Soleil et révisions

Qui dit juin, dit été qui approche à grands pas. Malheureusement, avant la délivrance des vacances estival, il fallait à tous les étudiants de Poudlard un dernier effort à fournir. Les examens arrivaient. Les cinquièmes et septièmes années, avec respectivement leurs BUSEs et leurs ASPICs à passer, étaient les plus touchés par cette souffrance cérébrale à venir ; on ne les voyait déjà plus depuis au moins la mi-mai, pour les plus retardataires d’entre eux... Les autres promotions n’étaient cependant pas épargnés, bien que pour ceux-là le stress soit légèrement moins grand. La première fin de semaine de juin débutée avait finalement été le coup d’envoi, la réalisation pour tous qu’il était temps de se mettre sérieusement aux révisions. Les balais de Quidditch avaient été rangés, les jeux de Bataille Explosive mis hors de vue pour éviter toute tentation et les échiquiers abandonnés. Même les plus nonchalants tels que Mathias Adams s’étaient résignés à se mettre à l’étude.

C’est pourquoi le Serpentard se trouvait dans le parc, assis à l’ombre des arbres bordant la Forêt Interdite, tout près de là où se donnait le cours de Soins aux Créatures Magiques. Il y attendant sa coéquipière de SCM justement, Olyssa Nymfalis, car ils avaient un projet d’équipe à terminer pour la semaine suivante. Peut-être attiré par le beau temps, Mathias était étonnamment arrivé en avance. Il aurait certes pu en profiter pour commencer à bosser seul, mais, hey !, hors de question. Si ça n’avait pas été un travail en équipe avec l’une de ses amies, il ne l’aurait probablement même pas fait, quitte à se prendre une retenue. Vraiment, les Soins aux Créatures Magiques, c’était pas sa tasse de thé. Pourquoi avait-il gardé ce cours passé la Cinquième d’ailleurs ?

Le coin était tranquille. Les autres étudiants éparpillés dans le parc étaient en grande majorité plongés dans des bouquins. Le règlement de l’école permettant à ses élèves de se vêtir autrement qu’avec l’uniforme les samedis et les dimanches, impossible de différencier les Maisons. Toutefois, Mathias faisait partie des rares personnes qui portaient les vêtements réglementaires même les week-ends, à quelques fins de semaine d’exception près. Ça lui évitait de se casser la tête. Et puis, il lui faisait bien l’uniforme alors... Depuis tout petit qu’on l’avait habitué à porter de beaux habits en tout temps. Néanmoins, le vent frais pratiquement toujours présent dans le nord de l’Angleterre où le château était situé n’était pas au rendez-vous ce jour-là. L’héritier Adams avait donc à un moment retiré sa cape, l’abandonnant en un tas informe à côté de lui, avec son sac à dos.

Après dix bonnes minutes à ne rien faire, le Préfet-en-Chef avait quand même fini par sortir son livre de SCM... pour s’en servir comme appui tandis qu’il écrivait à sa tante. Odessa Adams lui avait envoyé une lettre pour son anniversaire, une semaine plus tôt, et il n’avait pas encore eu le temps d’y répondre. Elle avait bien sûr profité de son message pour se vanter d’avoir eu raison sur le fait que son neveu parviendrait ‘‘aisément’’ à renouer avec ‘‘sa charmante blondinette’’, ce qui n’avait, selon elle, rien d’étonnant considérant que son filleul était tout simplement ‘‘un Dom Juan irrésistible’’. Elle occultait totalement le mois de guerre froide entre les deux. Franchement, avec une tante pareil, pouvait-on reprocher à Mathias d’être un peu prétentieux ? Le Sixième année ne se gêna d’ailleurs pas pour le faire narquoisement remarquer à sa marraine.

