La pluie tombait à verse sur Poudlard en cette fin de dimanche après-midi. Dans les couloirs, les salles, les tours, dans le moindre recoin du château on perçevait le grondement de la pluie qui le plongeait dans une atmosphère grisâtre et mélancolique.
La bibliothèque était un peu moins fréquentée que d'habitude à cette heure de la journée, mais pourtant quelques élèves erraient entre les étagères à la recherche d'un livre. Un silence relatif régnait dans l'immense salle, hormis la rumeur de conversations chuchotées.
Toboe était assis depuis un peu plus d'une heure au creux d'un fauteuil moelleux, non loin d'une cheminée qui diffusait une onde de chaleur bienfaisante aux alentours. Ses jambes étaient ramenées contre lui et sur ses genoux reposait un épais ouvrage ouvert dont il tournait les pages à un rythme lent et régulier. Ses yeux dorés mi-clos parcouraient les lignes, et sa main venait parfois caler une mèche de ses cheveux auburn qui revenait toujours barrer son front au bout de quelques temps. Il ne bougeait pas tellement sinon, car il paraissait totalement absorbé dans sa lecture. La couverture du livre présentait un titre aux reliefs argentés: "La mer de nacre".
Le jeune Irlandais passa un long moment à lire le livre, sans interruption. Pourtant son visage d'habitude si rayonnant semblait pâle, comme s'il était malade, ou fatigué...
Lentement, Toboe ferma ses yeux dorés et referma le livre pour appuyer son front contre la couverture de cuir, dont le contact froid le fit frissonner. Il se laissa aller à une somnolence qu'on pouvait expliquer par la pluie, ou par l'approche de la pleine lune...En effet, il ne restait plus que deux jours. Deux jours avant qu'il ne se transforme en monstre violent et essentiellement carnivore...
Plus cette nuit s'approchait, plus il était nerveux, en proie à des accès de colère qu'il ne se connaissait pas. La lecture avait été le seul exutoire efficace pour ce trop-plein de tension qu'il accumulait au fil du mois. Or, contenir tout ça lui arrachait ses forces...d'où son état quasi léthargique.
Toujours blottit dans le fauteuil, Toboe passa de la somnolence à l'endormissement pur et simple. Sa respiration devint basse et régulière comme en témoignait sa poitrine qui se relevait régulièrement...