Là où personne ne la verra

L'été s'était terminé comme il avait commencé : dans les larmes. Juliet avait passé les premiers jours des vacances à pleurer parce qu'elle ne voulait pas quitter Poudlard. Sa première année s'était passée dans l'école avec beaucoup de joie et de bonne humeur, bien qu'elle n'ait, à proprement parler, toujours aucun ami. Puis, elle avait pleurer, les derniers jours de vacances, car elle ne voulait vraiment pas quitter ses tantes et son adorable grand frère...

C'était son premier jour à Poudlard en tant que deuxième année et, en brave petite fille sérieuse et studieuse, Juliet s'était précipitée, à la fin de la journée, dans la bibliothèque. Celle de son Ecosse d'origine lui manquait déjà tellement qu'elle avait quand même besoin de retrouver les piles de livres. Elle entra doucement, le bruit étant banni dans cette salle immense - ce qui était stipulé sur le panneau, contre la porte d'entrée - et la petite Serdaigle passa devant la bibliothécaire en feignant le silence le plus absolu. L'endroit était pratiquement aussi grand que la Grande Salle mais chaque recoin était occupé par une étagère comprenant des milliers et des milliers de livres. Elle était impressionnée et se disait que, même avec la plus grande volonté du monde, il ne lui serait jamais possible de lire autant de livres dans toute sa vie. Cette pensée l'effraya autant qu'elle l'enchanta. Elle respira les parfums de la salle et, étrangement, fut rebutée par ce mélange de pourriture âcre et de vieillesse avancée.

Avançant parmi les rayons sans trouver suite à son bonheur - celui de lire un recueil de poésie magique ou de trouver une vieille encyclopédie sur l'Histoire de la magie - elle finit par s'asseoir contre une étagère, à quelques mètres de la réserve, endroit auquel elle n'avait pas le droit d'accès. Finalement, elle se laissa glisser contre l'étagère et sortit d'une pochette noire une feuille vierge.

Elle se mit à écrire. Tout ce qui passait dans sa tête. Des mots d'amitié et de reconnaissance envers ses Tantes chéries. Celles qui avaient supporté sa présence et sa tristesse monotone tant d'années durant. A son âge - Juliet n'avait même pas encore fêté ses douze ans - elle ne se rendait pas encore compte de tout ce que peut faire endurer une toute jeune fille comme elle l'avait été. Triste et solitaire. Orgueilleuse et sûre d'elle. Concentrée et parfois trop méchante.

Elle jeta un sort sur sa feuille et l'encre disparut. Elle avait appris ce sortilège l'année précédente, dans un livre de magie appartenant à son frère aîné. En vérité, l'encre ne s'effaçait pas mais il était rendu invisible. La feuille retouvait son aspect vierge. Elle traça un cercle à la plume dans la marge, histoire de se souvenir que la feuille était utilisée puis elle la rangea dans sa pochette et attendit un instant, persuadée d'entendre quelques bruits venus d'une étagère proche. Juliet se releva rapidement car s'il s'agissait de la bibliothécaire, elle était sûre de se faire remonter les bretelles - ou, de préférence, les pans de la robe. Elle avait déjà eu l'occasion d'avoir affaire à elle, l'année précédente... Rien de tel ne pouvait plus l'agacer qu'être dérangée en pleine solitude.

Sujet: Re: Là où personne ne la verra Mer 7 Jan 2009 - 22:08

Aurore avait passée de très bonnes vacances cet été là et quitter sa famille pour revenir à Poudlard avait, comme toujours, été un moment de stress éprouvant. Oh, la jeune Gryffondor aimait beaucoup le château. Il y avait tellement de chose à découvrir, de pièces fantastiques et de passages secrets déroutant. En fait, elle était certaine de ne pas réussir à en faire le tour, même en sept ans. Elle adorait aussi tous ses cours. Avec une mère Moldue et un père Crackmol, elle ne cessait de s'étonner face à la magie. Son frère Alec n’avait jamais fait de démonstrations du genre de ce qu’elle pouvait voir à Poudlard. Et l’oncle Firmin ne lui avait bien évidemment pas tout montré... Changer une table en cochon, faire voler des objets... et les matchs de Quidditch ! C’était un émerveillement constant.

Pourtant, les longs mois que la cadette Kans devait passer à l’école étaient pénibles... Elle longeait les couloirs entre les cours, faisait profil bas dans ceux-ci et, de manière générale, ne parlait à personne. Quitter sa famille, c’était se jeter dans quatre mois de solitude avant de pouvoir s’amuser de nouveau avec quelqu’un. Enfin, ça c’était pas sûr. Aymeric s’était fait une petite amie pendant les vacances d’été. Du coup, comme il était tout le temps sorti, Aurore n’avait eu que son oncle pour lui tenir compagnie. Enfin, elle ne pouvait pas en vouloir à son frère... À 17 ans, il était normal qu’il ne traîne plus autant avec sa petite soeur de 4 ans de moins...

