Une vengeance à point

Seth ajusta imperceptiblement son centre de gravité pour maintenir stable la haute pile de livres dans ses bras. Les livres prennaient tellement de place qu'il voyait à peine devant lui. Il avait peut-être un peu trop ambitionné sur le nombre d'encyclopédies... mais s'il voulait avoir de quoi s'occuper pendant les prochains jours, il n'avais pas vraiment le choix. Ses jours passés à jeter des sorts aux autres élèves avec Abi-... ses jours-là étaient terminés pour lui. Oh, il avait bien tenté l'expérience en revenant de vacances, mais le plaisir que lui prodiguait cette activité était teinté d'amertume maintenant. Il ne pouvait s'empêcher de revoir tous les visages en larmes qu'ils avaient provoqués, la jeune Serpentard et lui, et il ne pouvait s'empêcher de penser que rien ne s'y comparerait jamais.

Ils s'étaient disputés avant la fin de l'année scolaire et il avait eu l'occasion de le regretter amèrement pendant les vacances. Sa nouvelle famille d'accueil (son ancien orphelinat ayant pris feu pendant l'année scolaire précédente) s'était révélé être une famille de fermiers moldus qui ne connaissaient rien de la magie. Ils étaient aussi innoffensifs que des Poufsouffles (et aussi naïfs d'ailleurs), mais leur adoration pour le travail manuel n'était pas tout à fait au goût de Seth. Le soir, brûlé par le soleil et éreinté par tout ce qu'il avait accompli pendant la journée, ses pensées se tournaient parfois vers son ancienne amie. Il surprenait même quelques fois son regard se promener en direction de la fenêtre en l'attente d'un hibou qui ne viendrait jamais pour le libérer de son labeur pendant quelques semaines. Le plus dur avait surtout été de réaliser le fait qu'il était tombé amoureux de la jeune fille pour réaliser dans les minutes qui avaient suivies que, non seulement ses sentiments n'étaient pas retournés, mais qu'ils étaient trop différents pour qu'une telle relation fonctionne entre eux. La preuve, ils avaient échoués lamentablement avec leur amitié. C'était probablement en grande partie sa faute puisqu'il n'avait jamais eut de véritable ami auparavant. Les choses n'avaient jamais été aussi compliquées avec Lola que ce soit parce qu'il n'en était pas amoureux ou parce qu'elle était une Gryffondor, il n'en avait aucune idée. Tout ce qu'il savait, c'est qu'il n'était pas prêt à revivre une telle expérience et donc, il vallait mieux pour lui d'éviter tout contact avec les autres. Se couper totalement du monde extérieur n'était sans doute pas une solution, mais cela lui permettait au moins de s'acheter du temps pour en trouver une autre. Ne disait-on pas qu'avec le temps, les blessures s'atténuaient? Seth l'espérait bien parce qu'avoir un coeur brisé n'était vraiment pas agréable.

Avec aise, il leva un peu plus haut sa pile de livre et évita un élève qui avait échappé son sac au sol. S'il y avait un côté positif à cet été de travaux extérieurs, c'était bien que sa musculature s'était développée et que sa peau avait prit une agréable teinte bronzée. Malheureusement, il n'avait pas vraiment grandit, mais comme il ne cotoyait plus la jeune Serpentard qui était plus grande que lui, cela n'avait plus grande importance.

Sortant de ses pensées, il s'aperçut qu'il devrait redescendre d'un étage pour atteindre la tour des Gryffondors. Maudissant les escaliers qui changeaient constamment de position, Seth retourna sur ses pas et commença à descendre. Levant les yeux, il aperçut Lola qui venait de la direction opposée. Il grimaça intérieurement. Depuis qu'il s'était promis de ne plus ouvrir son coeur à personne, il ne savais plus trop comment agir avec Lola. Elle ne lui avait rien fait de mal, mais il ne voulait pas prendre de chance. Il évitait donc d'être seul avec elle et se montrait légèrement plus distant... mais vu le contact qu'il avait avec ses autres camarades de classe, en comparaison, il était un vrai moulin à parole avec elle.

Seth se fit brutalement sortir de ses pensées par un élèves qui le dépassa en le bousculant. Ajustant sans trop y penser son centre de gravité une nouvelle fois afin de garder intacte sa pile de bouquins, le jeune Gryffondor se retint de justesse de faire trébucher l'impoli avec son pied. Cela ne lui amènerait aucune satisfaction et, de toute façon, il avait bien mieux à faire... comme trouver ce qu'il pourrait bien dire à Lola lorsqu'ils seraient à la même hauteur.