Deux jambes firent enfin leur apparition au coin du champ de vision de Mathias qui releva le yeux le temps de saluer Olyssa. Malgré son arrivée, il ne rangea pas son matériel d’écriture. C’était de l’italien, alors à moins que la Gryffondor lui ait caché qu’elle parlait aussi cette langue... Ce n’était pas que l’héritier Adams eut quelque chose à dissimuler dans sa correspondance, mais bon, voilà... C’était quand même personnel comme truc et il gardait un assez mauvais souvenir de la dernière fois qu’il avait perdu une lettre en compagnie d’Olyssa. Donc : vive sa langue maternelle et son indéchiffrabilité pour les autres étudiants de Poudlard !

"Je termine ça et je suis tout à toi." , annonça le Vert et Argent, sans mentionner que, bon, il en avait quand même pour un petit moment encore. Il faut avouer qu’il n’était pas particulièrement pressé de se mettre aux SCM aussi.

"Passé un bel avant-midi ?" , interrogea-t-il distraitement tout en terminant d’écrire une phrase.

Les relations entre Mathias et Olyssa s’étaient en effet grandement améliorée depuis... et bien, aussi ironique que ça puisse l’être, depuis que le prof de SCM les avait jumelés. Les deux jeunes gens avaient recommencés tranquillement à se parler, à se voir en dehors des cours... Bref, le retour improbable à l’amitié avait eu lieu, même si tout jouait pourtant contre cette amitié. C’était étrangement comme si rien ne s’était passé. Du moins, selon le point de vue de Mathias. Peut-être était-ce différent pour la jeune Nymfalis, mais le Serpentard, d’un naturel positif, était parvenu à vivre l’instant présent sans se soucier du passé. Aussi se souciait-il réellement de savoir comment avait été l’avant-midi d’Olyssa, de son amie.

[J'avais aucune idée de titre pour le topic... ]

Des éclats de voix plus sonores que les autres éclatèrent dans la Grande Salle . Olyssa Nymfalis leva négligemment la tête de ses cours de métamorphose pour voir quels étaient les responsables de ce bazarre . Deux Serdaigles se chamaillaient, semblait-il pour un livre, tirant chacun d'un côté de la reliure et piaillant à qui mieux mieux . Oly interpréta ceci comme un signe - Chaque prétexte est bon pour ne pas travailler - elle entassa aussitôt ses affaires dans son sac, le jeta sur son épaule et s'éloigna de la table des Lions sans un regard pour son assiette intacte . Elle avait l'estomac assez noué ces temps-ci .

A cette époque de l'année, l'ambiance dans Poudlard était franchement électrique . La plupart des élèves arboraient un air soucieux, voir angoissé, tant et si bien qu'un marché noir s'était développé dans les couloirs les moins fréquentés de Poudlard : des élèves peu scrupuleux, profitant de l'aubaine, vendaient des potions pour soit-disant rendre plus intelligent, ou plus concentré, ou encore faire croître la mémoire, et les effets secondaires tels que des invasions de furoncles sur les naïfs consommateurs, donnaient du fil à retordre à l' infirmière . Quant aux élèves survivants, peu se baladaient sans un livre à la main, bien que certains ayant adopté ce style pour se donner bonne conscience . Tel était le cas d'Olyssa, qui malgré ses efforts, avait beaucoup de mal à s'imposer un programme de révision qui tenait la route . Mais après tout, les ASPIC étaient dans un an, et si les examens de sixième année n'étaient pas aisés, peu d'élèves y échouaient, et Oly ne songeait pas une seconde qu'elle pourrait faire partie des perdants . Bon, ça c'est ce qu'elle aimait se dire pour se convaincre qu'elle n'avait vraiment, mais vraiment aucune raison de stresser pour si peu !

Un soleil éblouissant aveugla la jeune fille lorsqu'elle passa les portes du Hall . Tsss … Comment travailler dans ces conditions de toute manière ? Ce mois de juin était tout simplement parfait, et autant dire que c'était quelque chose de rarissime en Angleterre . Chaud et lumineux, une période faite pour de longs après-midis de Quidditch et de bronzette au bord du lac . Oly avait d'ailleurs abandonné cape et écharpe depuis quelques semaines, et se baladait dès qu'elle le pouvait en jean et débardeur, comme en ce samedi après-midi, ce qui avait fini par lui donner quelques couleurs .

