Serpentards, Botrucs et Gryffondors

À chaque semaine c’était pareil ; Mathias se rendait en cours de Soins aux Créatures Magiques blasé, comptant déjà le temps qui le séparait de la délivrance qu’offrirait la fin des deux heures que durait la classe et ce alors même que le cours n’avait pas débuté. De tous les cours notés à son horaire, celui-là était certainement le plus exécrable, même en comparaison avec le soporifique cours d’Histoire de la Magie. C’est qu’il y avait une raison pour laquelle l’héritier Adams n’avait même pas un hibou. Lui et les animaux, ça faisait deux. Peut-être parce qu’il manquait de sens des responsabilités ou parce qu’il ne comprenait pas qu’on puisse s’attacher à une bestiole nettement inférieure à soi... Quoiqu’il en soit, c’était à chaque fois aussi difficile d’accorder un temps soi peu d’attention à ce cours. Pourquoi l’avoir pris dans ce cas ? Simple : question de facilité. En tant que Sang-Pur, il y avait logiquement vu des notions qu’il avait déjà et, donc, de bonnes notes faciles à aller chercher. À côté de son autre option, les Runes, ça lui prenait un cours de détente. Maintenant toutefois, il se disait qu’il aurait vraiment mieux fait de prendre la Divination, même si c’était une science de grand-mère. Vu ce que Norbert et Lucas lui racontaient, ça avait l’air d’une vraie partie de plaisir. Un cours où on peut dormir au lieu d’en ressortir avec des griffures et des morsures... Pourquoi ne pouvait-on pas changer ses options ? C’était vraiment injuste.

Installés à leur table habituelle, Lucas, Mathias et Norbert étaient arrivés à l’avance, pour une fois. Ils s’étaient presque assagis depuis le départ de Smith... À croire qu’ils étaient indisciplinés uniquement pour énerver leur ancien professeur. Enfin, ils n’étaient quand même pas des élèves modèles. D’ailleurs, n’étant pas dans l’obligation de se tenir tranquille puisque la classe n’avait pas officiellement débutée, les trois amis discutaient avec animation de stratégies de Quidditch sans accorder la moindre attention à ce qui les entourait, le professeur y compris. Le jeune Lizak avait constaté (en traînant par le plus pur des hasards, il va sans dire, aux alentours du terrain de Quidditch de Poudlard pendant un entraînement des Serdaigles) que les Hogward’s Eagles avaient changé d’Attrapeur ! Comme ça, en plein milieu de saison ! C’était un petit de Seconde année, ce qui laissait penser qu’il faudrait probablement s’en méfier. Aussi, peut-être qu’en jouant intelligemment de leur batte, Norbert et Mathias pourraient renvoyer ce môme chez sa mère et ainsi obliger l’équipe des Bleus et Bronze à se re-contenter de Marty-le-bigleux. Avec lui, aucune chance que Serdaigle s’empare du Vif d’or et il n’y aurait donc plus que les Poursuiveurs à envoyer hors-jeu.

La conversation des Serpentards se termina lorsque la voix du professeur remplaçant, Malcolm Fearghal, s’éleva pour annoncer quelle serait la leçon du jour. Les Botrucs ? Et bouse de dragon... Le Préfet-en-Chef gardait un très mauvais souvenir de sa dernière rencontre avec ces machins, lors de sa troisième année, alors que l’un d’eux avait voulu l’éborgner... Pourquoi devait-il toujours tomber sur la bestiole susceptible du groupe ? Ce cours promettait d’être tout à fait détestable.

« ...ak ! Adams avec Nymfalis, Coo... »

Accordant son attention à l’enseignant à l’entente de son nom, Mathias fut donc parfaitement certain d’avoir ouï s’y joindre celui de Nymfalis. Ah, non, vraiment, c’était pas sérieux... Ils étaient prêt d’une vingtaine dans la classe ; pourquoi devait-il se retrouver en binôme avec la seule personne à qui il refusait de parler aimablement ? Qu’avait-il donc fait à Fearghal ? Peut-être qu’il pouvait essayer de soudoyer le prof... Entre Serpentards, on pouvait s’entendre, non ? Sauf que, s’il faisait ça, il apparaîtrait comme celui qui craignait de se retrouver en compagnie d’Olyssa, alors qu’en fait c’était à elle de redouter cette proximité. C’était elle qui s’était brusquement retrouvée rejetée par les siens ‘‘à cause de lui’’ (si tant est qu’on puisse lui imputer une quelconque responsabilité dans la conduite incongrue d’Olyssa au milieu de la Grande Salle au début du mois). Aussi n’avait-il donc pas à changer son comportement. Elle s’enfonçait très bien toute seule. Jetant un regard à la Gryffondor, l’héritier Adams pu d’ailleurs le constater alors que l’adolescente regardait obstinément l’extérieur de la serre, l’air absolument pas naturel. S’il survivait aux Botrucs, il pouvait bien survivre à ça. Avec un soupir résigné, le Serpentard attrapa donc son sac (qu’il n’avait pas encore ouvert) et se leva.

« T'as juste à la faire pleurer comme la dernière fois. Avec de la chance, elle quittera le cours et t'auras une meilleure équipe... » , lui conseilla Norbert avant qu’il ne s’éloigne. Peu sûr de la viabilité de ce plan, Mathias grogna tout de même un assentiment avant de se diriger vers le coin de table offert par Olyssa, tout au fond de la serre.

Rendu là, il jeta son sac par terre et se laissa tomber sur sa chaise, s’appuyant nonchalamment sur le dossier de celle-ci et croisant les bras en attendant que le professeur leur apporter cette horreur de Botruc. Il n’adresse ni un mot ni même un regard à son équipière. Si chacun faisait ses trucs de son côté, réduisant les échanges verbaux au strict minimum, les deux heures pourraient peut-être ne pas être plus horribles que celles des semaines précédentes, à défaut d’être mieux.

Mathias avait choisi le silence, car l’idée d’être amical avec Olyssa était simplement impensable. Il ne le pouvait pas. Elle était juste aller trop loin avec son Imperium. Il aurait été faible de sa part de passer l’éponge, non ? Même si le regard qu’elle lui avait lancé, dans la Grande Salle... Ça l’avait perturbé, même s’il lui coûtait de l’admettre. Agresser verbalement la Rouge et Or était donc hors de question également. Il ne voulait pas la voir triste. Toutefois, qu’elle soit heureuse aurait été mal, injuste. Ah, sérieusement, elle lui pourrissait la vie ! Non, vraiment, le silence c’était bien. Faire comme si Olyssa n’était pas là... Un monde sans Olyssa : un monde sans problèmes... Et ce Botruc, il arrivait, oui ?