[Désolé pour l'attente... De toute façon, je fais que passer !]

Mathias ne se considérait pas lui-même comme étant foncièrement borné. Il lui arrivait même d’être magnanime... Principalement avec les filles, d’accord, mais tout de même. Généralement, il arrivait à se faire respecter sans avoir autre chose à faire que d’user de quelques phrases bien choisies. Ainsi, lorsqu’il usait de la Magie contre quelqu’un, ce n’était habituellement pas parce que cette personne lui avait fait quelque chose, à lui. C’était plutôt un jeu, quelque chose qui les faisait rire Norbert, Lucas et lui.

Il y avait cependant, comme dans toute chose, des exceptions. Seth Chrno était l’une de celles-là. Peut-être était-ce parce qu’il était suicidaire... Ou alors, peut-être était-il trop stupide pour réfléchir avant de foncer tête baissée dans les problèmes (Un vrai Gryffondor quoi !)... Quoiqu’il en soit, il avait osé ne pas se laisser impressionner par Mathias. Pire, il lui avait ouvertement tenu tête. Et pire encore, il l’avait fait en tentant de le défigurer ! Quand Ryan Tyler avait tenté quelque chose du genre, en voulant jouer les braves malgré sa paralysie, il avait eu le droit à une punition bien méritée... mais pour Chrno, qui était aller beaucoup plus loin, ce serait bien pire. Mathias s’était promis qu’à chaque fois qu’il croiserait le Gryffondor, ce dernier en ressortirait avec quelques bosses en plus...

Ce jour-là, le Préfet-en-Chef n’avait rien prévu de spécial. Néanmoins, il ne pu rater une si belle occasion lorsqu’il vit Chrno passer un peu plus loin devant lui. Les vacances d’été n’avait pas rendu le Serpentard plus clément face à l’autre garçon. Ce n’était pas tellement par haine que par principe qu’il devait faire de la vie scolaire du Gryffondor un cauchemar... Comme s’il avait eu le mauvais oeil...

L’héritier Adams n’eut pas tellement besoin d’être discret pour suivre le deuxième année. Ce dernier étant, en effet, bien trop absorbé par l’énorme pile de livres qu’il trimbalait pour se concentrer sur quoique ce soit d’autre. Lorsqu’il vit Chrno entreprendre de descendre un escalier, le Serpentard su que le moment était idéal. Se mêlant à la foule, il sortit sa baguette magique.

À mi-voix, Mathias prononça le Maléfice du Croche-Pied, un mince sourire malsain aux lèvres. Il est étonnant de constater, parfois, qu’on a pas besoin d’un sortilège puissant pour obtenir un résultat fracassant... La chute du Gryffondor fut spectaculaire.

Sans plus s’intéresser à l’adolescent désormais blessé lorsqu’il se fut immobilisé, le Préfet-en-Chef tourna les talons et s’éclipsa, ni vu ni connu.

[Je suis pas entièrement satisfait de mon message, mais je voulais pas non plus faire bouger vos persos à votre place, d'où la fin un peu boiteuse. Donc, en fait, Seth, à toi de voir à quel point ton personnage a morflé. ^^]

Tu me laisses le choix? lol je suis pas sûr que ce soit une bonne idée

Ils se rapprochaient de plus en plus... que lui dire? Seth se dit qu'il verrait bien ce que ELLE ferait et qu'il improviserait ensuite lorsqu'il perdit l'équilibre. Il eut à peine le temps de se poser des questions puisqu'il était presque certain d'être stable même avec son énorme pile de livres qu'il tombait déjà. Il essaya d'éviter Lola, mais ce fut en vain. Il s'effondra partiellement contre elle, ses bouquins volant en tout sens. Il reçu une encyclopédie sur les herbes curatrices sur la tête et, comme la jeune Gryffondor avait dû essayé de retenir en vain sa propre chute, elle lui tomba lourdement dessus. Légèrement confus sur comment une telle chose avait pu se produire, Seth essaya tant bien que mal de ne rien se casser dans cet escalier qui ne semblait plus finir. Chaque marche lui donnant un coup sec sur le corps.

Les deux Gryffondors manquèrent de peu d'entraîner tous les autres élèves sur l'escalier à leur suite et certains tombèrent malgré tout. Ils s'effondrèrent finalement dans un tas de jambes et de bras mêlés au bas des marches, Seth en bas de la pile. Lui qui ne voulait pas attirer l'attention, c'était raté.

