre plutôt agaçant pour ceux qui n'avaient pas un amour des choses bien faites comme Arthur : sur la première étagère étaient entreposés les journaux que l'homme n'avait encore lu, sur la seconde, celle du milieu, des livres, classés par ordre alphabétiques, attendaient d'être soit rangés dans les bibliothèques, soit lus ou utilisés par le professeur Smith.
Smith classa conscientieusement chaque chose à leur place.

Puis il se redressa et s'assit à nouveau dans son fauteuil. Là, il dit enfin :
"Bien, j'ai prévu de rattraper le cours que vous n'avez pu suivre. Avez-vous pris de quoi noter? Ca n'est pas obligatoire, mais si vous voulez pouvoir réaliser le devoir et ne pas vous retrouver à nouveau en ma compagnie, je vous conseille de prendre quelques notifications..."

Lors qu’Arthur Smith désigna un siège à Mathias, ce dernier ne se fit pas prier, ayant hâte d’en finir. C’est d’un pas nonchalant qu’il s’éloigna des affaires de l’enseignant pour se diriger vers l’endroit indiqué, avant de se laisser choir sur la chaise de bois visiblement mise là à son intention. Assis le plus confortablement possible, compte tenu du peu de luxe qu’offrait le banc en érable – c’est à dire qu’il était plutôt avachi, le jeune Adams croisa les bras et observa son professeur remettre en ordre ses affaires avec un mince sourire moqueur.

Le Serpentard ne fit pas un geste pour venir en aide à l’homme face à lui lorsque celui-ci démontra quelques difficultés à parvenir à son armoire. Les handicapés aimaient qu’on leur laisse leur indépendance, non ? Qu’il n’essaie pas de faire pitié, ça ne prendrait pas avec le Préfet-en-Chef... Le jeune homme, déjà peu porté à avoir ce genre de scrupule, gardait à l’égard du professeur trop de rancune pour seulement envisager l’idée de l’aider.

De son point de vue, Mathias ne pouvait distinguer l’ordre, encore plus maniaque que celle régnant dans le reste de la pièce si cela était possible, avec laquelle Arthur Smith avait rangé son placard. Heureusement, car il n’aurait pas manqué de se faire, mentalement, nombre de commentaires peu aimable au sujet de l’enseignant de Soins aux Créatures Magiques... Il se contenta d’observer en silence la minutie de l’handicapé alors qu’il plaçait, apparemment, parfaitement chacun de ses objets. Cela fait, il se redressa finalement pour revenir vaquer à ce qu’il aurait dû prioriser : la retenue de son élève. Il aurait quand même pu faire son ménage avant l’arrivé de Mathias... Quoique, ce devait être un gros effort pour lui de se retenir de faire le ménage...

Quoi ? Rattraper le cours ? Mais pourquoi il lui avait demandé de sortir de la classe si c’était pour lui répéter ce qu’il avait manqué ensuite !? Tu parles d’un châtiment... Où étaient passées les tâches répétitives et barbantes à souhait que les professeurs aimaient tellement leur infliger, en leur refusant l’usage de la Magie, évidemment ? Arthur Smith était vraiment un type hors-norme...

"Je m’attendais à une tâche plus... manuelle. Alors, non, je n’ai rien apporté pour écrire." , répondit posément le Serpentard, s’assurant de ne pas prononcer un mot plus haut que l’autre.

Ses paroles mesurées ne masquèrent cependant pas ce que l’adolescent ne cherchait pas à cacher dans son attitude. À savoir, il n’avait aucune envie d’être là ! Pourquoi faire semblant de toute façon. D’accord, il allait faire ce que l’enseignant lui disait, mais certainement pas plus ! Et s’il espérait voir Mathias de bonne humeur, il allait être déçu...