Bref, en ce premier jour à Poudlard (premier jour de la troisième année d’Aurore), la gamine avait choisi de passer le temps dans un lieu qu’elle aimait bien : la bibliothèque. Là, c’était toujours tranquille. Les gens ne se parlaient pas, parce qu’ils ne pouvaient pas, et du coup, Aurore se sentait moins seule. En plus, c’était utile. Elle pourrait prendre de l’avance dans ses leçons...

Ayant choisi trois bouquins (un sur les créatures magiques, un sur la métamorphose et un sur les sortilèges), la chétive Rouge et Or les tenait précairement devant elle. Elle n’était pas bien forte et c’était lourd... Ne voyant pas le sol devant elle, elle prit soin de longer les étagères, pour ne pas heurter une chaise malencontreusement. C’est ainsi que la malchance s’abattit sur elle. Alors qu’Aurore longeait un rayon près de la Réserve (elle avait fait un détour), une adolescente surgit devant elle. Mais littéralement ! Comme un clown qui sort de sa boîte ! L’autre fille devait être assise et s’être relevée brusquement (tant mieux, sinon la petite Kans lui aurait marché dessus).

Sursautant, la troisième année eut un mouvement de recule. Histoire que ça aille encore plus mal, il fallut qu’elle marche sur son lacet... Résultat, elle tomba à la renverse, envoyant voler les livres qu’elle tenait. Et comme tout ce qui monte doit redescendre, elle se les prit tous les trois : l’un dans le ventre, l’autre sur l’épaule et le dernier en plein front. Le pire étant qu’elle ne devait vraiment pas être passée inaperçue, avec le cri de terreur qu’elle avait lâché en tombant...

Sujet: Re: Là où personne ne la verra Dim 11 Jan 2009 - 2:57

Non. Ce n'était pas la bibliothécaire qui venait de surgir du plus proche rayon pour enguirlander la Serdaigle d'être aussi près de la Réserve. Ce n'était pas la bibliothécaire mais une jeune fille environ aussi jeune que Juliet. Celle-ci n'eut guère le temps de la voir que quelques secondes, après quoi l'inconnue fit une chute exceptionnelle avant d'être pratiquement assomée par les livres qu'elle portait. Avant qu'elle ne s'effondre en fracas contre le sol de la bibliothèque dans le plus sourd vacarme qu'il fût possible d'imaginer, la jeune Lashawn avait eu le temps d'apercevoir des couleurs écarlates et dorées qui ornait un pan de la robe de la jeune fille. Elle était donc une Gryffondor, ce qui était rassurant car l'année précédente, Juliet avait eu quelques soucis notoires avec un Serpentard qui, loué soit le Seigneur, avait fini par être renvoyé à cause de tout le chambardement qu'il avait causé (et pas qu'à la petite Serdaigle), ce qui avait été un des moments les plus heureux de sa première année, hormis celui où elle reçut la plus belle note lors d'un examen de sortilège. Mais ça n'avait aucune importance, à cet instant précis.

La jeune fille qui venait de tomber face à Lashawn était minuscule et, pendant un petit moment, la deuxième année se demanda si elle n'avait pas affaire à une première. D'ailleurs, son doute n'était pas vraiment dissipé, puisqu'elle n'avait pas eu le temps de faire un mouvement que l'autre se retrouvait à terre. Elle avait sinon eu le temps de voir qu'elle portait pas mal de bouquins et que leur poids était suffisant pour faire vaciller son corps maigrelet. D'autre part, on n'était pas sûr qu'il existe des livres à Poudlard qui puisse excéder l'épaisseur d'un fond de chaudron. En attendant, ils étaient quand même assez volumineux et ce n'était finalement pas bien étonnant si on se fracassait en essayant de les porter. Juliet n'avait pas eu l'occasion de voir d'autres détails.

Mais, à présent, ainsi étendue dans le fatras de ses bouquins, dont l'un semblait déchiré et un autre gisait lamentablement à cheval contre une étagère, on pouvait se rendre compte de la petitesse de la Gryffondor. On pouvait aussi se rendre compte de l'étrange couleur de ses cheveux, entre un blond de cendre et un gris sali. Juliet pensa alors à ses cheveux qui devait avoir une nuance presque similaire mais elle vit aussitôt que la jeune fille ne devait pas en prendre grand soin, ce qui n'était pas son propre cas. En effet, l'adolescente les portait longs mais très peu soignés. Juliet se les coupait et ils étaient soyeux à souhait.