Aie, pratiquement aucune partie de son corps ne lui faisait pas mal, mais il commençait à en avoir l'habitude puisque c'était assez courant depuis qu'il était à Poudlard. Ignorant la douleur, il tenta de se lever, mais avec des élèves sur le dos, ce n'était pas une si bonne idée et il dut se résoudre à attendre. Il fit un bref bilan de ses blessures et constata que son poignet gauche était, au mieux, foulé et qu'il s'était fendu la lèvre. Il ne pouvait pas trop juger de ses jambes, mais il était presque sûr que sa cheville droite n'allait pas trop bien et qu'il se l'était tordu en tombant. Il verrait mieux l'étendu des dommages lorsqu'il se relèverait.

Topic ouvert à tous pour la pile humaine!!!

Seth tourna la tête pour voir pourquoi les autres tardaient à se lever. Il croisa le regard de Lola... Avec sa chûte, il en avait presque oublié sa présence. Il l'entendit s'excuser et lui demander si tout allait bien.

- 'J'ai connu pire... tu n'es pas aussi pesante qu'un arbre, tu sais?' lui dit-il d'un ton légèrement amusé pour alléger l'atmosphère. Il se rappela trop tard qu'il ne lui parlait plus. Il avait décidé de couper tous ses liens avec les autres l'année passée, mais sûrement... sûrement n'y avait-il aucun danger de se faire trahir ou blesser émotionnellement par Lola? En autant qu'il garde une distance prudente entre eux, il n'y aurait peut-être pas de danger...

Un mouvement brusque dans le poids sur ses jambes le fit grimacer de douleur. Si sa cheville n'était pas foutu avant, elle l'était maintenant.

- 'Aie, c'est ma cheville ça! Enlève-toi de là, ou je m'arrange personnellement pour que tu passes le restant de ta vie à manger par une paille!!' lança-t-il avec fureur à une troisième personne qu'il ne voyait pas très bien, étalée sur Lola et, surtout, sur sa cheville blessée. Il aurait bien volontier jeté un sort sur l'imbécile qui lui causait du tort, mais l'angle de tir n'était pas idéal... pour le moment du moins.

Devant, derrière, à droite et à gauche, les issues étaient toutes bouchées par des élèves plus curieux que logiques. Forcément, quand on rentre mais qu’on ne sort pas, surprise, y’a des bouchons ! La marée humaine ne réduisait donc pas d’intensité et l’impatience de la jeune fille non plus. Les élèves ont-ils un cerveau ou faut-il qu’ils le demandent en option ? Les élèves s’aventuraient sur l’escalier mais plutôt que de passer leur chemin, ils restaient à contempler le massacre, créant ainsi de grosses bousculades du côté de ceux qui voulaient sortir et de gros tas d’élèves de chaque côté de l’accident. Très irritée à la suite de violentes bousculades n’ayant pour but que d’écraser ses jolis pieds, la jeune Oneglia sortit sa baguette, décidée à en finir avec ces idiots. Elle visa au hasard un élève plus loin, murmura la formule donnant à sa victime, de méchants furoncles et observa le résultat. Pratiquement instantanément, la masse se dissipa pour se jeter sur une autre se formant aux côtés du malchanceux. C’était pour le bien de l’humanité. Pour son bien.

Moins oppressée, la jeune fille lança un regard sur le Gryffondor. Bien qu’elle s’entêtait à l’éviter et à se rassurer sur ses sentiments vis-à-vis de lui (elle ne l’aimait pas… Ou si…Peut-être ? Non ? Erf, ben si.), elle ne s’empêchait pas de le reluquer à la moindre occasion. Paradoxe de la logique féminine. Son indifférence à son sujet n’était purement qu’administratif. Il n’y avait plus de colère noire à son égard, mais plutôt de la déception mêlée à une colère très atténuée. Mais cela n’était rien comparé à l’envie d’un nouveau départ avec lui. On se rend compte toujours trop tard combien les amis sont importants. Si ces regrets étaient insupportables, elle ne faisait rien pour y mettre un terme, ayant pour excuse sa fierté. Alors, elle continuait à se persuader qu’elle ne voulait plus jamais avoir affaire à lui et que le sentiment qui lui réchauffait les intestins quand elle le voyait, n’était rien d’autre que de la colère.