[D'accord, j'ai déjà fait plus long... Mais c'est mieux que rien. ]

[Il va falloir, pour finir, éluder le cours que j'avais prévu. Cependant, nous avons besoin de savoir quelles vont être les relations entre Smith et Adams... Aussi je me permets de retarder un peu le début du cours... ]

Arthur Smith prit rapidement le temps d’observer son élève après qu’il eut parlé du programme de leur retenue. Celui-ci, qui avait observé le professeur –Smith avait senti son regard pesant sur lui alors qu’il rangeait ses affaires-, était maintenant pris au dépourvu par ce programme si « étrange » et cela se ressenti lorsqu’il dit :
« Je m’attendais à une tâche plus... manuelle. Alors, non, je n’ai rien apporté pour écrire. »

Pour Arthur, cependant, cette tâche semblait tout à fait normale. Lorsqu’on ratait un cours, il était nécessaire de le rattraper. Le professeur de Soins aux Créatures Magiques mettait un point d’honneur là-dessus : ses élèves devaient avoir les connaissances requises pour passer comme il se devait leurs futurs examens. Bien sûr, Smith était resté très attaché à son métier de magizoologue. Il aimait le terrain et souvent il se disait que dès que ses jambes seraient d’attaque, il quitterait Poudlard pour se remettre aux recherches. Mais d’un autre côté, s’il avait été choisi pour enseigner cette matière, c’était aussi parce qu’il avait su transmettre dans sa demande son envie d’enseigner, qui était réelle. En effet, il avait toujours voué une certaine admiration pour les professeurs qu’il avait eus. Leur ressembler avait été un rêve longtemps inavoué. Inavoué parce qu’il avait été mauvais, à ses débuts à Poudlard. Durant plusieurs années, brimé par un sentiment de culpabilité transmis par sa mère, sa magie n’avait pu se développer comme il se devait. Et puis lorsqu’il avait réussi à briller enfin, il avait vite oublié ce genre d’envie, avant de la retrouver lors de sa convalescence. Transmettre les connaissances qu’il avait acquises grâce à son expérience et à ses études, c’était une chose qu’il trouvait vraiment magnifique. Et même s’il devait faire des heures supplémentaires pour donner cours, il le ferait.

Arthur Smith avait ainsi deux facettes. D’un premier abord, il pouvait sembler un peu distant par rapport au métier qu’il exerçait. Il retournait souvent à Londres voir ses amis et passait beaucoup de temps à flâner dans les rues de Pré-au-Lard. Mais, au fond, il souhaitait vraiment réussir dans sa mission instructive. C’était une sorte de défi par rapport à lui-même : réussirait-il à faire aimer la SCM à ses élèves ? Bref… Arthur concevait donc cette retenue plus comme une aide pour Adams qu’une colle laborieuse. Il dit ainsi à son élève :
« J’y ai réfléchi et je pense que reprendre le cours sera pour vous bien plus constructif que de classer mes livres : je ne vois vraiment pas ce que cela pourrait vous apporter de connaître mes goûts littéraires. Vu les échanges que nous avons eu la semaine précédentes, je suppose par ailleurs que cela vous passe bien au dessus. »
Le professeur Smith eut un sourire conciliant.
« C’est pourquoi j’ai choisi de profiter de ces deux heures qui nous sont données pour vous permettre de vous mettre au niveau de vos camarades qui ont suivi mon cours entièrement. Par ailleurs, j’aimerai discuter rapidement avec vous de la manière dont nous devons nous comporter à l’avenir en cours. »

Il avait prononcé sa dernière phrase dans un souffle, de manière presque chantée. Arthur Smith avait beaucoup exercé le théâtre, au point de réussir difficilement à cacher ses émotions. Et à ce moment, il avait été clair qu’il n’était pas très à l’air concernant cette « discussion ». Il avait très peur de faire à nouveau une erreur. Il ne pensait pas pouvoir un jour apprécier réellement Mathias Adams et il pensait que ce serait réciproque. Mais s’ils pouvaient avoir des relations respectueuses en cours, ce serait vraiment la moindre des choses. Il voulait réussir et avait beaucoup réfléchi. A présent, il pensait que lui aussi avait dû commettre des erreurs ce jour-là pour que ses élèves se braquent à ce point. S’il avait appuyé la première personne du pluriel dans ses dernières paroles, c’était bien entendu pour souligner le fait que la faute était partagée et que chacun devait se remettre en cause. Il espérait que tout se passerait bien.