Olyssa regardait toujours impassiblement par la fenêtre en triturant nerveusement une mèche de cheveux blonds entre ses doigts . Ce fut seulement lorsque Fearghal Le Vicieux posa royalement un Botruc rabougri et ébourrifé sur sa table qu'elle s'autorisa un regard sur le côté . Conclusion : Mathias semblait aussi bûté et fermé qu'elle à la communication, concentré sur sa plume immobile . Elle soupira intérieurement de soulagement en tâchant toujours d'ignorer les regards qu'elle sentait de temps à autre fixés sur eux … Ils s'attendaient à quoi ? A ce que l'un d'eux tente de mettre à mort l'autre avant la fin du cours ? Et si Mathias avait vraiment ce plan en tête ? Cette fois ce n'était pas des couverts mais une paire de tenailles qui se tenait devant eux … Oly grimaça avant de jeter un oeil aux consignes que Fearghal venait de faire apparaître sur le tableau d'un coup de baguette .

Oly s'était trompée . Le Vicieux ne confondait pas les sixième année avec des troisième année mais avec des gamins de six ans . La Gryffondor saisit néanmoins sa plume et tenta de griffonner pendant vingt longues minutes sur un parchemin le portrait du Botruc, sans omettre d'annoter où se trouvaient des éléments essentiels tels que ses yeux . Ce fut à vrai dire l'exercice qu'elle trouva le plus difficile étant donné que le Botruc produisait un sifflement menaçant à chaque fois que Mathias ou elle, toujours sans échanger un mot, tentait d'écarter les écorces qui recouvraient le corps de la créature pour discerner son "visage".

La jeune sorcière bénissait toujours le silence du Préfet-en-Chef et le déroulement du cours, certes ennuyeux, mais de ce fait très tranquille, lorsque Le Vicieux approcha à nouveau sa vilaine tête barbue de leur table, pour la contourner et venir commenter à voix haute et intelligible le dessin d'Oly . Okay Fearghal ne l'aimait pas, mais qu'est-ce qu'il avait contre elle aujourd'hui ?! Fenrir l'avait payé ou quoi ? Olyssa sentit nettement la frustration monter en elle .

« Navrant, Nymfalis » conclut finalement Fearghal après sa longue tirade de critiques inutiles .
« Hum … Pas autant que le cours, professeur »

Fearghal semblait attendre avec impatience ce genre de réponse car le sourire jubilatoire si répugnant revint se peindre sur son visage, et un vase rempli de terre vint s'ajouter à la panoplie d'instruments qui se trouvait déjà sur leur bureau .

« 10 points en moins pour Gryffondor ! Consigne suivante : Déterrer votre Botruc pour le réimplanter dans un nouveau pot … Nymfalis, qui se souvient parfaitement de son cours de troisième année, va nous montrer comment faire ! »

Et là Olyssa se sentit encore une fois particulièrement stupide . A croire que le destin et sa bêtise s'acharnaient sur elle ... La serre rententissait de chuchottements, ceux moqueurs et avides des Serpents, et ceux réellement agressifs des Lions . Après tout elle venait de leurs faire perdre dix points parce qu'une fois de plus elle n'avait pas su se taire … Et qui plus est, elle ne savait absolument pas comment s'y prendre pour déloger ce foutu Botruc, mais elle prévoyait déjà que ça ne lui plairait pas ! Et Le Vicieux qui était si souriant et confiant …

D'un air dégoûté, autant par elle-même que par les gens qui occupaient la serre, la jeune fille saisit fermement le Botruc par les brindilles implantées au sommet de ce qui semblait être son crâne et le tira sans ménagement de son nid . Si cette méthode marchait sur les Mandragores, ce n'était absolument pas le cas pour les Botrucs, comme on pouvait s'y attendre . Celui-ci se mit alors à se débattre vigoureusement, avec une force surprenante pour un être de si petite taille, et tenta de remonter vers le visage de la Gryffondor en s'accrochant à ses cheveux . Un souvenir de son cours de troisième année refit alors surface dans la tête d'Oly : Les Botrucs s'attaquaient aux yeux . Comprenant la manoeuvre de la bestiole, et il faut l'avouer, légèrement paniquée, la jeune fille arracha le Botruc de ses cheveux, avec quelques cheveux, et le reposa violemment dans son pot favori . Celui-ci lui jeta rageusement une poignée de terre au visage avant de se tapir dans le trou formé par son brutal déterrement .
Des ricanements par dizaines ... Mais surtout UN ricanement, à sa gauche, plus insupportable encore que les autres ... Oly sentit son estomac fondre sous la chaleur de sa colère et n'osa même pas regarder Mathias de peur de lui arracher le nez avec cette fameuse paire de tenailles ...

« Bien ! Je m'en doutais ! Il ne se cache rien d'autre que de la vantardise derrière les gens comme vous, Nymfalis ! On se demande où vous avez obtenu vos BUSES … Un vrai sorcier pourrait-il montrer à Nymfalis comment s'y prend-t-on … Adams par exemple ? » enchaîna Fearghal avec un air vénérateur .

La Gryffondor n'avait maintenant d'autre choix que regarder Mathias le Pur, le VRAI sorcier – parce que c'était ça qu'avait voulu sous-entendre Le Vicieux, elle en était certaine – réussir là où elle venait d'échouer … Une fois de plus … Quelques secondes suffirent cependant pour qu'un sourire rempli de méchanceté s'affiche imprévisiblement sur le visage de la jeune Nymfalis ... A l'annonce du rôle qu'il allait jouer, Oly venait de le remarquer comme une évidence, le rire moqueur de Mathias avait aussitôt cessé . En effet, Mathias détestait toute créature non humaine - Et encore ! - et ce truc teigneux et recouvert de terre n'était sûrement pas humain ... Comment avait-elle pu oublier ce détail ? Avec un amusement non dissimulé, Oly poussa le vase vers un Mathias déconfi .

Dessiner la créature devant soi... Wow... Ils étaient en Sixième par Merlin. Enfin, il valait très certainement mieux ne pas se plaindre. Après tout, le dessin, c’était l’un des travaux les moins exécrables du cours de Soins aux Créatures Magiques. Et le Botruc qu’ils avaient reçu, comble de chance, ne semblait pas trop agressif. Enfin, on aurait dit qu’il attendait le moindre faux pas pour exploser d’une rage meurtrière, mais sinon, c’était pas mal. Il ne bougeait pas trop quoi. Alors, en minimisant les contacts, théoriquement, Mathias pouvait espérer sortir de cette classe sans écorchure.