Laissant de côté ses constations purement esthétiques et sans grand secours pour la blessée, Juliet se pencha immédiatement sur l'élève et l'appela, la secoua :

- Eh toi ! Ca va ? Tu m'entends ?

Sans attendre vraiment de réponses parce que la Gryffondor semblait quand même sonnée, elle commença à ramasser les livres les plus proches, les referma puis les posa tout près, en une petite pile bien rangée.

- Tu m'entends ? demanda de nouveau Juliet, soucieuse de l'état de quelqu'un qu'elle ne connaissait même pas.

Elle n'avait pas eu énormément de relations avec l'extérieur de son manoir, durant son enfance. C'est pourquoi Juliet agissait de façon parfois égoïste et très détachée des autres, ce qui donnait d'elle l'image de quelqu'un d'insensible, ce qu'elle n'était pas, assurément, bien qu'elle fut de nature un peu solitaire et très peu dépendante. Cela dit, elle avait quand même eu la chance de grandir en compagnie d'un grand frère et ce fait avait considérablement amoindri son potentiel de méchanceté et de... mmmh, il y avait un mot mais, à seulement douze ans, Juliet ne savait pas encore à quel fin l'employer. ... Son potentiel d'individualisme ? C'était ça. Sur le coup, elle fut envahi d'altruisme pour la Gryffondor.

Elle se rendit compte de la frayeur qu'elle avait dû causer à la pauvre inconnue et se confondait en excuses intérieurement d'avoir été à l'origine de tant de raffut mais surtout de la chute inopinée de la petite collégienne.

Sujet: Re: Là où personne ne la verra Lun 12 Jan 2009 - 19:19

Aïe, aïe, aïe, aïe, aïe ! Les yeux fermés, retenant son souffle comme si ça pouvait empêcher de sortir les larmes qui menaçaient de s’échapper de ses grands yeux, Aurore avait du mal à dire où elle avait le plus mal. Le ventre, l’épaule ou la tête ? Elle allait avoir des bleus aux trois endroits, ça c’était certain. Elle était idiote ! Elle aurait dû prendre des livres moins lourds ! Ou bien mieux regarder où elle allait ! Ou encore, rester cloîtrée dans son dortoir, à l’abris de tout !

On la secoua, on lui parla... mais la chétive Gryffondor n’avait pas envie de répondre. Parce que, si elle ouvrait la bouche, c’était clair que les sanglots lui enserreraient la gorge. Et après, elle aurait l’air de quoi ? Une troisième année qui pleure parce qu’elle est tombée ! Elle n’avait pourtant plus trois ans... Et si elle continuait de faire l’étoile sur le sol, comme ça, allait-on la laisser tranquille ? On allait sûrement vouloir l’amener à l’infirmerie... Ah ! Non ! Pas l’infirmerie !

Lorsqu’on l’appela une deuxième fois, la jeune Kans daigna se redresser. Assise par terre, elle se tint la tête à deux mains, là où le livre de Métamorphose l’avait frappé. Oui, décidément, c’était là que ça faisait le plus mal... D’un geste rageur, elle essuya dans sa manche les larmes qui avaient réussi à passer la barrière de ses paupières closes. Et puis, les mains toujours sur le front, elle ouvrit des yeux rougis sur la jeune fille qui se tenait face à elle. Son uniforme indiquait Serdaigle. Au moins c’était pas une Serpentard ! Chanceux dans son malheur comme on dit...

"Je vais bien." , déclara la petite Rouge et Or, sa voix horriblement enrouée. Est-ce que ça avait concrètement des chances de passer pour un rhume ?

L’autre fille, une inconnue, semblait gentille... Aurore ne prit toutefois pas le temps de la détailler, ni même de tenter de deviner en quelle année elle était. De la même façon qu’elle n’aimait pas qu’on l’observe, elle était mal à l’aise avec l’idée de fixer les gens. Quand elle avait parlé, c’était en regardant l’écusson sur l’uniforme de la Serdaigle. Elle promena ensuite son regard autour d’elle, refusant obstinément de lâcher son front. Ses longs cheveux emmêlés avaient glissés vers l’avant quand elle s’était assise, mais ses bras les empêchait de masquer son visage. Elle avait l’air d’avoir un dôme autour du crâne...