Après quelque secondes d’observation appuyée, la jeune fille détourna son regard de Seth pour le poser sur un des deux autres maladroits, le Poufsouffle. Le Blaireau semblait tellement bien sur les genoux des Gryffondor qu'il ne voulait –ou ne pouvait- plus en décoller. Elle entendit vaguement les injures de Miss Davidson pendant qu’elle observait le sujet de ces insultes.Son teint verdâtre n’aspirait à rien de bon. Soit c’était la honte mêlée à la peur qui le figeait, soit c’était un sortilège. Dans ce cas-là, la jeune fille optait plutôt pour la seconde supposition. La Troisième Année jeta un coup d’œil aux alentours et remarqua que le Serpentard, l’instant d’avant étalé parterre, avait disparu. Jugeant cela nullement suspect (quel Serpentard trouverait cette situation agréable ?), elle tira sa baguette discrètement et entreprit d’aider le malheureux. Elle agita alors imperceptiblement sa baguette sous sa manche et murmura le contre-sort. ‘Enervatum !’’ Le garçon comme sortit d’un cauchemar, se mit à rougir et bondit littéralement hors des jambes des Gryffondor. Abigaël rangea sa baguette. Elle ignorait ce qu’il l’avait poussée à agir ainsi. Sûrement la pitié : à la place du garçon, elle aurait elle aussi souhaiter que quelqu’un lui vienne en aide. Ou alors pour aider un ancien ami... Bien qu’ils ne se parlent plus, elle y tenait toujours. Malgré le coup de poignard donné dans sa fierté, elle l’aimait toujours…

Les chuchotements et les ricanemenTs redoublèrent pendant quelques instants puis s’éteignirent. Un chemin vers la sortie commençait enfin à se dessiner. Quelques élèves avaient eu la brillante idée de passer leur chemin après avoir longuement évalué la situation et estimé qu’après quelques ricanements, le spectacle n’était plus intéressant à commenter. Ils trouveraient sûrement mieux plus loin (quoique sans Lola, ça ne peut pas être pire). Ayant conservé une attitude extérieur indifférente, la Troisième Année jeta un dernier coup d’œil au Gryffondor. Eh, elle lui avait quand même sauvegardé un minimum de fierté. Merci qui ? Avec Lola, il aurait pu rester longtemps avec le blondinet sur les pattes. Quoique, il semblait ne pas y tenir beaucoup, à sa fierté : d’abord il se cogne partout et fait un nombre incalculables des trajets à l’infirmerie, ensuite il est le (petit)ami de Lola, après il lui fait une scène devant tout Pré-au-lard et enfin, il s’étale devant tout Poudlard, dans les escaliers. La totale. Peut-être que c’était ça qui l’attirait chez lui ? La sorcière esquissa un sourire et aperçut qu’à présent, elle était pratiquement seule dans les escaliers : les élèves avaient tous passé leur chemin. Il était peut-être temps pour elle de poursuivre son chemin…

Seth entendit avec surprise Lola injurier le triste individu qui était toujours sur eux. C’était surprenant de sa part, elle qui était toujours si douce et qui, d’ordinaire, n’aurait pas injurié le pire des imbéciles. Quoique, vu la situation, il la comprenait totalement. Vu tout le temps qu’il venait de passer collé contre le plancher, la prochaine étape était la demande en mariage!

C’est avec un grand soulagement qu’il sentit enfin le poids du garçon s’enlever et Lola bouger pour tenter de se relever. Seth sursauta en sentant une main se poser sur son postérieur. De toute évidence, la jeune Gryffondor ne savait pas où était sa main puisqu’elle ne semblait pas pressée de la changer de place.

-'Tu vas un peu vite en affaire, ça fait quand même plusieurs semaines qu’on ne s’est pas parlé', lui dit-il d’un ton taquin, question de l’embarrasser un peu.

Il ne se doutait pas du tout que sa tentative d’alléger la situation, l’envenimerait autant.

Le poids sur ses jambes commençaient a devenir de moins en moins lourds. Maintenant, c’était de se levé. Elle mis sa mains sur quelque de mous et tentant de se levé, mais les paroles de Seth la déstabilisa.

-'Tu vas un peu vite en affaire, ça fait quand même plusieurs semaines qu’on ne s’est pas parlé'

En quelques secondes, son visage devenait rouge de gêne. Elle aimait bien Seth, mais de la a lui tripoté son postérieur… Elle enleva sa main, qui n’était pas une si bonne idée. Elle reperdit l’équilibre, et tomba sur Seth une nouvelle fois. Elle réussis a prononcé quelque mots.