La Gryffondor passa devant les serres de Botanique et celle de Soins aux Créatures Magiques . La vision de cette dernière lui arracha un petit sourire nostalgique . Cela faisait maintenant trois mois que la jeune fille fréquentait à nouveau Mathias Adams . Après une année de guerre, les deux Préfets-en-Chef avaient fini par se réconcilier d'une manière on ne peut plus étrange, comme à leur habitude, et c'était d'ailleurs ce dernier qu'elle allait retrouver pour tenter de comprendre quelque chose à leur matière fétiche : les SCM . Autant dire qu'ils étaient mal partis !
Contrairement à ce que l'on aurait pu croire, les relations entre Mathias et Oly avaient repris d'une manière paisible, comme un nouveau départ, jamais l'un ou l'autre n'avait osé reparler des raisons de leurs conflits, et rien ne pouvait entamer la bonne humeur de la jeune fille quand ils passaient du temps ensemble, même pas les regards mauvais de Fenrir & Co ou encore les sarcasmes quotidiens de Ridley et sa bande .

« Je termine ça et je suis tout à toi » dit Mathias lorsque la Gryffondor arriva près de l'arbre où ils avaient l'habitude de se retrouver depuis les beaux jours . « Passé un bel avant-midi ? » demanda-t-il tout naturellement sans lever les yeux du parchemin qu'il tenait entre ses mains .

« Mouai, normal . Deux Serdaigles se sont bagarrés pour un livre à midi, ça t'aurait plu . Ah et Sam a encore tenu à me montrer ce qu'il pensait des Serpentards en traumatisant un troisième année à l'aide d'un couteau en lévitation, soit-disant celui qui aurait poignardé le Baron Sanglant ... » dit Olyssa en contournant discrètement le Serpentard de façon à se retrouver derrière son épaule . Ridley était un sujet qui attirait immancablement l'attention du jeune Adams depuis leur bagarre en janvier, et elle avait toujours cru voir de la jalousie dans cet acte, du moins elle aimait y croire et se le voir confirmer … Mais apparemment ce courrier était vraiment important .
Incorrigible fouineuse, Oly se pencha pour décripter les mots italiens que Mathias s'était appliqué à écrire bien proprement du bout de sa plume . Une brise tiède souleva alors une mèche de sa tignasse blonde,
qui se déposa sur la lettre du Serpentard .
Oly se releva aussitôt et s'asseya avec un sourire innocent devant Mathias, celui-ci lui adressant un regard mécontent . Il est vrai que Mathias avait de mauvais antécédents entre le secret de son courrier et son homologue des Lions .

« L'italien ressemble vraiment au français, tu ne trouves pas ? » demanda Oly d'un air sournois . Mathias savait qu'elle parlait français, et le taquiner était l'une de ses activités favorites . Lorsqu'elle reçut en écho le froncement de sourcils à la fois sceptique et inquiet du jeune Adams, elle lui adressa un large sourire rempli de fierté avant de s'empresser de rajouter :
« J'ai rien compris ! » Oh et puis, tanpis pour le tact, la famille Adams intriguait beaucoup la Rouge et Or : « Sauf … C'est qui Odessa ? » Nouveau big smile plein de naïveté !

[ >< Erf, je pensais pas que posté ça donnerait aussi court, mais j'espère que ça te satisfera quand même ]