Attrapant son matériel à dessin, l’héritier Adams s’employa donc à reproduire sur parchemin l’horrible machin planté dans un pot devant lui. Jouant la sécurité, il laissa à Olyssa le ‘‘plaisir’’ de déplacer la bestiole en elle-même, dessinant en même temps que la Gryffondor les parties que cela lui permettait de voir, et se contenta de seulement toucher au pot pour le tourner vers lui de temps en temps. Ce qui était particulièrement énervant, c’était qu’en agissant ainsi, il obligeait la jeune Nymfalis à faire de même pour qu’elle puisse, à son tour, observer quelque chose. C’était presque une lutte silencieuse à savoir qui pourrait correctement voir le Botruc. Du moins, Mathias l’imaginait un peu comme ça. C’était... agressant.

« ... totalement disproportionné d’un point de vue purement artistique, alors quitte à le comparer avec l’original, je n’appellerais même pas ça une tentative de reproduction. Auriez-vous des problèmes de vue ? Ou bien vous n’avez pas compris que le but était de dessiner un Botruc et non d’inventer une créature imaginaire qui, si elle avait le malheur d’être emmener à la vie, demanderait à l’instant qu’on l’achève. J’ai vu des enfants faire mieux et... »

Fearghal, s’ennuyant probablement, s’était tranquillement glissé derrière Olyssa pour démolir verbalement et au profit de toute la classe le travail de la jeune femme. Mathias ne pu s’empêcher de sourire et se détourna, tout comme l’ensemble des autres Sixièmes années, de son propre croquis pour écouter le discours de l’enseignant. Son regard se perdit sur le visage aux joues rosées de sa coéquipière, celui qu’il essayait d’oublier. Une personne ne connaissant pas bien la Préfète-en-Chef aurait pu croire qu’elle arrivait à garder son calme, mais l’héritier Adams savait qu’elle était à deux doigts de faire un malheur. Et si elle se jetait sur le prof pour l’étrangler ? Peut-être qu’elle se ferait virer... C’était une idée... intéressante.

« Navrant, Nymfalis »
« Hum … Pas autant que le cours, professeur »

Le sourire de Mathias s’agrandit. Oh, elle n’arrangeait pas son cas là ! Et le mieux, c’était qu’il n’y était pour rien. Elle creusait sa tombe toute seule. Lui pouvait savourer le spectacle en toute quiétude, comme si le destin se chargeait de le venger. Qu’est-ce que c’était bien la vie, quand même.

Dix points furent retirés à Gryffondor et l’enseignant enjoignit Olyssa de se soumettre à une nouvelle épreuve : changer le jeune Botruc de pot. Les événements qui suivirent furent mémorables. Avec la finesse d’un Hippogriffe dans un potager, la Rouge et Or y alla d’une attaque brutale sur le Botruc pour le déloger. L’instant d’après, elle se débattait pour se défaire des attaques enragés de la créature hautement offusquée. Entre les éclats de rire bruyants et les ricanements presque compatissants mais tout de même pas totalement retenus, toute la classe se gaussa des malheurs de leur Préfète-en-Chef. Mathias, pas mieux que les autres, ne se gêna absolument pas pour faire de même. Ô agréable goût de la revanche ! Et vive Malcolm Fearghal ! La tentative d’Olyssa se conclu, comme il fallait s’y attendre, d’un échec cuisant rendant l’enseignant visiblement très fier de son coup.

« … Un vrai sorcier pourrait-il montrer à Nymfalis comment s'y prend-t-on … Adams par exemple ? »

De... que... quoi ? On aurait pas pu retirer plus rapidement sa bonne humeur à l’héritier Adams. Plus aucun sourire ne fleurissait sur son visage lorsqu’il dévisagea son professeur en espérant avoir mal entendu. Comble de malheur, celui-ci ne lui répondit que d’une invitation silencieuse de la main à s’exécuter. Oh...

Certainement par pur amicalité (Ah ah...), Olyssa fit glisser vers lui le pot de terre cuite contenant le Botruc ainsi que l’autre, celui avec juste de la terre. Changement brutal dans son maintient, elle semblait toute joyeuse maintenant. La maudissant intérieurement, Mathias se concentra toutefois sur la tâche qu’il devait accomplir. Déjà qu’il était sûr d’échouer, si en plus il se laissait distraire...

Ok, alors... Le Serpentard scruta le faciès repoussant de la bestiole sur la table. Il devait l’admettre, il n’avait AUCUNE FOUTUE IDÉE de comment déloger ce truc ! En fait, il aurait probablement tenté la même chose qu’Olyssa s’il ne l’avait pas préalablement vu échouer. Il lui fallait une autre idée. Pourquoi devait-il absolument changer cette chose d’endroit ? S’il était bien dans son vase, qu’il y reste et qu’il y crève ! Comme si on allait le regretter... Ou, ce qui aurait été bien, ça aurait été de pouvoir utiliser la Magie. Un petit sort de sommeil (ou mieux, de coupe) et hop ! On en parlait plus. Pourquoi fallait-il que les créatures magiques soient généralement imperméables à ça ? Quelle mauvaise blague...

Vraisemblablement parce qu’il commençait à s’impatienter, Fearghal s’éclaircie la gorge. Une idée, une idée, viiite ! Aussi subtilement que possible, Mathias envoya un regard d’appel à l’aide à Norbert et Lucas. Heureusement, le jeune Lizak avait la réponse, qu’il tenta de lui souffla silencieusement : clou... poste ? Hein ? Eau-pote ? Mais ça voulait rien dire ! C’était quoi ce mime ? Une crise d’urticaire ? Un lapin ? Ah, oui, hein, ben désolé de pas être un as de la lecture sur les lèvres ! Il avait qu’à mieux articuler aussi !

« Adams ? »

"Euh... Oui, oui."

Bon et bien aussi bien tenter n’importe quoi... Mathias attrapa à l’envers le pot du Botruc dans l’intention de le renverser rapidement sur l’autre. Cependant, à mi-chemin, la bestiole dû comprendre la manœuvre. Toujours est-il qu’elle n’apprécia pas et s’extirpa à la vitesse de l’éclair d’où elle était pour se jeter sur le bras du Serpentard, toutes dents dehors. Surpris, le Préfet-en-Chef lâcha le vase et abaissa violemment son bras contre la table pour se défaire de la morsure du Botruc. Ce dernier évita de justesse l’aplatissement, sauta sur la table et cracha en direction de son agresseur avant de tenter de retourner se cacher dans son pot brisé et renversé. Ç’en était trop ! Mathias sauta sur ses pieds en renversant sa chaise et enfonça sa main dans la poche de sa robe pour y quérir sa baguette magique et faire exploser cette maudite créature.