- Désolé….pas voulu…

Son visage toujours rouge, elle regarda les yeux bleus de Seth.

Quatre mois avaient passé avant que les deux ne s’adressent directement la parole. La seule chose qu’il trouva alors à prononcer après cette période de silence obstiné, était des reproches. Son cœur loupa un battement, son estomac se tordit et ses membres devinrent subitement plus lourds. La jeune Oneglia fit volte-face, chassa la surprise de son visage et lança un regard oblique sur le Deuxième Année. Plus ennuyée qu’énervée à l’idée de devoir lui parler, elle préféra rester quelques instants silencieuse face à celui qui ne soutenait pas son regard, trop occuper à dévorer des yeux, Miss Davidson. Un spectacle qui donnerait la nausée même à un amateur de livre à l’eau de rose. La jeune fille contrôla ses pensées, elle ne dévia pas sur ‘l’aspect pitoyable’ de sa rivale mais ne pensa pas à trouver une expression d‘indifférence. Il est en effet assez dur de contrôler ses émotions quand un garçon comme Chrno vous accuse pitoyablement de partir sans dire quoique ce soit…

- Pardon ? Dis-moi, c’est quoi l’une des dernières phrases que tu m’as dite déjà ? Ah oui : ‘Tu sais ce que c’est, ça ? C’est le premier cadeau que j’ai jamais offert à qui que ce soit. C’était supposé être un gage de l’importance que je porte à notre amitié… mais comme ce qu’il devait représenter, ce n’est que de la pacotille j’en ai bien peur’. Il m’a semblé que cela voulait dire ‘au revoir’.

Ces phrases elle se les avait répétait pendant plus de deux mois, sans pour autant les prendre en considération. C’est vrai, ils pouvaient pas repartir à zéro comme ça, si ? L’espoir d’un renouveau c’était vite envolé avec la rentrée: le garçon l’ignorait et elle, faisait tout pour paraître indifférente. Avant d’en dire davantage la jeune Oneglia passa son sac en bandoulière sur son épaule, ce geste qu’elle n’avait pas pu entreprendre à cause de l’interruption surprenante de Seth et ne baissa pas le regard devant celui du Gryffondor. Celui-ci paraissait surpris et c’était presque à croire que ce n’était pas lui qui avait dit ces phrases. Pourtant, elle les avait bien entendues… ? Erf. Plus très sûre, la jeune fille sentit son poux accélérer désagréablement et l’envie de partir expressément. Sauf qu’elle aurait l’air stupide à s’être plantée devant lui pour repartir genre dix secondes après la fin de sa phrase. Idée exclue. Quand à essayer de s’excuser ou à tourner les choses de façon à ce que les deux redeviennent complices, il en était hors de question. Elle allait pas s’abaisser à ça, surtout devant la Gryffondor qui servait de petite amie au jeune Chrno. Bref, coincée. Peut-être finalement, ce n’était pas à elle qu’il avait parlé mais à la loque à ses côtés ? Vu comment avait réagi l’adolescent, ça ne l’aurait pas étonnée. Elle n’avait plus qu’à attendre les sarcasmes du jeune homme, sur son intervention non souhaitée…

[ désolée du retard... ]

Seth regarda avec amusement la jeune fille enlever sa main, mais il trouva la situation moins drôle lorsque celle-ci s'écrasa de nouveau sur lui. À ce rythme-là, il n'était pas près de se relever bientôt. Bien qu'il appréciait bien Lola, elle commençait à être lourde. Il allait d'ailleurs le lui dire lorsqu'une voix douloureusement familière retentit. Abigaël...? Mais qu’est-ce que... Seth l’entendit, avec confusion, lui vomir à la figure, mot pour mot, les dernières paroles qu’il lui avait dite avant les vacances. Il ne comprenait pas trop d’où elle sortait (il venait de s’apercevoir de sa présence), mais sa conception des choses était vraiment erronée d’après ce qu’il pouvait entendre. Comme si c’était lui le responsable..!! Seth sentit de la chaleur lui monter aux joues.

Oubliant complètement l’endroit et la position dans laquelle il était, il se permit de lui dire sa façon de penser. Il faut dire qu’il l’avait sur le cœur depuis plusieurs mois.