Les trois livres que portaient la cadette Kans un peu plus tôt étaient proprement regroupés en une seule pile, près d’elle. Ils n’étaient quand même pas tombés comme ça... La bonne fortune, à ce niveau, ça n’existait pas. La Serdaigle les avait ramassés ? Ce ne devait pas être pour être serviable... En tant qu’érudite, elle avait dû trouver criminel de laisser des bouquins choir sur le sol. C’était évident. Personne n’était aussi charitable avec la petite Aurore !

"Merci..." , fit tout de même la Gryffondor, toujours très polie. D’accord, l’inconnue n’avait pas agis pour elle, mais... c’était quand même gentil de sa part... involontairement, sûrement.

Sujet: Re: Là où personne ne la verra Mar 13 Jan 2009 - 0:08

Juliet regarda la jeune Gryffondor peiner pour s'asseoir, assurant que tout allait parfaitement bien mais son ton de voix était très enroué (une toux ? mmmh...) et puis, elle tenait une main à son front de façon à ce que Juliet ne puisse pas voir si elle avait ou non un hématome. La jeune fille s'en moquait un peu, au fond. Des bosses, tout le monde en avait, elle aussi d'ailleurs et de toute façon, ça partirait vite. La Rouge et Or semblait très timide, elle parlait d'une voix très basse et rapidement, comme si parler à quelqu'un constituait la plus grande honte de toute sa vie. La Serdaigle se dit que ce serait une bonne idée de se parce qu'on ne tarderait pas à les voir toutes les deux par terre, l'une assise et l'autre accroupie, et ce serait dommage qu'on sache qu'elles étaient à l'origine de tant de tintamarre, bien que ce devait déjà être le cas.

Juliet se releva, en prenant les livres avec elle, puis les posa sur l'étagère la plus proche. Elles auraient le temps de les ranger. Elle tendit sa main à la Gryffondor. La Serdaigle n'était pas très sûre de savoir comment on s'y prenait pour se faire des amis, elle n'avait jamais cherché à en avoir (bien qu'elle déplorât si souvent cette absence) mais elle avait quelques notions de politesse que ses trois Tantes s'étaient employées à lui enseigner, chacune à sa manière. Adelia était la plus calme donc elle lui avait inculqué les bonnes manières en lui répétant doucement chacune des leçons qu'elle tentait de lui faire entrer dans le crâne. Evidemment, avec un frère aîné aussi débordant d'imagination que plein de facétie, il n'était pas bien étonnant que la méthode d'Adelia était la moins convaincante. Suite à quoi, Berenice donnait des coups. "La violence engendre la violence", s'évertuait à répéter Adelia mais elle n'agissait pas contre ça, elle restait assise à rire aux étoiles tandis que Bérénice "corrigeait" la petite Juju. Finalement, c'était Daphney qui s'y prenait le mieux : plutôt que de leur apprendre comment il fallait faire, elle lui montrait ce qu'il ne fallait pas faire et lui expliquait en quoi ça n'allait pas. Le manque de respect qu'elle infligeait à la petite fille lui avait fait comprendre comment il convenait d'agir.

Rares étaient les fois où elle avait l'occasion de mettre en pratique ces antiques mais sages leçons, mais cette fois, elle se disait qu'il fallait être serviable. La Gryffondor verrait tout de suite à quel point Juliet est irréprochable. Lashawn tendait toujours sa main vers le visage de la Gryffondor. Et, avant qu'elle ne s'en saisisse, elle se présenta laconiquement :

- Je m'appelle Juliet Lashawn.

Elle se demandait si elle devait conduire la jeune fille à l'infirmerie ou s'il valait mieux qu'elle lui dégote une pommade - elle devait bien avoir ça dans sa trousse de toilette, étant donné le cirque que faisaient ses Tantes à propos de la santé et de l'hygiène - pour qu'elle se l'applique sur le front.

- Qu'est-ce que tu comptes faire de ces livres ?

Elle regarda d'un air blasé les trois bouquins qui, en effet, semblaient beaucoup trop lourd pour le poids minuscule de la jeune Rouge et Or.

Sujet: Re: Là où personne ne la verra Mer 14 Jan 2009 - 18:31

Elle... Elle lui tendait la main ? Aurore regarda cette main offerte, incertaine. Ça lui rappelait Evangeline, cette Gryffondor d’un an de plus qu’elle a qui elle avait parlé lors de sa première soirée à Poudlard. La jeune Malabulle avait été très gentille, mais ça n’avait duré qu’un instant. Après ce soir là, Aurore n’avait pour ainsi dire jamais revu la blondinette. Elle ne devait voir en la Serdaigle que ce qu’elle était : une fille polie. Sinon, elle serait invariablement déçue.