Ridley... encore lui... Sans parvenir à y adjoindre une raison logique, Mathias détestait ce Gryffondor. Ça n’était étrangement pas dû au fait que l’ex petit ami d’Olyssa avait voulu lui foutre une raclée en pleine Grande Salle (surtout que sa tentative avait échouée alors bon...) ni à cette simple rivalité inter-Maison. C’était plus profond que ça, au point qu’il ne se ferait certainement pas prier si l’occasion se présentait une seconde fois de décorer le visage du si parfait Capitaine de Quidditch des Rouges et Or de quelques ecchymoses. Il ne pouvait d’ailleurs s’empêcher un sourire narquois en se remémorant cet épisode chaque fois qu’il le croisait dans un corridor ou une pièce du château. Il haïssait ce type. Et Olyssa, qui en avait parfaitement conscience, s’amusait à le taquiner avec ça en casant des allusions à son ancien copain un peu partout. Le Préfet-en-Chef s’efforça donc cette fois, comme toutes les autres, de ne pas trop réagir, serrant simplement les mâchoires en ravalant une réplique acerbe à l’égard de cet idiot de Ridley. Il n’allait pas donner à Olyssa la satisfaction de voir que sa remarque avait touché juste, hep !

Les idées rageuses de l’hériter Adams s’envolèrent néanmoins avec la même rapidité qu’elles étaient arrivées lorsqu’il sentit Olyssa se glisser derrière lui. Comme un baume apaisant, l’odeur légèrement fruitée qui émanait de la Préfète-en-Chef lui fit oublier toute rancoeur. Il adorait cette odeur. C’était d’ailleurs l’une de celles qui avaient émanées pour lui de l’Amortentia lorsqu’ils avaient étudié cette potion en cours. Drôle de coïncidence...

Une mèche blonde, poussée par le vent, s’égara une seconde sur le parchemin du Serpentard, entraînant avec elle son doux effluve. Mathias redressa la tête, coulant un regard vers la propriétaire de cette mèche rebelle qui se retira, choisissant de s’installer plutôt devant lui, l’air taquin. Olyssa était l’exact reflet de ce jour de juin : rayonnante. Qui avait-il qui la mette de si bonne humeur ? À croire qu’elle s’était soudainement découvert une passion pour les révisions de fin d’année... Enfin, bref, il en était où dans sa lettre déjà ? Il eu à peine le temps de relire sa dernière phrase qu’Olyssa parla de nouveau :

« L'italien ressemble vraiment au français, tu ne trouves pas ? »

Haussant un sourcil, il leva vers son interlocutrice un regard suspicieux. Elle n’allait quand même pas lui annoncer qu’elle comprenait l’italien... si ? Lui avait beau avoir l’italien pour langue maternelle, il ne comprenait pas un traitre mot au français. Alors, logiquement, l’inverse devait être vrai... non ?

« J'ai rien compris ! »

Aaah... Elle l’avait presque eu. Roulant des yeux avec un sourire amusé, le Serpentard secoua la tête de gauche à droite et, continuant de sourire tranquillement, se replongea encore une fois (Ça faisait combien... trois fois ? quatre ?) dans sa lettre. Il n’eut cependant cette fois non plus pas le temps d’aller bien loin que la Gryffondor en face de lui le questionnait. Okay, alors, tant pis pour la rédaction de son courrier. Mathias posa sa plume, joignant les mains devant lui pour s’intéresser totalement à la conversation.

"Odessa ?" Il aurait pu inventer un truc, pour rigoler, mais... bon, d’accord, il pouvait bien être honnête.
"Ma tante. Et ma marraine, en même temps. C’est la soeur de mon père. Grande, cheveux châtains, yeux verts..."

Et comme s’il cherchait quelque chose à ajouter, Mathias retourna son parchemin pour voir la lettre de sa tante dessous et relire ce qu’elle lui avait écrit. Sans redresser la tête, il reprit :

"... Elle m’a écrit pour mon anniversaire. En gros, elle a rédigé mes éloges et je tente, avec le peu modestie qu’on me connait, de modérer ses propos. Parce que, oui, ça m’arrive de croire que les gens exagèrent à mon égard..."

Mathias qui se confiait ? Fait sans précédent. Peut-être était-ce le beau temps qui l’encourageait à sortir de sa coquille. Ou alors, le fait d’être seul avec Olyssa, tranquille à l’ombre des arbres. Lui-même n’aurait pas eu la réponse, puisque à cet instant, il parlait sans trop le réaliser. Il se sentait juste... bien. Et puis il faut ajouter qu’il ne regardait pas directement la Gryffondor non plus, ne jugeait donc pas ses réactions. Le regard sur sa lettre, il parlait comme il aurait pu le faire avec Odessa.