-‘ Comme si c’était moi qui t’avait giflé alors que tu allais t’excuser! Je pense que comme façon de dire à quelqu’un qu’on ne veut plus rien savoir de lui, il n’y a pas plus clair!! Tu as fait ton choix de ne plus être amis, alors ne vient pas me le remettre sous le nez..! D’ailleurs, je ne sais même pas pourquoi je t’adresse la parole puisque tu m’as clairement fait comprendre que tu n’avais jamais voulu de mon amitié’, il détourna la tête rageusement.

Est-ce que cette journée pouvait être pire?!? Ignorant Lola qui le regardait avec inquiétude, Seth se redressa et, dans une manière manifeste d’ignorer la Serpentard, il concentra son attention sur sa cheville. Il ne la voyait pas vraiment à travers sa vision brouille (il s’était sûrement cogné la tête puisque ça ne pouvait aucunement être des larmes), mais il continua de la fixer comme si c’était la chose la plus intéressante au monde. Il essuya brusquement de sa main valide l'humidité qui s'était accumulée sur sa joue (ce n'était pas des larmes, bon!).

Abigaël aurait pu donner des cours de voyance. Elle s’attendait à un débordement d’amour et c’est ce qu’il arriva. Le rouge aux joues, le jeune Chrno choisit cette opportunité pour déclarer haut et fort que ce froid entre eux, n’était du qu’à elle seule. Foutaises. C’était peut-être elle qui avait stupidement balancé une tasse de thé au visage de Mathias Adams ? Bon, après c’est vrai qu’elle l’avait giflée mais en même temps, vu la façon dont il avait offert son si précieux ‘cadeau’, c’était légitime non ? Nan, elle avait beau tourné la situation dans tous les sens, sa colère lui démontrait qu’il était seul responsable de cette engueulade, suivie d’un froid. Et elle lui montrerait ; il était hors de question pour elle de s’excuser. Et elle espérait bizarrement que le jeune Chrno ne s’abaisserait pas à ça non plus. Ce serait agir comme une chochotte. Avant que ces nerfs ne lâchent devant la vue d’un Gryffondor qui faisait exprès d’éviter son regard comme un enfant, la jeune Oneglia lança un regard sur Lola, ne sachant certainement pas où se mettre. La Serpentard allait l’aider à s’y retrouver :

" Tu as l’intention de nous faire subir encore longtemps ta présence ? "

Elle regarda directement ensuite Chrno. Elle savait qu’il n’allait rien lui dire pour la bonne et simple raison que s’il réagissait à ça, ça foutrait carrément en l’air son jeu d’indifférence. La Troisième Année ne regarda pas partir la Gryffondor trop occupée à savoir ce qu’elle allait reprocher à ce garçon, prenant vraiment à cœur sa façon de rejeter la faute sur les autres. Enfin, elle l’aurait sûrement fait si ça n’avait pas été Chrno devant elle. Il y avait quelque chose en lui qui la retenait de trop exploser mais qui en même temps pouvait l’énerver relativement vite. Comme de paraître aussi si misérable par exemple. Après quelques secondes de silence et l’assurance que personne ne se trouvait à portée d’écoute, guidée par une lueur de sagesse, la jeune fille lâcha au garçon :

" De toute manière, aucun des deux n’a tord, c’est ça ? "

Elle ne soutint pas son regard. Ouais, ça lui paraissait anormal, onirique, de se rabaisser à dire qu’ils étaient tous les deux responsables. Le tout avec une voix –presque- conciliante. Si Seth cherchait la dispute et la boude, la sorcière cherchait plutôt l’indifférence. Et la manière de retrouver, sans le faire comprendre et voir, l’amitié qui les avait soudés. M’enfin ça c’était en option. Elle avait vécu quelques mois difficiles sans le garçon, quarante six autres similaires ne lui faisaient pas trop peur, elle ne le concevait tout simplement pas. Il lui avait fait du mal, elle lui avait fait du mal, ils étaient quittes, non ?

" Ca sert à rien de discuter de ça de toute manière. On a chacun notre vision. On a vu tous les deux qu’on ne pouvait pas s’enten…" -Eh ! Pourquoi sa voix s’était coupée pile à ce moment-là, comme dans les livres d’amour les plus pourris ?- Qu’on ne pouvait pas s’entendre, on a qu’à en rester là. Après tu fais ce que tu veux, tu peux toujours me faire porter le chapeau pour cette histoire et rager autant que tu veux contre moi, ça m’est égal. "

Nan, ça lui était pas égal. Mais elle n’avait pas trouvé nécessaire de le spécifier. Après ces paroles pleines de sens et d’humanité, la jeune fille replaça correctement son sac sur son épaule et jeta un coup d’œil sur Chrno. Juste pour dire qu’elle allait partir. Avec aucune intention de l’admirer. Non.