Avançant sa main pour saisir celle de la Bleu et Bronze, la cadette Kans s’arrêta à mi-chemin, comme un animal fraîchement adopté qui ne sait pas s’il peut s’approcher sans crainte ou pas, en entendant la Serdaigle parler. Elle lui disait son nom... Juliet...

"Au... Aurore. Kans. Aurore Kans."

Dans le genre présentation pathétique... La petite Rouge et Or se serait bien tapée la tête contre les murs de honte. Certaine d’avoir les joues bien rouges, Aurore attrapa finalement la main tendue de la jeune Lashawn. Elle n’y accrocha toutefois pas l’entièreté de son poids. Elle préféra plutôt utiliser sa propre force physique pour se relever. Ce n’était pas qu’elle n’avait pas confiance en Juliet, mais... y’avait un peu de ça. Et si la Serdaigle la lâchait au lieu de la relever complètement ? Mieux valait ne pas prendre de risques.

Une fois debout, la Gryffondor replaça subtilement ses vêtements, s’assurant entre autre que sa jupe n’avait pas remontée en arrière. C’était l’un de ses pires cauchemars... Laissant ses cheveux venir cacher partiellement son visage sans tenter de les retenir, elle leva les yeux vers Juliet (qui était plus grande qu’elle), puis les posa sur les trois livres qu’elle trimbalait un peu plus tôt et qui étaient maintenant posé sur une étagère. Ce qu’elle comptait en faire ? Honnêtement, elle comptait les louer pour les lire. Cependant, si elle répondait ça, « Je veux les lire, évidemment. », Juliet le prendrait forcément mal. Ce serait comme si on sous-entendait qu’elle n’était pas assez intelligente pour comprendre que les livres, ça se lis. Et c’était une Serdaigle ! Alors, plutôt que de répondre la vérité, Aurore annonça :

"Je vais les ranger."

Offrant un léger sourire timide à Juliet, Aurore se dirigea vers l’étagère et réussi à attraper ses trois livres. Ils n’étaient pas si lourds que ça tout à l’heure, si ? Avec un peu de mal pour garder son équilibre, elle tourna les talons et emprunta le chemin par lequel elle était venue.

Sujet: Re: Là où personne ne la verra Dim 18 Jan 2009 - 22:31

Aurore. Voilà bien un très joli prénom, songeait la petite Serdaigle. Ce n’était pas très courant en Angleterre, plutôt français, mais ça collait parfaitement avec le physique de la Rouge et Or. Juliet se demanda si son propre prénom correspondait à l'image qu'on se faisait d'elle... Ce n'était sûrement pas le meilleur moment pour se poser des questions métaphysiques. La jeune Lashawn saisit un des trois livres qu'Aurore venait de récupérer sur l'étagère. Ce n'était pas le moment non plus de refaire une nouvelle chute. Et si la Gryffondor tenait à les lire, au fond ? Juliet s'était mise en tête qu'elle était venue les ranger mais peut-être qu'elle cherchait à les emprunter... C'était un peu stupide comme idée, parce que Kans avait répondu qu'elle allait les ranger. Mais elle semblait si timide qu’elle ne souhaitait sûrement pas déranger quiconque. Cela dit, Juliet n’était sûre de rien. Elle grigna et tenta néanmoins :

- Tu venais les rendre ?

La Bleu et Bronze soupesa le livre qui était, à lui tout seul, l’un des plus lourds qu’elle eût jamais à porter dans sa vie. Elle se demanda quel genre de lectures avait Aurore Kans et jeta donc un coup d’œil furtif sur la couverture, sur laquelle s’inscrivait en lettres d’or : « Que deviendront les licornes ? » Lire le titre lui donna envie de le lire mais Aurore l’avait pris avant elle. Si vraiment elle était venue pour poser ces bouquins, Juliet ne manquerait pas de l’emprunter. Elle était si friande de lecture qu’elle se sentit soudain envahie par le besoin de se poser quelque part et de dévorer n’importe quel ouvrage. Mais elle se sentait un tant soit peu concernée par le sort d’Aurore et elle s’enquit de nouveau sur sa santé :

- Tu es sûre que ça va ? Je dois avoir de la pommade, quelque part, dans ma chambre…

Ou dans sa poche, peut-être. Elle était prévenante et il suffisait d’un rien pour qu’elle s’inquiète (héritage de Tante Bérénice, qui était pourtant souvent à l’origine des blessures de James et Juliet.) Posant rapidement le bouquin par terre, Juliet se mit à farfouiller dans ses poches à la recherche d’un tube d’arnica à appliquer sur le front de la Gryffondor. En un rapide coup d’œil, elle vit qu’une petite bosse s’était formée sous une mèche de cheveux. Avouons qu’à travers l’épaisseur de sa toison, ce n’était pas simple de distinguer grand-chose. Juliet ne trouvait rien dans ses poches, si ce n’était quelques barrettes pour ses cheveux, sa baguette magique évidemment, et un morceau de tissu prélevé sur la robe d’une Poufsouffle agaçante. Devant cette constatation, la jeune Lashawn haussa les épaules d’un air vaincu et proposa :

- Tu m’attendras dans le couloir pendant que je vais dans ma chambre chercher ce tube de pommade, d’accord ? A moins que tu ne préfères voir l’infirmière ?