"À l’entendre, j’ai toutes les qualités et toutes les filles de Poudlard à mes pieds parce que je suis le plus parfait des adolescents..."

Il accompagna cette dernière confession d’un bref ricanement de dérision. En fait, il n’était pas trop fier... c’était sa famille qui l’enorgueillissait.

La mystérieuse famille Adams … Ce sujet avait toujours intrigué la jeune Nymfalis . Okay, elle avait toujours fait une fixette sur l'héritier Adams . Elle était aussi très curieuse . Trop curieuse . Mais son intérêt venait surtout du fait que le Serpentard ne parlait jamais des membres de son sang .
D'ailleurs, Olyssa ne s'attendait pas à recevoir une réponse à sa question sur Odessa Adams . Elle était déjà préparée aux familières répliques évasives du Préfet-en-Chef dès que l'on approchait trop près de ses secrets, de ce qui avait donné ce caractère à un petit garçon comme les autres .

Elle fut donc surprise du détail inhabituel que Mathias apporta dans sa réponse . Son attention bloquée sur la voix si séduisante, si sûre d'elle, du Vert et Argent, elle buvait ses paroles, les gravant inconsciemment dans sa mémoire . Tout compte fait, une vraie psycopathe … Si Mathias n'avait pas parlé tête baissée, il aurait sûrement stoppé aussitôt sa description de sa tante en voyant l'expression du visage d'Oly, partagée entre l'incompréhension de la surprise et un attendrissement intense . Peut-être même une pointe de méfiance … Pourquoi, comment se faisait-il qu'il lui parlait de ça si ouvertement ?

Mais cette prudence s'effaça aussi vite qu'elle était apparue lorsque Mathias releva les compliments que sa tante lui faisait sur sa lettre . Il ricana, démentissant pour la première fois la confiance absolue qu'il avait en lui-même . Du moins Olyssa l'interpréta ainsi . Cette hésitation dans ses deux iris d'un noir abyssal, la jeune fille était certaine de l'avoir perçue . Et voilà, la Préfète-en-Chef était fascinée, comme à chaque fois que son homologue ne jouait plus !

Elle observait maintenant en biais le lent battement des cils de son homologue, l'angle si prononcé de sa mâchoire, la musculature de ses avants-bras, la blancheur parfaite de ses dents au milieu de la perfection de sa bouche, ni trop fine ni trop pulpeuse, la négligence sauvage avec laquelle ses cheveux étaient coiffés … Il lui était si souvent arrivé de rêver qu'elle laissait sa main vaquer entre ses mèches brunes, que ... Et m**** ! Elle détourna vivement le regard en prenant conscience trop tard, comme toujours, que ses pensées dérivaient sur le mauvais chemin et que les battements de son coeur suivaient innocemment son cerveau .

« A l'entendre, j'ai toutes les qualités et toutes les filles de Poulard sont à mes pieds parce que je suis le plus parfait des adolescents ... »

Ah oui ! C'était donc ça la dernière phrase … Oly revint à ce sujet moins gênant comme un boulet de canon, cherchant à retrouver une certaine contenance . Elle redoutait toujours que Mathias repère sa gêne dans ces moments-là, et elle détestait voir le contrôle d'elle-même lui échapper . Elle détestait laisser croire à Mathias que depuis des lustres, elle ressentait une attirance indomptable pour lui, attirance qu'elle combattait vainement et surtout qu'elle avait beaucoup trop laissée transparaître . Comme s'il avait besoin d'un peu plus d'arrogance ! Sa tante était déjà là pour ça ! Et puis, Gryffondor n'était pas pour les faibles au coeur mou !