Il ajouta :
« Si vous êtes d’accord avec ce programme, nous commencerons… Mais si vous souhaitez vraiment effectuer une tâche plus manuelle, je peux toujours vous trouver quelque chose à faire, ce n’est pas ce qui manque. »
Puis il sortit sa baguette magique ainsi qu’une théière et la remplit avec une formule d’un thé fumant. Il ajouta deux tasses à la vaisselle sortie sur son bureau et se servit. Si Adams en voulait, il se servirait : Smith ne voulait pas que son élèves se sente blessé que Smith boive seul mais il était hors de question qu’il se rabaisse totalement à lui proposer du thé !

Arthur Smith avait beau se justifier, avoir des arguments quant au pourquoi il voulait faire reprendre la matière à l’élève qu’il avait lui-même empêché d’apprendre ladite matière, Mathias considéra tout de même idiot de devoir subir ce stupide cours plutôt que d’avoir une retenue dans les normes, qui lui aurait permis de ne pas coexister étroitement avec le professeur de SCM trop longtemps. Un long résumé d’informations à faire en devoir supplémentaire n’aurait-il pas suffit ? De toute façon, peu importe la décision d’Arthur, il ne pouvait qu’avoir tord ! Cet espèce de vieux croûton mal embouché...

Ah voilà, on y venait... Il voulait discuter de la manière de se comporter dans les futurs classes de Soins aux Créatures Magiques... Pourquoi l’utilisation du ‘nous’ ? Mathias n’avait strictement rien à se reprocher ! C’était quoi aussi cette lubie de toujours vouloir avoir raison et cette obsession des noms ? Le Préfet-en-Chef n’avait jamais connu d’enseignant qui ait fait une telle montagne avec un si petit rien...

Le directeur des Gryffondors ne semblait pas apprécier la situation. Pourtant, il en était le créateur... Masochiste le Smith ? Mathias se sentait particulièrement flatté d’imaginer que c’était à cause de lui qu’Arthur était hésitant, mal à l’aise. Il va s’en dire qu’il ne fit donc absolument rien pour tenter de rassurer son enseignant. Les bras croisés, le visage neutre, il avait silencieusement écouté le blabla de l’adulte et, lorsqu’il marqua une pause, la seule réponse de Mathias fut un reniflement arrogant. Arthur allait devoir se creuser davantage la cervelle pour s’attirer un minimum de respect de la part de son élève...

Le professeur de SCM ajouta encore quelque chose. Quoi ? Sérieusement ? Il lui donnait le choix entre la théorie et un travail manuel ? Alors voyons voir... Écouter la voix de Smith durant d’interminables heures ou effectuer une tâche silencieuse si barbante que, la tête ailleurs, on en oublie le temps qui passe ? Supporter le visage et les mimiques de Smith ou pouvoir en ignorer totalement la présence ? Le connu qui avait mené à une retenue où l’inconnu qui ne pouvait être que moins risqué ? Pas besoin de réfléchir pendant des heures ! Même pas une minute en fait.

"Si vous m’offrez le choix, je prends la tâche manuelle." , répondit Mathias, satisfait bien qu’il ne le montrait pas. Il n’allait quand même pas offrir un grand sourire à Smith... Son visage demeura neutre, malgré son ravissement d’avoir marqué un point contre l’enseignant qui regrettait probablement, en ce moment, de lui avoir proposé de choisir. Pas terrible sur la discipline de laisser ses étudiants choisir...

Sympa, on ne lui offrait pas de thé à lui ? Arthur avait sorti deux tasses, pourtant, il buvait seul. Alors comme ça, dans la famille Smith, on apprenait à développer une paranoïa envers les gens qui ne déclinaient pas leur identité, mais on sautait les bonnes manières telles que proposer du thé à son hôte ? À moins que Smith soit si givré qu’il ait un ami imaginaire et que la seconde tasse lui soit destinée...