Sujet: Re: Là où personne ne la verra Lun 19 Jan 2009 - 21:29

Le poids qu’avait à porter Aurore se réduisit considérablement lorsque Juliet attrapa l’un des livres. Du bout des lèvres, la jeune Gryffondor la remercia à nouveau. C’était tout de suite plus facile comme ça. En plus, là, elle voyait où elle allait... La fragile Kans, qui croyait que la Serdaigle allait juste l’aider à ranger ses livres, fut surprise par une nouvelle question. Si elle venait les rendre ? Mais, c’était ce qu’elle venait de dire, non ? Pourquoi Juliet le lui redemandait ? Avait-elle vu qu’elle avait menti ?

"Oui... Enfin... Je les avais pas loués..." , expliqua la petite adolescente, sa voix diminuant en volume au fur et à mesure de l’avancement de sa réponse... La Bleu et Bronze commençait à l’intimider...

Il y eut un nouveau silence qu’Aurore n’essaya pas de briser. Elle n’était pas douée pour faire la conversation de toute façon... Elle se concentra sur ses pieds, pour ne pas s’effondrer lamentablement une nouvelle fois. Oui, parce qu’elle n’avait pas pensé à rattacher son lacet... Elle avait conscience que Juliet la suivait et elle ne voulait pas s’arrêter. Les gens lui faisaient peur... Si elle faisait une pause, inévitablement, elle aurait encore à parler. Oui, la Serdaigle était gentille, mais... Elle l’était trop pour être honnête. C’était clair qu’elle ne restait là que pour ne pas être impolie. Lorsqu’elle rejoindrait sa Salle Commune, elle y discuterait certainement avec ses amies de cette Gryffondor moche et maladroite rencontrée à la bibliothèque...

Juliet s’inquiéta à nouveau de la santé d’Aurore et la petiote, elle, s’alarma de cette trop grande considération. Bien que son front l’élançait, ce n’était pas pour autant qu’elle avait envie qu’on s’occupe d’elle. Non mais, elle survivrait quoi... La Serdaigle cherchait dans les replis de son uniforme. Aurore, elle, cherchait comment décourager l’autre fille de l’envie de lui tapoter le haut du visage avec une crème odorante et collante. Non pas que la Gryffondor ait été coquette, seulement... Cette bosse guérirait toute seule.

"D’accord. J’irai à l’infirmerie." , céda finalement Aurore. S’il suffisait de ça pour décourager Juliet de jouer au médecin avec elle...

Mieux valait trouver un sujet de discussion maintenant. Comme ça, la jeune représentante des Aigles oublierait peut-être ses penchants charitables et Aurore éviterait l’infirmière. Elle n’avait pas peur des infirmières, non... Mais, enfin, madame Royd avait probablement mieux à faire que de soigner d’insignifiantes blessures. S’arrêtant, hésitante, la cadette Kans tenta quelque chose :

"Euh... Je crois que j’ai oublié où je les ai pris..."

C’était faux. Toutefois, ça donnerait de quoi occuper l’esprit de Juliet. Elle serait sûrement contente de pouvoir expliquer à Aurore le fonctionnement du classement des livres. Et la Gryffondor comptait faire comme si elle ne le connaissait pas déjà...

Sujet: Re: Là où personne ne la verra Lun 19 Jan 2009 - 23:32

Est-ce que c'était bien la peine de se donner du mal à retrouver l'emplacement de chacun des livres ? Elles passèrent à l'instant même devant le rayon des encyclopédies animalières et Juliet, qui tenait justement un ouvrage sur les créatures magiques, s'aventura dans le rayon et chercha un moment le trou béant qu'avait causé l'absence de ce dernier. Elle le trouva rapidement et replaça le livre. Puis, elle regarda Aurore et sourit :

- Il reste quoi, comme livre ? Métamorphose, fit-elle après avoir lu dans un rapide coup d'oeil la couverture du premier livre que portait la jeune Gryffondor. Le rayon Métamorphose est juste en face.