D'autre part, parfait de quoi hein ? Oui bah oui, le filleul d'Odessa avait un physique non négligeable … Mais pour le reste, les exagérations des liens familiaux étaient en plein centre du sujet ! Il était perfide, pas spécialement travailleur, égoïste, prétentieux … Bon aussi couronné de succès, Préfet-en-Chef, déteneur d'un nombre de BUSES conséquent, Batteur … Mais aussi lâche, rempli de préjugés extrémistes qui tendaient à devenir concrets … Et Oly se fit donc narquoise … Après tout, elle ne connaissait pas meilleure méthode pour paraître indifférente ! Tout commença donc par un rire moqueur ...

« Pfff … Qu'est-ce que la famille ne serait pas capable de dire ? Puis fils unique en plus, tu m'étonnes ... » dit-elle en levant un sourcil, fidèle à la provocation « Et donc tu serais irrésistible ? »

Nouveau rire taquin « J'ai du mal à y croire, parce que lorsqu'on regarde bien, seules les niaises comme Yagher, Holmes ou Oneglia s'intéressent vraiment à toi, non ? A moins que tu ne puisses me prouver le contraire, mais ça m'étonnerait … » Et pour le final, rien de meilleur qu'un petit défi pour stimuler la fierté du Serpentard et amuser la Gryffondor !

Le ricanement d’Olyssa, écho au sien, lui fit relever la tête pour observer son interlocutrice. Moqueuse, comme souvent. Le Serpentard ne lui en tint cependant pas rigueur puisque, après tout, le sujet prêtait effectivement à rire. Lui-même s’était permis un léger éclat d’auto-raillerie. Un léger sourire resta d’ailleurs sur ses lèvres en réponse à l’air provocateur de la blondinette.

Elle rigola de nouveau à l’idée qu’il soit irrésistible. Voilà bien une preuve de ce qu’il disait... Odessa Adams le surestimait. C’était peut-être dû à son statut de fils unique, en effet. Il ne s’était jamais vraiment penché sur la question parce que, bon, il se fichait un peu pas mal du ‘pourquoi du comment’. Qui plus est, il avait toujours été élevé comme ça. L’idée que l’atmosphère familiale puisse être différente ne lui semblait pas concevable, même s’il en avait eu la démonstration en voyant, par exemple, la famille Fenrir.

Il sourcilla lorsque la Gryffondor insulta ouvertement Colleen, Seeley et Abigaël. Niaises ? C’était assez réducteur comme terme. Colleen n’était peut-être pas la fille la plus brillante de la Terre, mais elle était quand même à Serdaigle et pas à Poufsouffle. Seeley était l’une des meilleurs de sa promotion de Bleus et Bronze. Quant à Abigaël... pour une quatrième année, elle était plutôt dégourdie. Mais peut-être qu’Olyssa n’avait utilisé ce terme que pour susciter une réaction chez lui.

« ...A moins que tu ne puisses me prouver le contraire, mais ça m'étonnerait... »

Mais c’est que ça sonnait comme un défi. Elle voulait jouer à ça ? Tsss... Pas cette fois. Elle ne réussirait pas à le ridiculiser aussi facilement en le faisant tomber dans un piège gros comme un dragon.

"Je n’ai jamais affirmé être irrésistible... Ou, en tout cas, pas dernièrement. C’est à ma tante qu’il faudrait demander des preuves de ce qu’elle avance..." , éluda-t-il.

Visiblement, il ne terminerait pas sa lettre tout de suite. Ils ne se mettraient d’ailleurs pas davantage à leur cours de Soins aux Créatures Magiques dans l’instant. En ce beau jour de juin, discuter était franchement bien plus intéressant. Alors Mathias glissa son parchemin inachevé ainsi que sa plume entre deux pages au hasard de son livre de SCM qu’il abandonna ensuite dans l’herbe avec le reste de ses affaires. Croisant ses jambes sous lui pour s’asseoir en tailleur, il se pencha légèrement vers Olyssa, comme si ce qu’il allait dire relevait du secret. Il adopta d’ailleurs un ton de confidence – néanmoins démenti par son sourire amusé – lorsqu’il reprit la parole :

"Tu sais... Même si c’est très étonnant... Et peut-être que tu ne me croiras pas, mais... J’ai conscience d’avoir certaines limites. Si, si."