« Adams ! » , rugit Fearghal en lui attrapa le poignet avant même qu’il n’est le temps de lever le bras. « Nymfalis et vous êtes de vrais calamités ! Sortez d’ici immédiatement ! Tous les deux ! »

Mathias ne se le fit pas dire deux fois. En moins de deux, il rassembla ses affaires et traversa à grands pas la serre et son atmosphère étouffante, direction la sortie.

Botruc de malheur ! Stupidité de cours inutile de Soins aux Créatures Magiques ! Ah, et surtout, foutu sac à dos mal fermé qui venait d’envoyer tout son contenu rejoindre le sol ! Proprement furieux contre cette journée de bouse de dragon, Mathias expira bruyamment pour évacuer sa colère avant de se pencher pour récupérer ses biens. Il les remis sagement dans son sac, pris bien soin de le fermer, puis se redressa. Voilà. Calme. Ça ne valait pas la peine de se mettre dans tous ses états pour si peu, n’est-ce pas ? Ce n’était qu’un imbécile de bout de bois vivant qui voulait jouer au plus malin... L’héritier Adams n’allait certainement pas perdre son sang froid pour... ça. Zen. Il était le Grand Mathias Adams, par Merlin ! En plus, il avait briser le pot de ce gros idiot de Botruc. Bien fait pour lui. Héhé ! Hum.

Un éclat de rire sonore tira le Préfet-en-Chef de ses méditations. Surpris, il se retourna, haussant un sourcil interrogateur, vers le joyeux luron. Olyssa... Ah, oui, elle avait été virée du cours en même temps que lui. Sitôt que leurs regards se croisèrent, le jeune Nymfalis se tut, soudainement crispée par... la crainte de se retrouver seule face à lui, peut-être ? Elle semblait fichtrement tendue en tout cas. Cet attitude hébétée, cette ambiance de malaise flagrant, ce fut trop pour que Mathias puisse conserver l’habituel masque de condescendance qu’il arborait. Un vrai sourire s’étira sur ses lèvres, un ricanement s’en échappa, suivit d’un rire. Olyssa le rejoignit bien vite dans son hilarité, et comme deux gamins qui viennent de faire un mauvais coup, les Préfets-en-Chefs s’éloignèrent rapidement du lieu de leur délit.

À cette instant, il n’y avait plus la moindre animosité entre les deux Sixièmes années. Ne subsistait qu’une franche camaraderie, comme lors de leur première année à Poudlard, lorsqu’ils s’étaient connus. Ils n’étaient que deux collégiens riant de leurs déboires communs dans ce cours qu’ils détestaient, au mépris de la fierté qui rythmait d’ordinaire leur vie respective. Toute bonne chose ayant une fin, la réalité les rattrapa toutefois lorsque se tarirent les rires. Un silence lourd d’incertitudes se glissa entre les deux adolescents et Olyssa cessa de marcher pour couler vers son compagnon de route un regard méfiant. Celui-ci, comme toute réponse, laissa simplement son habituelle expression d’arrogance reprendre sa place sur ses traits, camouflant à merveille l’incertitude qui l’habitait également.

« Huuum ... » , fit Olyssa, et Mathias songea que cela résumait assez bien la situation, avant d’avancer de nouveau.

Ce moment était-il un genre de nouveau départ ? Impossible. Après ce qui s’était passé... Avait-il été vengé ? Il était vrai que la Gryffondor n’avait pas une vie de tout repos dernièrement. Tous les Serpentards à dos et même, étrangement, pas mal des Rouges et Ors... Pourquoi d’ailleurs ? Et puis, après ce qu’elle avait fait, même s’il acceptait de passer l’éponge, il semblait pourtant assez clair qu’elle ne voulait plus rien savoir de sa présence à moins de cinquante mètres d’elle. Alors, pourquoi restait-elle à ses côtés, à marcher tranquillement ? Et pourquoi faisait-il de même, puisqu’elle ne le méritait pas, après ce qu’elle avait fait... Tant de questions.

« J'avais oublié à quel point ton rire ressemblait à celui d'une goule ! »

Il roula des yeux en soupirant face à ce commentaire qui aurait très bien pu le mettre une fois de plus hors de lui, mais qui finalement le fit plutôt sourire doucement. Sacrée Olyssa... Cette manie qu’elle avait de jouer avec les cendres des feux à peine éteints... Cette maladresse, ça devait faire partie de son charme, probablement. Cette pensée remémora à Mathias la conversation qu’il avait eu avec sa tante durant les vacances de Noël, 2 mois plus tôt. Redevenir ami avec Olyssa... Il avait essayé et ça avait échoué. Il s’était pris un Impérium avant même d’avoir pu ouvrir la bouche ! Pourquoi réessayer ? « Parce que tu en as envie ! » Tsss...

"Je te retourne le compliment." , rétorqua posément le Serpentard en offrant un sourire amusé à son homologue féminin.

Sa décision n’était toutefois pas encore prise. L’orgueil et la rancune, ça allait de paire. Offrir son pardon, c’était piler sur sa fierté et risque de la voir se manger une nouvelle gifle... Malgré tout, il voulait quand même comprendre, savoir ce qui se passait dans la tête d’Olyssa. Simple curiosité toute naturelle...

"Tu m’as jeté un Impardonnable..." , commença-t-il d’un ton neutre, ne souriant plus.

*Et tu sais pourquoi on les appel comme ça ? Parce qu’ils sont impardonnables !* Non, bon, d’accord, ce bout de phrase il allait le garder pour lui... pour l’instant.

"J’ignorais que critiquer ton sang te rendrait aussi furax. Les gens le font tout le temps, non ? C’est pas..." Il se tut, hésitant pour l’une des rares fois dans sa vie, il se mordilla la langue en réfléchissant avant de reprendre. Bon sang, il avait l’impression de marcher au milieu d’un troupeau de dragons endormis... Et comme il l'aurait fait dans cette situation, il continuait de marcher en regardant devant lui, évitant de vérifier l'impact de ses paroles sur le visage d'Olyssa.

"J’aimerais comprendre."

[TADAM ! Deux mois plus tard... >< C'est ce qui arrive quand je réponds pas aux RPs sur le coup. –.–]

Mathias Adams . Olyssa Nymfalis . A croire que les deux Préfets-en-Chef ne pourraient plus jamais s'entendre . Cela faisait maintenant deux ans qu'ils enchaînaient querelles sur querelles, l'un et l'autre vouant un culte si démesuré à leur fierté qu'à chaque fois la réconcilation semblait de plus en plus impossible . Cette année avait de loin battu les records éprouvés jusqu'à maintenant . Leurs éternelles disputes n'avaient plus seulement été verbales, mais aussi physiques, chacun essayant de faire plier l'autre devant sa volonté . Par magie ! … Comment réduire en poussière une amitié de longue date ? Tout simplement en pétrifiant son ami pour son sang, ou encore en l'impériumisant à titre de vengeance … Ceci toujours en public, biensûr !