Kans paraissait prête à tout pour parler le moins possible et pour éviter d'être soignée. C'était dommage. Peut-être que Juliet en faisait trop mais elle préférait encore en faire trop que pas assez. Ou ne rien faire du tout, comme elle l'avait toujours fait. A une autre époque de sa vie, elle aurait à peine calculer Aurore, elle aurait balbutié un "pardon" hypocrite et se serait sauvée en courant de la bibliothèque pour qu'on ne la mêle surtout pas à tout un bazar. Mais elle voulait grandir un peu et éviter tous les soucis du quotidien. Et puis, la petite Gryffondor, qui faisait bien une tête de moins que la Serdaigle, pourtant pas bien grande, était une gentille fille - bien qu'on eût toujours répété à Lashawn de se méfier de tout le monde et surtout des plus innofensifs. Juliet, en observant attentivement Aurore, voyait bien qu'elle était intimidée. Par quoi, que diable ? Est-ce que c'était Juliet qui l'intimidait tant ? Il n'y avait pas franchement de quoi. Ses yeux repartirent sur la petite bosse sur le front de la Rouge et Or, et Lashawn se dit que, étant donné le ton qu'elle employait, Aurore ne tenait pas tant que ça à se faire toucher la tête. Par elle ou par l'infirmière. Haussant les épaules, la Serdaigle précisa :

- Pour ta bosse... moi, j'dis ça mais... c'est comme si j'disais rien, hein ! Seulement, l'an dernier, une fille de ma classe avait le même genre de blessure que toi, elle ne l'a pas faite soigner et en deux jours, elle avait la tête aussi grosse qu'un Ballongomme de Bullard !

Elle haussa de nouveau les épaules, leva les yeux au plafond comme si elle réfléchissait très intensément avant de rectifier subtilement :

- Mais, c'était probablement dû à un sortilège... Et éclatant dans un grand rire sincère à l'idée de son idiotie, elle finit : Bon, alors, t'as rien à craindre, Aurore !

Sujet: Re: Là où personne ne la verra Jeu 29 Jan 2009 - 21:56

Aurore suivit docilement Juliet dans les rangés, portant les deux gros bouquins restants en ce demandant vaguement si cela lui vaudrait un claquage musculaire. Elle ne disait rien, laissant la Serdaigle prendre les décisions, et si ça n’avait été de sa respiration, on aurait pu la confondre avec un nouveau modèle de chariot à livres...

Le silence la mettait mal à l’aise... mais parler l’aurait tout autant angoissée. Elle ne comprenait pas pourquoi Juliet s’évertuait à rester là, en sa compagnie. Comment quiconque pouvait vouloir rester en sa compagnie ? Aurore n’était pas idiote. Elle savait qu’elle était insipide comme fille. Trop petite, trop maigre, trop timide. Pas assez souriante, pas assez belle, pas assez extravertie.

Sentant les larmes lui monter aux yeux, la troisième année réintégra brutalement le monde réel lorsque l’autre fille lui parla à nouveau. Encore et toujours sa bosse ! On pouvait pas la laisser tranquille un peu ? Hein ? Elle avait treize ans, pas trois ! Elle pouvait prendre soin d’elle-même !

Aussi... grosse... qu’un Ballongomme ? La Gryffondor oublia toute son irritation montante et ouvrit de grands yeux effrayés à cette idée. S’arrêtant net de marcher, elle dévisagea la Bleu et Bronze en ce demandant si elle se moquait d’elle ou pas. L’éclat de rire de Juliet répondit à sa question et Aurore baissa la tête en rougissant, tout aussi honteuse d’avoir cru une histoire pareille que d’avoir, pendant un instant, regardé franchement l’autre fille. Ça ne se faisait pas de fixer les gens.

Reprenant son avancée, la jeune Kans s’arrêta approximativement là où elle avait prit le livre de Métamorphose. Sans regarder même indirectement son interlocutrice, elle désigna d’un imperceptible mouvement de tête un trou sur un rang de livre, à peu près au niveau du regard de la Serdaigle.

"Il doit aller là..." , explicita-t-elle d’un ton neutre. Si la jeune Lashawn avait espéré la rendre plus joviale avec sa blague, ça avait lamentablement échoué.

Aurore se demandait... est-ce que Juliet avait voulu se moquer d’elle ? Peut-être que sa blague n’avait pas été innocente. Peut-être que c’était une moquerie. Comment savoir ? Après tout, pourquoi avait-elle seulement mentionné ce souvenir ? Ah, c’était tellement dur les relations sociales ! Il aurait fallu que les gens se baladent perpétuellement avec des décodeurs pour indiquer ce qu’ils avaient dans la tête.

"Le dernier porte sur les Sortilèges." , indiqua ensuite la petite Rouge et Or, timidement et sans relever le regard. Si cette situation pouvait prendre fin au plus vite...