Arthur Smith se trouva fort dépourvu lorsque son élève, qui était resté impassible en l'écoutant, lui annonça qu'il préférait encore une tâche manuelle que de reprendre le cours avec lui. Un instant, on put lire le doute sur son visage lorsqu'il se dit :
*Quel type imprévisible ! Moi qui pensais que n'importe quel humain normal doté d'intelligence comme cela semble être le cas pour Adams préfère une tâche intellectuel qu'un travail bête et méchant...*
Le jeune homme ne cessait de le surprendre. Si cela avait été une autre personne, dans une autre situation, le professeur Smith aurait sans doute trouvé cette répartie amusante et aurait pu sourire des mots d’Adams. Il montrait une grande intelligence dans sa manière de chercher les failles de son professeur –qu’il trouvait. Arthur Smith s’en voulut plus encore de s’être mis cet élève à dos. Comment une nouvelle fois s’en sortir ? Chaque fois, Mathias trouverait les plus petites erreurs de Smith… qui lui, décida de ne pas se laisser aller au doute.
*Je suis visiblement moins fort que lui à ce jeu-là… Mais cela ne veut pas dire qu’il gagnera.* pensa-t-il avant d’ajouter :
« Bien. Dans ce cas, vous me préparerez, en plus du devoir dont vos camarades ont hérité, un essai commenté sur le Runespoor. Celui-ci devra faire au minimum quatre-vingt-cinq centimètres de parchemin. »

Arthur Smith prit le temps de boire une gorgée de son thé noir aux épices dont l’odeur fine commençait à prendre le pas sur celle de vieux livre dans le bureau aux murs tapissés de bibliothèques. Puis, toujours s’adressant à Adams, il continua :
« Cette question réglée, il va falloir vous trouver une occupation. »
Un léger sourire passa sur son visage lorsqu’il dit :
« Je dois vous avouer que je suis légèrement surpris de votre goût pour les occupations manuelles, au point que je n’avais rien prévu de spécifique pour vous… »
Arthur Smith se disait qu’à ces paroles, Mathias Adams allait sans doute jubiler : à vrai dire, il entendait là son professeur avouer qu’il avait encore une fois touché une de ses faiblesses…
« … mais je vais arranger cela, ne vous inquiétez pas. »

Il ne lui fallut qu’un instant pour trouver la tâche qu’il allait confier à son « élève préféré ». Il allait lui annoncer ce qu’il l’attendait lorsque, jetant un regard à la seconde tasse de thé, rapidement et d’un ton froid, il souffla :
« Servez-vous avant qu’elle ne refroidisse. »
Et il enchaîna directement, se demandant lui-même ce qui avait motivé ce brusque revirement :
« Puisque vous souhaitez effectuer un travail éminemment inutile et harassant, vous commencerez par remettre en ordre quelques-unes de mes notes. »
Le professeur de Soins aux créatures magiques sortit sa baguette et, d’un mouvement vif, il la dirigea vers un des placards qui constituaient le bas des bibliothèques. Un tas de feuilles plutôt imposant en sortit, lévitant lentement.
« Chaque page est datée et porte un numéro. Je vous demanderai de classer tous ces parchemins avant de les trier selon le sujet auquel il se rapporte. »
Comment Smith avait-il trouvé ce travail idiot ? Simplement, il s’était souvenu d’une des retenues qu’il avait effectuée en deuxième année : son professeur de potions l’avait sommé de classer ses bocaux de potions par ordre alphabétique dans des étagères. Les bocaux étaient bien sûr crasseux et illisibles et semblaient avoir été rangés de sorte que l’ordre alphabétique soit justement non respecté. Ce souvenir lui avait fait se souvenir de ses notes relatives à des conférences qu’il avait suivi à Londres ou des livres qu’il avait lu. Il lui aurait suffit d’un coup de baguette pour que ce tri soit fait… mais cette fois, Adams ferait lui-même le tri de ces pages claires et bien organisées, remplies par l’écriture fine et légèrement penchée d’Arthur Smith.

