Par une simple malchance...

Pataugeant dans une neige devenue brune à force d’être maintes fois piétinée, Mathias suivait Olyssa depuis un moment. En l’apercevant un peu plus tôt dans la file des élèves qui avaient eu le courage d’affronter les bourrasques pour venir à Pré-Au-Lard, Mathias avait laissé Jessica, Lucas et Norbert se diriger seuls vers une boutique quelconque ( où il les rejoindrait plus tard ) et avait emboîté le pas à la jeune Nymphalis... Il n’avait pas réussit à la rattraper quelques jours plus tôt dans la Galerie des Tableaux et elle était restée mystérieusement invisible depuis cet après-midi là... Toutefois, aujourd’hui, elle ne l’avait pas remarqué et ne pouvait donc pas lui échapper.

Mathias aurait pu allonger le pas et aller se planter devant elle, mais il ne le fit pas... En fait, tout en suivant l’adolescente, il réfléchissait. Qu’allait-il faire une fois qu’elle serait face à lui ? Si elle avait été un mec, la question aurait été vite réglée... Norbert se serait fait une joie de l’aider à lui mettre une tête au carré ! Les gens oubliaient bien vite ce qu’il avait vu quand ils se retrouvaient cloués dans une infirmerie à cause d’un ou deux malencontreux maléfices... Par contre, Olyssa était une fille et Mathias n’était pas du genre à s’en prendre physiquement à une personne ‘du sexe faible’. L’idée de frapper une personne du sexe opposé lui semblait simplement incongrue, illogique... Ne restait donc que les mots.

Pestant mentalement contre l’idée qu’avait eu la Gryffondor de marcher contre le vent, Mathias s’étrangla pour la troisième ou quatrième fois alors que l’air, s’engouffrant trop rapidement dans ses poumons, bloquait sa respiration. Mais pourquoi Diable allait-elle dans cette direction ? À côté de la Tête du Sanglier en plus ! Hum... Pas vraiment l’air sympathique le type qui venait de la saluer...

Olyssa bifurqua ( au grand soulagement de Mathias qui en était à maudire jusqu’au tout premier flocon de neige que le ciel ait créé ) finalement vers la rue principale du village et ce fut sans grande surprise qu’il l’a vit s’arrêter face au Trois Balais. Ayant marchée jusque-là seule, elle devait probablement aller y rejoindre ses amies... Tiens, elle n’entrait pas ? L’occasion n’ayant pas beaucoup de chances de se reproduire prochainement avec cette manie qu’avait développée Olyssa de disparaître, le Préfet de Serpentard saisit sa chance de lui dire deux mots ( même s’il ne savait pas exactement lesquels ) et s’avança à la rencontre de son homologue de Gryffondor.

Cependant, alors que Mathias arrivait à la hauteur de l’adolescente, ladite adolescente décida de brusquement changer de cap. Si brusquement en fait, que Mathias n’eut pas le temps de s’assurer un appui et fut réceptionné par un amas boueux de cette neige qu’il aimait tant après qu’Olyssa l’ait outrageusement bousculé. Il était clair que ce n’était pas volontaire de sa part, mais Mathias préféra s’imaginer que si, parce que ça lui donnait une double raison d’en vouloir à la blondinette...

Se relevant rapidement, Mathias jeta un regard rageur à Olyssa et n’esquissa pas le moindre petit geste pour l’aider à se redresser. Il s’attarda plutôt à secouer sa cape maintenant maculée de gadoue avant de refaire face à l’adolescente, un air neutre peint sur ses traits.

"Tiens, mais qui voilà ?" , fit l’italien d’une voix doucereuse.

Hésitant encore entre se mettre clairement en colère ou rester plus évasif, Mathias inclina légèrement la tête sur le côté pour détailler silencieusement son interlocutrice, essayant de ne pas montrer qu’il s’inquiétait de ce qu’Olyssa avait pu lire dans la lettre d’Émeline... et de ce qu’elle avait l’intention de faire de ces informations.