Non . Décidément, Mathias et Oly semblaient voués à devenir ennemis en dépit du passé . Et pourtant … La Rouge et Or ne pouvait s'empêcher de revenir vers le jeune Adams, bien qu'elle sache depuis bien longtemps que la confiance avait été remplacée par la méfiance dans leurs relations, et que leur amitié avait bien trop été blessée pour redevenir ce qu'elle était . Les cicatrices ne s'effaçaient pas facilement … Mais du moins pouvait-on essayer de les ignorer, et c'est ainsi que Mathias la pardonnait toujours, elle le savait et s'efforçait à chaque fois un peu plus à ne pas songer à une autre fin lorsque les distances qu'ils avaient prises devenaient trop insoutenables . Pourquoi étaient-elles d'ailleurs si insoutenables pour elle ? Pourquoi fallait-il qu'elle accorde tant d'importance au garçon qui lui était le plus incompatible ? Si elle pouvait tout abandonner ... Après tout, qu'est-ce qu'il lui apportait à part la douleur ?

La Gryffondor attendit la réaction de Mathias à sa boutade en sachant toutefois qu'elle serait celle qu'elle attendait … Mathias était si susceptible … Et pourtant si réceptif à ses provocations puériles . S'il y avait bien une chose sur laquelle ils s'entendaient, c'était sur leurs interminables joutes verbales . Et cela se confirma encore une fois . Le jeune Adams adressa un sourire amusé à Olyssa, sourire qu'il ne lui avait pas adressé depuis bientôt un an, et Oly sentit brusquement son coeur faire une embardée inexplicable . Bouah ! Elle connaissait peu de personnes auxquelles le sourire allait aussi bien ! ><

« Tu m'as jeté un Impardonnable ... » reprit soudain Mathias, le précédent sourire fugace ayant disparu de son visage et laissant Oly aussi désemparée qu'une filette privée d'une friandise .
« J'ignorais que critiquer ton sang te rendrait aussi furax . Les gens le font tout le temps, non ? C'est pas ... » continua-t-il, mais cette fois-ci avec une différence évidente … Il était hésitant, et non plus accusateur . A l'inverse d' Olysssa . Les gens le faisaient tout le temps ?! Pétrifier leurs amis en apprenant que ceux-ci n'avaient pas les mêmes origines qu'eux ? Il l'avait piétinée jusqu'à la réduire en boullie, avait fait comme si elle n'avait jamais existé pendant des mois, avant de revenir lui demander son pardon comme si de rien était, comme s'il était tout naturel qu'elle l'accepte … Comment n'avait-il toujours pas pu comprendre l'excessivité de sa réaction ?

Alors qu'Oly en venait à se demander s'il ne se foutait pas d'elle à nouveau, le jeune homme rajouta qu'il ne comprenait pas … Qu'il aimerait comprendre … Le seul côté de son visage qu'elle pouvait discerner – Mathias semblait à nouveau décidé à ne pas la regarder - était peint d'une décidément trop franche hésitation, incompréhension … Un petit garçon puni sans en avoir saisi la raison, voilà à quoi le faisait soudain penser le Serpentard … A sa propre horreur, un certain attendrissement vint atténuer la colère de la Gryffondor . Les mecs étaient parfois si bêtes . Et Mathias était souvent si égocentrique qu'il ne discernait pas ce qu'il se produisait à un pouce de son nez . Or, Mathias était un mec … * Waouh, découverte digne d'un article dans la Gazette du Sorcier Nymfalis ! *

Olyssa se planta brusquement devant Mathias et vrilla son regard dans le sien, comme à chaque fois qu'elle agissait trop spontanément pour avoir réfléchi .
« As-tu déjà essayé, ne serait-ce qu'une seule fois, de te mettre à ma place ? »

Oly n'avait pas parlé durement, plutôt d'un air suppliant à vrai dire, qu'elle essaya de gommer aussitôt en entreprenant d'aider Mathias à éprouver quelque chose qui lui échappait apparemment complètement . L'empathie . Tenait-il vraiment à elle s'il n'avait même pas été capable de ça ? Elle balaya également ce nouveau doute .
« Essaie d'imaginer, même si ça te semble invraisemblable, essaie . Tu as un père moldu qui ne t'a jamais aimé . Tu ne l'as pas choisi . Moi, Sang-Pur, je l'apprends . Tu étais mon ami, maintenant tu me dégoûtes, je te hais . Je te pétrifie alors tout naturellement . Tu n'es même plus un souvenir, tu n'es rien . Je t'humilie . Devant deux Gryffondors qui vont colporter cette scène dans toute l'école . Puis après ça, tu n'as jamais existé . Ou tu existes seulement pour les moqueries . Et un jour, je songe que tu étais un bon divertissement, et comme tu n'es qu'un objet à ma disposition, je t'annonce que je veux rejouer avec toi en te disant un pauvre pardon dans un couloir ... »

Oly déglutit difficilement, la gorge à présent broyée dans un étau de tristesse et de colère :
« Comment réagirais-tu face à ça ? »

Peut-être que ce n’était pas l’insulte qui avait blessée l’adolescente. Peut-être que c’était parce que ça venait de lui. C’était là l’une des hypothèses de Mathias. Sauf que ce qui clochait dans cette hypothèse, c’était qu’elle sous-entendait qu’Olyssa tenait suffisamment à lui pour être hautement touchée par ses réflexions. Improbable. Odessa Adams avait beau dire qu’aucune fille ne pouvait résister à son filleul, le fait était qu’Olyssa n’était pas n’importe quelle fille. Évidemment, malgré son caractère bien trempé, elle restait une jeune femme. Sauf qu’elle ne faisait absolument pas montre d’une oppressante sensualité dans le style de Velia Pozzi. Il n’y avait pas non plus chez elle la moindre trace d’une timidité du genre de celle de Colleen Yagher en sa présence. Bref, elle ne cadrait avec aucune des deux attitudes types des filles intéressées par un garçon.

L’héritier Adams ne doutait nullement de son charisme, mais il était tout aussi lucide quant à l’unicité d’Olyssa Nymfalis, à ce qui faisait en sorte qu’ils n’étaient qu’amis. Elle ne tenait pas à lui plus qu’à un autre. Seconde théorie : il avait simplement été la goutte d’eau qui fait déborder le chaudron. Cependant, cela n’expliquait pas la violence de la réaction à laquelle il s’était heurté en voulant réparer sa ‘‘gaffe’’. C’était des mois plus tard. Le temps aurait dû apaiser la colère de la Rouge et Or... Il en revenait donc toujours au même point : l’incompréhension.