Seth faisait de son mieux pour ignorer la Serpentard, mais comme lorsqu'on essait de ne pas penser à quelque chose, sa présence n'en était que plus omniprésente. Il l'entendit avec irritation dire de façon peu polie à Lola de faire de l'air. Il retint de justesse un commentaire acerbe. S'il gardait le silence, elle ne tarderait sûrement pas à partir. Il laissa donc Lola partir sans dire un mot.

Il tenta de se concentrer sur sa cheville et se rendit compte, en effectuant quelques rotations, qu'elle n'était que légèrement foulée. S'il ne mettait pas tout son poids dessus, il devrait être bon pour se rendre à la tour des Gryffondors par lui-même. Il avait justement dans un de ses livres un sort pour guérir les blessures mineures, c'était le moment idéal de le mettre en pratique! Malheureusement, il ne l'avait pas encore essayé alors il était sans doute préférable qu'il ne tente pas l'expérience sans le livre.

Il essayait de ne pas écouter Abigaël, mais certaines de ses paroles se rendirent quand même à ses oreilles. Une Serpentard lui faisait la morale maintenant? Seth se permit un sourire amusé puisque la jeune fille ne pouvait apercevoir son visage. Quelque chose lui disait que l'autre ne saurait probablement pas apprécier l'ironie de la situation.

Seth sentit sa colère s’évaporer légèrement alors que la réalité sur la situation dans laquelle il était le frappa de plein fouet. Elle disait qu'ils ne s'entendaient pas... mais en fait, le problème résidait surtout dans la communication. Tous les deux, ils s'étaient torturés chacun de leur côté en croyant que l'autre les détestait, mais en fait, ce qu'ils souhaitaient, c'était une réconciliation. Si Abigaël avait été aussi indifférente qu'elle cherchait à lui faire croire, jamais elle ne se serait arrêté pour lui parler et elle n'aurait pas été capable de lui sortir mot pour mot ce qu'il lui avait dit plusieurs mois auparavant. Elle avait donc autant agonisé que lui sur leur dernière conversation.

À ce point, leur réconciliation ne dépendait plus que de lui, Abigaël ayant tout fait sauf lui tendre la main. Mais allait-il vraiment prononcer les bons mots? Ils n'étaient pourtant pas difficiles à dire, il les avait sur le bout de la langue.... la question était de savoir s'il voulait vraiment prendre le risque de se faire de nouveaux espoirs pour ensuite se faire mal à nouveau lorsque la jeune fille écrabouillerait son cœur, même par inadvertance...

- "On a vu qu'on ne pouvait pas s'entendre? Pourtant, moi je connais au moins un point sur lequel on est d'accord...", lui dit-il doucement avant de tourner son regard vers elle. "Je suis un pauvre idiot."

S'appuyant sur la rampe, il réussit à se relever. Il avait toute son attention, mais il devait bien choisir ses mots pour la suite. Il sortit sa baguette et entreprit d'empiler ses livres éparpillés un peu partout à l'aide de quelques coups de baguettes distraits tout en évitant soigneusement son regard.

- "On savait au départ de notre amitié que ce ne serait pas facile. Deux maisons rivales comme les nôtres, des compagnons ou compagnes de maison que l'autre ne peut pas sentir, des Poufsouffles maladroits qui causent des catastrophes...", il empila le dernier livre et plongea son regard dans le sien. "Malgré tout ça, on a passé de très bons moments ensemble. Sincèrement, je ne sais pas si après tout ce qu’on s’est dit on peut toujours être des amis… mais je suis prêt à faire l’effort d’essayer si tu l’es également."

Eh voilà, il avait fait son bout de chemin. Deux choses pouvaient maintenant arriver : soit la serpentard allait lui rire au nez et l’envoyer sur les roses, soit ils allaient de nouveau être des amis. Quoi qu’il pourrait arriver, il serait enfin fixé.

[Je pense que le temps des fêtes m'affecte plus que je le pensais parce que ce n'est pas du tout ce que je voulais écrire!]