Le jeune Adams était quelqu’un de positif de nature, mais là, le seul point positif qui l’avait sommairement rassuré était que, cette fois-ci, sa mère s’était limitée à des surnoms. D’accord, elle avait un don pour en trouver des particulièrement débiles, mais ça aurait pu être pire... Elle aurait pu parler de ‘sa phobie’ ( comme elle se plaisait à l’appeler bien que Mathias ne considérait pas son léger inconfort en pièce close comme étant si dramatique ) tient ! Ça aurait si bien collé dans sa lettre en plus... ‘Tu sais mon agneau, j’ai profité du séjour de ton père à l’hôpital pour parler un peu de toi au docteur... Il dit qu’avec une ou deux thérapie... Tu ne veux pas essayer mon bébé ?’ Comme s’il avait besoin qu’on sache un de ses points faibles ! Si Kalinah l’apprenait en plus...

Bref, ça n’était pas arrivé et ça aurait pu être pire... ça peut toujours être pire... Mais ça ne voulait pas dire pour autant qu’Olyssa s’en sortirait comme ça !

( Désolé pour le retard de... deux semaines )

Mathias observa avec un certain amusement Olyssa qui s’efforçait de prendre un air détaché bien qu’elle fuyait clairement son regard. Un peu comme dans la Galerie des Tableaux, la Préfète de Gryffondor donnait l’impression de vouloir être n’importe où plutôt qu’ici, avec lui... C’était le genre d’attitude que Mathias aimait bien habituellement chez les autres, puisque ça lui procurait une impression de supériorité, de pouvoir. Cette fois-ci cependant, cela l’agaça plus qu’autre chose... Si Olyssa tentait encore de s’enfuir..!

Un silence s’installa, alors que les deux adolescents couverts de neige sale se faisaient face. Mathias n’avait pas vraiment l’intention d’ouvrir la conversation... Il voulait une réaction d’Olyssa. Allait-elle avouer ‘son crime’ pour l’honneur et le pardon ? La vertu... un truc typiquement Gyffondorien, tiens ! Si elle était maligne ( Ce dont le jeune Adams ne doutait pas. ), elle feindrait probablement l’ignorance. Après tout, le Serpentard n’avait aucune preuve pour soutenir ses accusations. Il était cependant dommage pour elle que son attitude la trahisse si aisément... Qui pouvait croire qu’elle n’avait pas quelque chose sur la conscience avec cet air angoissé qu’elle exprimait en sa présence ?

L’adolescent n’eut toutefois jamais la réaction qu’il attendait puisque les deux élèves furent abordés par un homme repoussant. Mathias ne le reconnut pas, n’y ayant pas porté une réelle attention un peu plus tôt, et s’étonna un peu de voir l’inconnu s’adresser à Olyssa. Le jeune Adams serra les dents en s’efforçant de garder un visage impassible et de ne pas balancer une insulte à l’étranger afin qu’il reparte de là où il venait, il n’en pensait pas moins cependant. Un foutu marchand ! En clair, c’était un type trèèès collant qui ne les laisserait en paix qu’une fois quelques pièces en poche.

Olyssa, ayant vraisemblablement retrouvé de l’aplomb une fois la surprise de la rencontre passée, déclina poliment l’offre du vieillard avant de s’adresser à son homologue. Théopase Haypén ? C’était qui ça ? Et... Minute ! Elle cherchait à déguerpir !

Mathias amorça un geste pour retenir Olyssa et l’obliger à poursuivre leur (très brève) conversation, mais le vieux marchand lui barra la route en exhibant fièrement ses produits, bien décidé à faire au moins une vente. Le Serpentard lui servit un regard noir. Déjà qu’il n’était pas de bonne humeur... Il ne s’intéressait pas à ce qu’un vieux bossu avait à offrir.

"Dégage, l’Ancêtre." , cracha l’adolescent d’une voix tout sauf aimable.

Le marchand eu un rictus mécontent et fit disparaître les fioles mystérieuses de sa fabrication sous sa cape, rendant un regard froid à l’ignoble gamin qui se permettait de l’insulter. Il grogna quelque chose à propos de la jeunesse, puis s’éloigna de son pas claudicant, permettant enfin à Mathias de redresser la tête pour voir où était passée Olyssa.

Évidemment, elle n’était pas restée sagement à l’attendre... L’italien s’engagea dans l’une des ruelles perpendiculaires à la rue principale de Pré-au-Lard, sans vraiment croire qu’il pourrait y retrouver Olyssa. D’ailleurs, comme il s’y attendait, la jeune fille n’était pas là, pas plus que dans la rue adjacente...