Et il en était encore là lorsque Olyssa lui bloqua brusquement la route, plantant son joli regard turquoise dans le sien. Il n’y avait nul trace de colère dans ces prunelles et étrangement, cela rendit Mathias plus serein, même si c’était totalement irrationnel considérant qu’il n’avait pas encore entendu ce que la Gryffondor voulait lui dire. Peut-être qu’elle allait le laisser avec une ixième phrase énigmatiquement désabusée...

« As-tu déjà essayé, ne serait-ce qu'une seule fois, de te mettre à ma place ? »

Évidemment ! Enfin... Euh... Sûrement. Peut-être ? Fronçant les sourcils, Mathias baisa le regard, se perdant dans l’admiration aveugle du sol, cherchant dans sa mémoire. Peut-être pas... Ne se mettait-on pas à la place des autres que lorsqu’on considérait ces autres comme plus importants que soi ? Or, la personne la plus importante au monde, si on voulait être heureux, se devait d’être soi-même, non ? L’empathie n’était certainement pas l’apanage de ceux qui réussissent dans la vie, des ambitieux. Néanmoins, s’il fallait se soumettre à cet exercice un court instant pour déchiffrer la situation, le Serpentard pouvait bien essayer. Parce que, ça, il avait vraiment envie de le comprendre. Aussi, lorsque la Préfète-en-Chef repris la parole, Mathias tenta du mieux qu’il pu de visualiser ce qu’elle lui narrait, d’oublier ses précédentes hypothèses.

La voix d’Olyssa s’effrita toutefois au fur et à mesure de l’avancé de son discours. Sans qu’elle ne se casse pour de bon, elle laissa sans peine entendre que les émotions comprimaient la gorge de l’adolescente. Sitôt qu’il le remarqua, Mathias redressa la tête, inquiet.

« Comment réagirais-tu face à ça ? »

Il était difficile de déterminer si la Rouge et Or était plus malheureuse que furieuse en énonçant cette question, mais un truc était certain : elle n’allait pas bien. La première chose à laquelle l’héritier Adams songea fut de la réconforter, de la serrer contre lui. Il s’en empêcha cependant parce que peut-être que ce n’était pas la meilleure chose à faire. Elle allait peut-être vouloir lui arracher la tête s’il tentait ça. Peut-être qu’elle voulait plutôt qu’il parte. Ou peut-être qu’il devait répondre correctement à la question. Peut-être... Pfff... Non, vraiment, il n’arrivait pas à se mettre à la place des autres. Tous ces ‘‘peut-être’’ restaient là, incapables de trouver une réponse.

"Je ne te hais pas Olyssa. En fait... J’essayais. J’ai cru que c’était la bonne chose à faire. Sauf que ça n’a pas marché... pas vraiment. Et puis je me suis dis qu’en fait j’avais eu tord et que j’aurais dû rester ton ami. Parce que, même si ça n’en a pas l’air, je tiens à notre amitié. Peut-être que c’est égoïste, mais..." Il haussa les épaules, laissant sa phrase en suspend.

« Je ne te hais pas Olyssa . En fait … J'essayais . J'ai cru que c'était la bonne chose à faire . Sauf que ça n'a pas marché … Pas vraiment . Et puis je me suis dit qu'en fait j'avais eu tord et que j'aurais dû rester ton ami . Parce que, même si ça n'en a pas l'air, je tiens à notre amitié . Peut-être que c'est égoïste, mais ... »

Mais ? … Encore un problème typique des représentants du sexe « fort », ils n'étaient jamais capables d'aller au bout de leurs phrases dès que ça devenait important . Fallait-il donc toujours leurs arracher leurs idées pour y comprendre quelque chose ? A son tour, Olyssa jeta un regard rempli d'incompréhension au Serpentard … Pourquoi essayait-il de la haïr ? Son sang avait-il eu tant d'importance dans cette histoire, était-ce la seule raison de l'horrible attitude de Mathias pendant tout ce temps ? Et qu'est-ce qui n'avait pas marché ? Oly avait pourtant eu la nette impression que ça avait très bien marché … Pour sa part, elle l'avait détesté, du moins assez pour lui jeter un Imperium … Okay, elle était du genre impulsive, mais elle n'était jamais allée jusqu'à cette extrémité avec personne ! Et puis surtout, pourquoi avait-il changé d'avis du jour au lendemain ? Tenait-il plus à elle qu'elle ne le croyait où était-ce une nouvelle manoeuvre pour lui faire du mal ?

Trop de questions se bousculaient décidément dans la tête de la Gryffondor … Si elle avait pu sonder les pensées du jeune Adams … Après les sortilèges informulés, il faudrait donc qu'elle passe à un niveau nettement supérieur : Occlumens . Quoique … Cette capacité avait plutôt mauvaise réputation depuis Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom, bien que le célèbre Professeur Rogue ait pu prouver l'utilité positive de ce pouvoir … Bon euh Oly, reviens, tu as peut-être une réponse à donner avant de devenir Occlumens, non ? … Ou de nouvelles questions à poser …

« Pourquoi essayais-tu de me haïr ? Et … Pourquoi as-tu changé d'avis ? » Demanda la jeune fille d'une petite voix qu'elle ne se reconnut pas .

Elle avait bien conscience de pousser Mathias dans ses retranchements . Plus renfermé que lui sur cette planète, ça n'existait sûrement pas . Qu'est-ce qui avait bien pu le pousser à devenir comme ça d'ailleurs ? Si distant, si froid, si méfiant, si rempli de préjugés, si … Mauvais ? Ah bah voilà qu'elle se demandait à quoi ressemblaient les parents d'Adams ! Nan parce qu'il semblait impossible de naître si guindé … Seule une éducation au-delà du rigide pouvait en venir à ça … Une nouvelle poussée d'affection pour le Vert et Argent saisit le coeur d'Olyssa . Ce n'était pas sa faute, vraiment pas … Oh et puis m**** !! A seize ans on est assez développé cervicalement pour réfléchir par soi-même non ?