Et il se redressa pour poursuivre d’un ton un peu plus sérieux :

"Tiens, par exemple : toi. Je suis pas un idiot. Je sais pertinemment que si j’essayais, disons, de t’embrasser, et bien je me prendrais l’une des pires gifles de ma vie. N’ai-je pas raison ?"

Soit-disant le jeune Adams n'aurait jamais affirmé être irrésistible … Oly accueillit sa réponse avec un scepticisme narquois qu'elle afficha ouvertement, sans néanmoins pousser les moqueries plus loin . Mathias n'avait certes jamais prononcé une telle chose, du moins devant elle, mais elle ne doutait pas que ce message avait été plusieurs fois transmis d'une manière ou d'une autre à ses amis Serpents . Rien que dans son attitude générale, le Préfet-en-Chef des Vert et Argent dégageait une assurance inchangeable . Celle du jeune homme invincible qui se sait séduisant et brillant, qui peut se permettre de jeter des regards supérieurs à tout va à la gente masculine, et de faire de la gente féminine une proie . En fait, si Olyssa Nymfalis devait choisir de quel animal la psychologie de Mathias se rapprochait le plus, elle aurait sans nul doute choisi le chat, capricieux, profiteur et cruel .

Au final, on trouvait deux sortes de réactions face au Serpentard : la soumission ou la rebellion, et si Oly – qui avait également un égo nettement enflé comparé à la moyenne – avait choisi de ne jamais rien lui céder, quitte à en venir aux mains, ou plutôt aux baguettes magiques, adopter la résistance devenait souvent pour elle un combat mental sans pitié . Et oui, le félin savait faire baisser la garde de ses proies, et la Gryffondor ne put que se sentir complètement prise au dépourvu, lorsque le jeune Adams continua son argumentation dans un chuchottement, assez proche d'elle pour qu'elle sente la chaleur de son souffle dans son cou .

« Tu sais … Même si c'est très étonnant … Et peut-être que tu ne me croiras pas, mais … J'ai conscience d'avoir certains limites . Si, si . »

Olyssa se tendit sensiblement, tentant de renflouer la panique dans laquelle venait de le plonger Mathias . Foutu Serpent imprévisible et vicieux ! Qu'il essaie de lui faire croire encore une fois qu'il ne se sentait pas irrésistible ! C'était quoi ce stratagème ? Depuis quand parlait-on à quelqu'un de se près et sur ce ton là ?
La désagréable sensation de s'être faite avoir et d'avoir joué le rôle du gibier pendant quelques secondes emplit le coeur de la jeune sorcière . Elle avait beau penser connaître les réactions de Mathias comme sa poche, le perfide savait innover quand il le fallait pour la déstabiliser, et dans ces cas-là elle ne pouvait que compter sur le peu de sang-froid qu'elle avait pour ne pas perdre pied et se ridiculiser . Faisait-il ces choses-là consciemment ? Peut-être avait-il réellement fait ça pour la faire passer pour une abrutie, pour lui faire comprendre qu'elle n'était pas forcément moins niaise que Holmes, Yagher ou Oneglia ? Oui bon, ça à la limite, elle pouvait prendre sur elle pour le retirer, mais cela signifierait reconnaître la supposée irrésistibilité de Mathias, parce que même lui ne pouvait pas ignorer la tension soudaine qu'Oly avait ressenti . Hors de question ! Il n'aurait pas le dernier mot !

« Tiens, par exemple : toi . Je suis pas un idiot . Je sais pertinemment que si j'essayais, disons, de t'embrasser, et bien je me prendrai l'une des pires gifles de ma vie . N'ai-je pas raison ? »

Impressionnant . Comment retourner une situation en trois phrases ? A ce moment même, Oly se disait qu'il vaudrait parfois mieux qu'elle s'abstienne de provoquer son homologue . Peut-être était-elle la seule à se monter la tête . Mais dans tous les cas, ce qu'elle voyait là c'était qu'elle était tout bonnement prise au piège . Elle se sentait incapable de coller une gifle à Mathias pour quelque chose dont elle avait envie depuis si longtemps . Et pourtant, dans ce contexte-là, un baiser prendrait l'apparence d'un jeu, et sachant les sentiments qu'éprouvait Oly pour Mathias, elle serait le jouet . Ah non ! Non, non et NON !