[Bon… Voilà une réponse de faite… Bien entendu, je pense que ça n’est pas génialissime… Mais au moins, elle est faite et nous pourrons avancer… Histoire de finir ce sujet avant ta septième année ! -__-*]

Tout comme l’héritier Adams l’avait souhaité, sa répartie déstabilisa l’enseignant de Soins aux Créatures Magiques. Oh, ce n’était pas flagrant ! Mais le léger doute qui s’insinua sur les traits de l’adulte pendant quelques secondes fut rapidement détecté par le Serpentard qui cherchait justement à provoquer pareil expression. L’orgueilleux adolescent ne dissimula d’ailleurs pas vraiment le furtif sourire satisfait qui joua sur ses lèvres. Demi-sourire qui fut rapidement effacé à l’entente de la réponse d’Arthur Smith...

Quatre-vingts cinq centimètre de parchemin ? Quatre-vingts cinq ??? Quitte à y être, fallait pas se retenir pour quinze centimètres et carrément lui en demander un mètre ! Ou pourquoi pas lui demander de réaliser une thèse sur le sujet, tiens ! À moins de foutre trois ou quatre adjectifs à tous les noms, c’était impossible de trouver suffisamment de matière sur le Runespoor pour remplir autant de lignes, franchement...

Mathias serra les dents en regardant le professeur prendre dignement une gorgée de son thé. Il s’imaginait à quel point ç’aurait été jouissif de lui faire exploser le crâne. Sa cervelle grise et son sang bourgogne dégoulinants sur son si jolie costume couleur de neige... Tout à ses pensées meurtrières, il lui fallut un moment avant de percuter à ce que le sorcier venait d’annoncer.

Trouver une occupation ? Rien prévu ? Arranger ça ? Minute... Parce qu’écrire un parchemin de quatre-vingts cinq centimètre, ce n’était pas ça, sa retenue ? Il avait choisi le travail manuel, oui, mais c’était pas pour en faire EN PLUS d’autre chose ! S’il avait su... Rah ! Comment avait-il pu se faire avoir de la sorte par cet idiot de Smith ? Il devait bien ricaner, intérieurement, le directeur des Gryffondors... « J’ai marqué un point contre Mathias Adams ! Hi hi hi ! » Ah ah ah... Ce n’était que partie remise !

Le Préfet-en-Chef, qui n’avait pratiquement pas bougé depuis qu’on l’avait invité à s’asseoir, ne broncha pas davantage lorsqu’on lui proposa une tasse de thé. Ah ben quand même, il avait mit le temps, Arthur, avant de faire preuve de savoir vivre ! Mais qu’importait... De toute façon, si le jeune Adams touchait à cette théière, ce serait pour l’éclater contre l’énorme tête de son enseignant de SCM. Il valait donc mieux qu’il continue de jouer les statues...

Ce fut avec une certaine surprise que le troisième année entendit tomber sa seconde sentence. De ce qu’il avait pu constater chez Arthur Smith, ce n’était pas le genre d’homme a accepter qu’on fouille dans ses affaires, compte tenu du risque de ne pas reclasser les choses correctement. N’était-ce pas un maniaque de l’ordre ? Et il acceptait de ne pas ranger ses choses lui-même ? Alors, soit Mathias s’était trompé sur son compte (ce qui était peu probable, l’héritier Adams ayant toujours raison !), soit il lui faisait faire cette tâche pour ensuite la refaire à sa façon. Conclusion, on lui demandait carrément de travailler dans le vide !

Sans dire un mot, Mathias jeta un dernier regard haineux en direction de l’ancien Gryffondor avant de se pencher sur la monstrueuse pile de parchemins qui trônait sur la table de travail devant lui. Il se mit ensuite à la tâche, bien décidé à en finir le plus vite possible. Était-ce de l’obéissance ? Loin de là ! Car si les mains de l’héritier Adams faisaient leur devoir, son imagination était à des lieux de cette besogne fastidieuse, quelque part où Arthur Smith se retrouvait à genoux, suppliant...

[J'ai pas l'impression que la situation va aller en s'améliorant... ]