[Désolée d'avoir mis 10 jours ><]

Juliet était loin d'être aussi stupide qu'elle voulait bien le laisser paraître. Elle voyait bien qu'Aurore n'était pas à l'aise dans les relations sociales. La jeune Serdaigle était à la fois contente de rencontrer quelqu'un qui eut encore plus de difficultés qu'elle à s'entretenir avec d'autres personnes et à la fois irritée de ne pouvoir rien faire pour arranger la situation. Bon, elle s'était assise contre un rayon pour écrire. Aurore ne l'avait pas vue, elle était tombée et s'était prise un amas de livres sur pratiquement chacune des parties de son corps. Et puis ? Juliet se disait qu'elle aurait dû ramasser les livres, les rendre rapidement à sa propriétaire en signe de courtoisie et se tirer illico presto en murmurant un "désolée" inaudible. Peut-être que ça aurait arrangé tout ça ? Aurore serait retournée... faire ce qu'elle voulait faire à l'origine. Et Juliet serait retournée dans la salle commune des Serdaigle, retrouver le feu crépitant et les bavardages des élèves insouciants.

Ca ne s'était pas passée comme ça. La solitude pesait beaucoup Lashawn et elle voulait y mettre un terme en se montrant le moins désagréable possible avec qui que ce soit, fusse-t-on un Serpentard plein d'orgueil, un Poufsouffle populaire ou une Gryffondor taciturne et maladroite. C'était tombé sur la dernière option, pas nécessairement la pire. Pour Juliet, toutes les situations pouvaient se révéler soit très agréables, soit fatales. Ici, manifestement, ça lui avait été fatal. Elle soupira. Décidément, elle se demandait si elle pourrait avoir un jour le droit de fréquenter quelqu'un qui ne la fuie pas comme la peste.

Sa petite anecdote à propos de sa camarade Serdaigle n'avait pas eu l'effet escompté. Elle n'avait eu pour but de faire éclater la toute petite Kans de rire mais, au moins, de détendre l'atmosphère. Juliet Lashawn s'en voulait de l'avoir rendue encore plus perceptiblement tendue. Elle s'étripa intérieurement, tout en soulageant la Rouge et Or du poids que lui incombait le livre de Métamorphose. Elle fit glisser le bouquin dans la place qui lui était destinée et se dit qu'il était probablement temps de laisser s'échapper son espoir de briser sa rancoeur et son isolement :

- Ce n'est sûrement plus la peine de t'emmener chez l'infirmière. Je te laisse ranger le dernier livre, d'accord ? dit Juliet d'un air un peu vexé mais d'une voix très amicale et douce, ce dont elle n'avait pas l'habitude.

Elle récupéra rapidement son air hautain, armure de fer contre les médisances et les regards jaugeurs, et se dirigea vers la sortie. A présent, Aurore était probablement soulagée de la voir disparaître. Le dédain naturel qu'inspirait Juliet insupportait-il donc tant ? La jeune fille fut peinée de ce constat et essuya l'infime larme qui poignait à l'extrémité de son oeil gauche.

[Encore 10 jours plus tard... Ah non, 11 cette fois...]

Ça se passa très vite. Alors qu’Aurore était toujours au bord de la paranoïa en s’imaginant toutes les mauvaises intentions qui pouvaient habiter la charmante Juliet Lashawn, ladite Lashawn décida de céder les armes. Gentille, comme dans tout ce qu’elle faisait, la Serdaigle mit fin à la rencontre et tourna les talons.

Son livre de Sortilèges toujours dans les bras, la petite Kans regarda le dos de la Bleu et Bronze tandis qu’elle s’éloignait. Elle n’arrivait pas à déterminer si elle en était soulagée ou déçue. Plus ou moins consciemment, elle choisi de considérer la chose avec tout le manque d’estime d’elle-même qui la caractérisait : en partant, Juliet venait logiquement d’affirmer tout le manque d’intérêt qu’on pouvait avoir à l’égare d’Aurore. Bien sûr, si elle était restée, la Gryffondor aurait également trouvé le moyen de tourner ça à son désavantage. Elle aurait, par exemple, continuer à penser que Juliet ne restait avec elle dans l’instant que pour mieux la blesser plus tard...

Essuyant du revers de la main une larme égarée sur sa joue, Aurore tourna elle aussi les talons et parti en quête du rayon Sortilèges de la bibliothèque. Elle n’avait plus envie de lire... Elle voulait retourner dans son dortoir et dormir pour oublier à quel point elle avait, encore une fois, été idiote.

[Je suis pas douée pour les fins de topic...]