« Tu n'as qu'à essayer . » Répondit la jeune Nymfalis, faisant à nouveau clairement sonner ses propos comme un défi, ses yeux fixés dans ceux de Mathias . Elle savait que ce regard le mettrait mal à l'aise . Et elle ne perdrait pas cette manche .

« Tu n'as qu'à essayer. »

... Quoi ? Haussant un sourcil incrédule, Mathias dévisagea Olyssa en se demandant s’il avait bien entendu ce qu’il avait cru entendre. C’était une mise au défi ? Ou une proposition ? Pleine d’audace, la Gryffondor vrillait sur lui un regard qui eu le don de le mettre mal à l’aise, ce dont elle pouvait se montrer fière, parce que c’était un fait plutôt rare. Lui qui savait généralement tirer partie de toute situation se retrouvait pris au dépourvu par six petits mots. C’est qu’il n’avait pas vraiment pensé ce qu’il avait dit... Du moins n’avait-il pas imaginé mettre en application ce qui n’avait été qu’une boutade pour avoir le dernier mot.

Pourtant, peut-être dynamisé par le ton de défi qu’avait employé la Préfète-en-Chef, son homologue masculin ne mis pas très longtemps à retrouver son aplomb. Si elle voulait jouer à ça... Il était bien trop orgueilleux pour se dégonfler et la laisser marquer un point.

Inconsciemment, le regard de l’héritier Adams se posa durant une fraction de seconde sur les lèvres roses et pleines de son interlocutrice. Invitantes... Il avait évidemment déjà imaginé embrasser Olyssa – il était quand même un mec – mais si on lui avait dit qu’il le ferait réellement un jour, il aurait éclaté de rire. La relation qui les unissait Olyssa et lui n’était pas de ce genre là. Ils étaient juste amis. Et pourtant, à cet instant...

Il reporta son attention sur les yeux de la Rouge et Or, cherchant un signe d’hésitation au fond de ses prunelles cerclées du même turquoise que les mers des tropiques, mais elle tenait bon, la diablesse. Tant pis. Elle l’aurait voulu !

Sans penser à la gifle qu’il se prendrait peut-être (comprendre : assurément), Mathias se rapprocha sensiblement de la blondinette. Il ne la lâcha pas du regard jusqu’au dernier moment, certain qu’elle allait finir par reculer, rigoler, se détourner... bref : flancher. Sauf que ça n’arriva pas... Alors, fermant les yeux, il posa ses lèvres sur celle d’Olyssa, l’embrassant avec une douceur que seules les quelques autres filles qu’il avait embrassées auparavant lui connaissait.

Sans y penser, il chercha à approfondir le baiser, mais s’arrêta aussi en reculant, surpris par l’accélération des battements de son cœur ainsi qu’un frisson le long de sa colonne vertébrale. Il dévisagea Olyssa, se demandant si elle avait sentit ça aussi... C’était... étrange. Mais absolument pas désagréable. Ça n’avait rien eu à voir avec un baiser de star et, pourtant, il aurait recommencé un millier de fois. Il s’en abstint de justesse, réfugiant son esprit derrière cette épaisse couche d’orgueil mal placé qui ceinturait le coeur de sa personnalité.

Reforgeant son imperméable masque de condescendante neutralité, il se recula à une distance un peu plus raisonnable de son interlocutrice. Grand merci à cette capacité qu’il avait développé de paraître indifférent à tout, parce que si ça n’avait pas été de ça, il aurait eu l’air complètement perdu. Il ne comprenait pas...

[C’est vraiment court... et so cheesy... mais voilà quoi. J'me voyais mal décrire en long et en large le goût et la texture des lèvres d'Olyssa. xD]