Seth fut ravit de voir Abigaël lui sourire en lui tendant un de ses nombreux livres… D’ailleurs, il n’avait toujours pas résolu la question du comment il allait transporter tout ça avec lui avec une cheville fragile et un poignet avec quelques ligaments étirés…! Tant pis, il devrait enfreindre quelques règlements (la magie était interdite sur les livres de la bibliothèque puisque les élèves risquaient de les abîmer en ratant leur sort). Il ramassa le dernier livre des mains de son amie, enfin, s’ils étaient véritablement des amis seul le temps le révèlerait. Il se sentait beaucoup plus léger et heureux qu’il ne l’avait été depuis longtemps.

- "J’espère seulement qu’on réussira à retrouver notre ancienne complicité" , lui dit-il avec un clin d’œil espiègle avant de pointer sa baguette sur une Serdaigle à l’air arrogant qui passait par là, tirant le tapis de sous ses pieds et la faisant s’étaler avec fracas au sol. Il ricana légèrement devant son infortune. Ah, ce que ça faisait du bien de reprendre ses activités délictueuses! Retrouvant son sérieux, il lança un Reducto sur sa pile de livre. Il les mit soigneusement dans sa poche avant de se tourner à nouveau vers sa compagne.

- "Je suis vraiment content qu’on ait pu se parler… ", lui avoua-t-il doucement. Un silence embarrassé s’installa entre eux. Il ne voyait pas trop quoi ajouter d’autre sans se transformer en Poufsouffle.

- "Bon, je dois y aller… on se reparle un peu plus tard ?" lui proposa-t-il amicalement. Il avait en effet quelques sorts curatifs à jeter et il devrait sans doute essayer de trouver Lola afin de s’assurer qu’elle ne s’était pas fait mal en tombant tout à l’heure…

Abigaël ne répondit rien à l’évocation de leur ‘ancienne complicité’. Elle ne doutait pas du fait que lui, lui avait réellement confiance mais son doute se portait sur elle. Si lui avait pratiquement avoué être un Sang-de-Bourbe, elle aurait pu profiter de ce moment-là pour l’éclaircir sur quelques points noirs de l’histoire de sa famille ; mais elle ne l’avait pas fait. A vrai dire lui annoncer de tels faits ne lui avait même pas traversée l’esprit et, avec heureusement car leur dispute aurait pu compromettre le calme dans sa famille… Ou peut-être qu’il parlait de totalement autre chose, conclusion pertinente suite au sort jeté à une jeune Serdaigle qui passait tranquillement par là. La Serpentard accompagna le rire du jeune homme par un petit sourire en coin, vit ses yeux brillants et constata que rien avait changé vis-à-vis de lui : son cœur battait à nouveau à la chamade.

Il lança un sort de réduction sur ses livres, les glissa dans sa poche et se tourna vers elle. Elle croisa ses yeux bleus, résista à l’envie de passer pour une niaise en lui souriant et détourna le regard, soudainement intéressée par l’extrémité du couloir. Elle ne voulait pas lui répondre qu’elle aussi était littéralement euphorique à l’idée de lui reparler alors elle se tut, laissant un silence pesant s’installer autour d’eux. Forcément, lorsqu’on ne s’est pas parlé depuis un bout et qu’on se retrouve à se réconcilier, on ne sait pas par où commencer, quoi dire, quoi faire. Le Gryffondor semblait aussi peu sûre qu’elle. Elle allait lui demander s’il avait le goût pour une balade dans le parc mais fut coupée par l’annonce du départ de son compagnon. Si son départ ne l’enchantait pas, celui d’avoir été coupée si : le temps n’était, avec ces nuages gris foncés, pas réellement propice.

" Ok… A plus tard alors. " Répondit-elle avec ce qu’on pourrait appeler de la sympathie. Elle n’écouta pas son instinct guidé par les yeux magnifiques de Seth qui la poussait à le serrer fort contre elle, elle préféra continuer à entreprendre ce qu’elle avait commencé un peu plus tôt : aller dans sa salle commune.

Seth attendit que la jeune fille lui réponde avec un vague « à plus tard » avant de s’éloigner, un sourire aux lèvres. C’était vraiment contraire à son habitude, lui qui disait souvent au revoir vaguement dans la direction générale de son interlocuteur avant de s’éloigner à grands pas avant d’avoir reçu une réponse. Mais il se disait qu’un peu de politesse ne nuirait sans doute pas à ce nouveau commencement vers … quoi? Il l’ignorait mais, il se disait qu’il pouvait bien se permettre un peu d’optimisme, au moins une fois dans sa vie.

Ce que l’avenir lui réservait? Il l’affronterait de front comme tout le reste.