Finalement, malgré toutes les émotions contraires qui pouvaient l'assaillir, Olyssa en revenait toujours au même point . Elle, et bien elle avait bien essayé de se mettre à la place du Préfet-en-Chef . Des milliers de fois . Mais elle n'arrivait réellement pas à lui trouver de circonstances atténuantes . Ils étaient en de très bons termes, il avait soudain été odieux, immoral, sans aucune autre raison que le mélange de ses origines . Comment comprendre et cautionner ça ? Un vrai ami, aussi surpris soit-il, aurait accepté cette différence … Kalinah Horuni, pourtant caractérisée par son intolérance envers les Moldus, comme beaucoup de Serpents et de sorciers issus de familles aux idées noires, n'avait jamais remis en cause leur amitié pour ça ! Elle l'avait si bien accepté qu'elle passait même chaque année une partie de son été dans la maison Nymfalis, et ceci dans une parfaite entente avec sa famille, et vice versa pour Olyssa, bien que le père de Kali n'ait jamais su qu'Oly était une Sang-Mêlé . Certes, l'amitié d'Oly et Kali datait maintenant d'une autre époque, mais l'indifférence mutuelle que les deux jeunes filles se dispensaient à présent n'avait rien à voir avec ça, et Olyssa ne désespérait pas par ailleurs qu'un jour les choses se rétablissent …

Non . Décidément, rien n'y faisait, et à moins que le jeune Adams ait de sérieux arguments, elle ne voyait pas comment le pardonner … Tiens, lui avait-il offert un pardon sincère au fait ? Un pardon qui vaille la peine d'être considéré comme un pardon, pas celui auquel elle avait eu le droit deux mois plus tôt dans un des couloirs du château et qui l'avait mis hors d'elle tant il sonnait faux . Et dire qu'elle lui avait fait ses excuses avant lui … Et dire qu'elle regrettait amèrement de lui avoir fait subir ce sortilège … Et s'il regrettait vraiment à présent ? Peut-être avait-il fini par réaliser les erreurs qu'il avait commises, peut-être était-ce pour ça qu'il avait changé d'avis, peut-être que finalement, il tenait à elle … Oly ne pouvait pas s'empêcher de se demander depuis l'incident dans la Grande Salle avec Sam … Mathias avait paru bien trop heureux de le frapper pour que cela paraisse pour de la simple auto-défense, il s'était bien trop acharné … Erf, non, une crise de jalousie d'Adams semblait carrément tirée par les cheveux, s'il tenait à elle, c'était par pure amitié, du moins assez pour qu'il revienne sur ses décisions, et le Serpentard ne revenait jamais sur ses décisions …

Olyssa était soit une grande chanceuse, soit une grande naïve, et elle espérait avec une force inouïe que la réponse de Mathias la porterait plutôt sur la première option … Etait-il normal de penser autant de choses à la fois ? Un mal de crâne lancinant accueillit la Gryffondor en réponse ...

D’une toute petite voix, comme si elle n’était pas certaine de vouloir réellement connaître les réponses à ses questions – ou peut-être parce qu’elle craignait de pousser trop en avant son intrusion sous l’épaisse couche d’arrogance de son interlocuteur et qu’il ne se referme brusquement telle une huître en happant au passage le bout de son nez trop curieux, Olyssa poursuivit tout de même son interrogatoire. Ah, les filles... Elles ne savaient jamais s’arrêter. Il leur fallait toujours toute l’histoire en long, en large et en travers.

Pourquoi la haïr ?

"Par principe."

La réponse fusa naturellement. À nouveau, Mathias haussa les épaules, cherchant inconsciemment à diminuer l’importance de cette réplique. Comment expliquer à Olyssa le dilemme auquel il avait dû faire face ? Ou plutôt... non. Ça n’avait pas été un choix. Sa réaction avait été instinctive, rapide. Il avait fait la bonne chose, avait suivit le juste chemin dicté par sa morale. Sauf qu’elle ne pouvait pas comprendre. Elle n’était pas à sa place. Pour elle, le monde était probablement divisé entre les Bons et les Méchants, mais il y avait tellement plus. Si elle avait pu voir les choses comme lui, saisir sa philosophie de la vie, peut-être... Mais là, s’il tentait d’être moins général, c’était plonger à pied joint dans une nouvelle engueulade. Question de valeurs, de point de vue. Peut-être qu’un jour ils pourraient en parler... mais pas là.

"Sauf que – peut-être – que pour qu’une règle soit une règle, il lui faut son exception." , enchaîna le Serpentard en offrant à la jeune Nymfalis un demi-sourire amical.

C’était une réponse bidon. Le genre de truc qu’on retrouver dans les romans et qui fait songer au lecteur « Voilà une grande vérité ! » alors qu’en fait, la phrase en elle-même est creuse, vide de sens. Encore une fois, Mathias ne trouvait simplement pas d’explication à fournir. Il était un gars ; il n’avait pas besoin de donner un nom exact à tout ce qu’il ressentait. Lui-même ne comprenait pas trop pourquoi il agissait comme il le faisait à cet instant en tentant de sauver une amitié mainte et mainte fois sauvagement piétinée. Alors de là à l’expliquer à quelqu’un d’autre... Il espérait simplement faire comprendre à Olyssa que, oui, il avait des principes et que, oui, il y tenait ; sauf qu’il était prêt à les oublier un instant, histoire de redonner une fois de plus une chance à leur amitié.

Redonner une chance à leur amitié semblait pourtant si absurde. Une journée plus tôt, encore, et il aurait ris de cette idée. Depuis qu’Olyssa lui avait balancé un Impardonnable à la tête en fait. Avant ça, pendant les vacances de Noël, il y avait eu un moment où il y avait cru... Moment bien vite oublié face à l’échec cuisant qu’il s’était pris. Ça l’avait mis tellement en colère. Il n’aurait pas cru pouvoir pardonner ça et pourtant... Près d’une Olyssa si... gentille, il s’apaisait, oubliait sa rancoeur, sans pouvoir l’expliquer. Ça en faisait des choses inexplicables !

"Je suis désolé de t’avoir fait de la peine. C’était... en fait, si, c’était le but à ce moment là, mais, maintenant, je regrette." , avoua-t-il calmement, mu par une soudaine impulsion, après un moment de silence.

Et s’il avait pu changer le passé... pas avec un retourneur de temps, ça n’aurait pas été suffisant, mais avec un truc plus puissant... l’aurait-il fait ? Probablement pas. Si on lui avait offert la chance de modifier cette dispute là, il aurait certainement agis exactement pareil. Il ne croyait simplement pas avoir eu tord. Il avait fait ce qu’il devait faire. Aujourd’hui, il changeait sa baguette de main, mais ses principes restaient intacts. Il est fort probablement que personne d’autre n’y aurait compris quelque chose, mais Mathias Adams était suffisamment arrogant et imbu de lui-même pour parvenir à concilier son dégoût des Sang-Impurs avec l’idée d’être ami avec l’une d’entre eux sans y voir de contradiction. Pour cette même raison, il pouvait regretter quelque chose sans pourtant envisager que ça aurait pu se passer autrement.