"Le courage des Gryffondors, hein ?" , lâcha le Serpentard avec une exclamation dédaigneuse, jetant un coup d’oeil autour de lui au cas où Olyssa aurait simplement été planquée dans un coin sombre.

Se résignant à l’idée que ce ne serait pas aujourd’hui qu’il pourrait confronter la Préfète, Mathias poursuivit sa route un peu au hasard. Il devait retrouver Norbert, Jessica et Lucas... et s’il recroisait Olyssa en chemin, ce serait un plus. Elle devait probablement être dans une rue étroite, à se planquer...

( Si tu veux, tu peux te faire découvrir par un Mathias errant ( Mais je vais probablement encore mettre longtemps avant de re-répondre... école oblige. ). Lol. Sinon, fait comme si j’étais parti et demander à quelqu’un d’autre de s’incruster .)

Le coeur battant, la coiffure désordonnée et la cape froissée, c'est ainsi qu'Olyssa attendait, n'osant plus bouger, ne serait-ce qu’un doigt.
Elle essayait d'imaginer avec déplaisance la tête qu'elle ferait si les cheveux bruns de Mathias se pointaient soudain à l'angle du mur.
Elle serait sûrement horrifiée…Horrifiée….Si un jour seulement elle avait pu penser qu’elle serait dans cet état à cause d’un…*à cause d’un simple Serpentard*

La honte s’infiltrait dans l’esprit contrarié de la Gryffondor. Elle, si fière, elle qui affrontait toujours n’importe qui…c’était bien elle qui était en ce moment cachée derrière une poubelle ?
Le mot « poubelle » acheva de mettre sa honte à vif.

La jeune Nymfalis sortit de derrière le monticule de détritus et jeta un coup d’œil dans la ruelle. Rien à part un papier coloré de Dragées Surprises qui voletait doucement par-ci par-là.
Oly redressa sa cape détrempée de boue sur ses épaules, et avec le peu de dignité qui lui restait, marcha d’un bon pas vers Honeydukes, résolue à ne plus jamais se laisser aller de cette façon.

Tant pis, si elle rencontrait à nouveau un Mathias, cette fois-ci réellement furieux, elle assumerait. Et puis, la fuite n’était-elle pas preuve de culpabilité ? Et sa maison, valait-elle réellement Gryffondor ? La confiance avec laquelle vivait Olyssa s’échappait comme de l’eau qu’on essaierait de retenir dans ses mains. Elle ne se remettait pour ainsi dire jamais en cause, mais depuis qu’elle connaissait Mathias, plus rien n’allait, et son assurance était chaque fois menacée.

Elle maugréa pour elle-même dans la rue vide et sombre, prenant involontairement le risque de passer pour une élève dérangée : « Pourquoi faut-il que j’aille toujours me fourrer dans des histoires pas possibles ? »
De colère et d’impuissance, Olyssa envoya son pied dans un carton qui traînait dans un coin –ce qui n’intensifia que plus sa douleur, bien que cette fois ci physique-
Un grondement retentit soudain près du carton, et le vieillard, marchand de potions illégales, croisé précédemment fit irruption, hurlant contre la fautive qui venait de taper en réalité dans son stock de fioles.

Oly ne prit même pas la peine de s’excuser et déguerpit avant que le sorcier ne puisse la reconnaître.
En arrivant près de Honeydukes, elle bifurqua à droite et prit un chemin boueux ou ses pieds s’embourbaient sans cesse. De fines gouttes de pluie, glacées, se firent bientôt ressentir, glissant dans le cou de la Préfète qui se vit obligée de rabattre son capuchon sur sa tête.
Les familiers sangliers encadrant le grand portail étaient de plus en plus nets, pourtant Olyssa fut contrainte de terminer son trajet en courant sous la tempête, et lorsqu’elle se présenta dans le Hall, ce fut pour couronner le tout, le concierge qui l’accueillit en hurlant qu’elle dégradait le matériel avec ses chaussures sales…

(- HJ – Voilà, ce topic est terminé, vu que finalement, tout ça va sûrement se régler en cours de Botanique.)