[Un peu court, mais... voilà quoi. ^^]

« Par principe … Sauf que – peut-être – que pour qu'une règle soit une règle, il lui faut son exception »

… Et elle attendait presque le sourire de vainqueur d'Adams à la fin de cette phrase insipide .
La tête légèrement penchée vers la droite, Olyssa scrutait à présent le jeune Adams en biais, un sourcil relevé, une moue sceptique … Bon dieu ce qu'il pouvait l'agacer avec ses énigmes ! Une réponse normale, simple et claire, était-ce trop demandé ? Fallait-il que ce soit encore à elle de se creuser la tête pour tenter de trouver une traduction à ce blabla incohérent ?

Oh elle ne pouvait nier qu'elle s'y attendait . Pire, elle savait pertinemment que Mathias lui fournirait ce genre de réponse, c'était sa spécialité, du moins en ce qui concernait les conversations sérieuses qu'ils partagaient . Devenait-il trop prévisible, ou au fond le connaissait-elle trop bien ? Voilà, c'était ça le problème, la Gryffondor avait apprivoisé les habitudes du Serpent, si bien que ce genre de réponses, elle savait qu'il les fournissait lorsqu'il n'avait pas envie – Ou peur ? - de donner l'entière vérité de ses pensées . Une autre fille aurait été enchantée de cette réplique … Elle était une exception, elle avait su se distinguer à ses yeux, malgré qu'il ne puisse tolérer tout Sang Impur, elle était spéciale, elle avait son importance … Mais pour Oly, ce n'était qu'une manière de couper court à une discussion, voir une éventuelle nouvelle dispute, à ses protestations et donc plus simplement une manière de la garder sous contrôle …

Quand comprendrait-il que finalement, lui raconter de long en large ce qu'il pensait, en détails, au risque même de la blesser, lui jouerait moins de tours que ce mystère ? Les mecs étaient lâches, mais cette vérité d'ordre général concernait Mathias plus que tous les autres . Deux options se présentaient à Olyssa : S'énerver, le secouer dans tous les sens pour lui arracher ce qu'étaient ses fameux principes et en quoi il y avait renoncé pour elle, ou passer l'éponge … Et il se trouvait qu'elle n'avait pas passé l'éponge depuis longtemps en ce qui concernait Mathias … Et surtout, elle était lasse, lasse de tous ces conflits, de chercher à comprendre, lasse d'efforts … Elle le saurait . Mais pas aujourd'hui .

« C'est ce qu'on appelle une réponse pleine de sens et d'utilité, Adams ! » se contenta-t-elle de répliquer avec ironie et un regard fatigué … Son mal de crâne montait à présent crescendo et appuyait d'autant plus l'expression de lassitude de son visage .

« Je suis désolé de t'avoir fait de la peine . C'était … En fait, si, c'était le but à ce moment-là, mais, maintenant, je regrette . »

Le regard de la Préfète-en-Chef s'aggrandit un instant . Etait-il vraiment entrain de faire des efforts ? Cette notion ne lui était-elle pas inconnue ? Waouh, il développait … Bon à peine, parce qu'on en revenait toujours au : Pourquoi regrettes-tu ? Pourquoi as-tu changé d'avis ? Mais bon … Au moins avait-il l'air sincère pour une fois .

Oly n'était même plus intriguée par son manque de réaction … Elle avait attendu ce moment si longtemps, elle aurait du être alerte, attentive, mais elle ne ressentait qu'une fatigue immense, comme si les combats des derniers mois décidaient de l'érinter maintenant qu'ils semblaient prendre fin . Elle avait imaginé cet instant une centaine de fois, sous tous les angles possibles, même romantique – Bah oui, on n'oublie jamais ses vieilles faiblesses – et tout compte fait, il lui paraissait bien fade . Trop de désir conduisait à la déception, c'était bien connu … Et bien voilà, elle était servie, mais au moins maintenant pouvait-elle se dire que leur amitié n'était peut-être pas définitivement foutue …

La jeune Nymfalis était à présent victime d'un léger tournis, si bien qu'en se plaquant la main sur le front à une nouvelle lancination, elle perdit l'équilibre avant de se rattraper au bras de Mathias et de lui retourner aussitôt un regard gêné :

« Et bien … Contente de savoir que tu regrettes ! On se croisera peut-être un de ces jours, maintenant que ma présence dans un même couloir que toi ne te fera pas froncer le nez et partir en courant ! A bientôt … Adams . »

Et sur ces mots bien vagues et n'expliquant en rien qu'elle s'accroche soudainement à l'avant bras du Serpentard, Olyssa commença à marcher vers le château, aussi vite et sûrement que sa vision floue lui permettait . Bon, elle avait peut-être été un peu dure, mais à explications médiocres, réactions inintéressées ! Et puis pour le moment, tout ce qui l'importait c'était ses vertiges … Adams lui avait toujours fait des effets étranges, mais pour le coup là c'était vraiment flippant !

[Je me suis dit que le temps de la conclusion de ce topic était peut-être venu =p]

« C'est ce qu'on appelle une réponse pleine de sens et d'utilité, Adams ! »

Que de sarcasmes... Même si, il faut l’avouer, elle n’avait pas tord. Elle n’avait pas mordu à l’hameçon, intelligente petite Olyssa. Le sourire amical de Mathias changea imperceptiblement une seconde, léger rictus de dérision, avant qu’il ne décide de ne pas en faire de cas et de poursuivre comme s’il n’avait pas remarqué le ton désabusé de son interlocutrice. Solution de facilité, certes.

Il ne remarqua pas le bref étonnement de la Gryffondor lorsqu’il lui demanda pardon, puisqu’il regardait devant lui et non vers elle. Cependant, il ne pu faire autrement que de lui accorder toute son attention lorsque, sans crier gare, elle s’appuyant brutalement sur lui. Une main sur le front, surjouait-elle la comédie, moqueuse, pour démontrer à quel point elle ne le croyait pas ? Le regard qu’il croisa démentit toutefois cet hypothèse. Était-elle souffrante ?

"Olyssa ?" Elle ne dû pas l’entendre, car elle enchaîna comme si de rien n’était.

« Et bien … Contente de savoir que tu regrettes ! On se croisera peut-être un de ces jours, maintenant que ma présence dans un même couloir que toi ne te fera pas froncer le nez et partir en courant ! A bientôt … Adams . »

Sans explication, elle mettait fin à la conversation et s’éloignait déjà, abandonnant l’héritier Adams à sa surprise. Quoi ? C’était tout ? Vraiment, les femmes étaient des mystères ambulants... et particulièrement celle-là. En plus, il avait la drôle d’impression de s’être un peu fait avoir. Quoiqu’il en soit, avec un cran de retard, il fit comme la Préfète-en-Chef et pris la direction du château. Un temps libre gratuit. Il allait en profiter pour répondre à sa correspondance tiens...

[C’est court, mais c’est que pour la forme. Moi et les fins de topic... x)]