Quand on s'ennuie l'après-midi...

Cette après-midi là, Naomi se promenait près du lac. Elle n'avait pas cours et voulait profiter du beau temps. Elle avait passé quelques minutes à fabriquer une sorte de petit bateau en bois et voulait le faire flotter sur l'eau. Elle marchait le long du bord en cherchant l'endroit idéal pour la mise à l'eau. Elle avait confectionné une petite voile avec un vieux mouchoir et était très fière de sa création.

*Où est-ce que je vais faire la mise à l'eau du bateau de barbe-Noire? Il lui faut l'endroit idéal!*

Elle avait déjà tout prévu dans sa tête. Elle déposerait le bateau et utiliserait le sort d'attraction accio et un sort de répulsion pour naviguer. Dans un premier temps, elle avait voulu trouver un sort faisant souffler le vent comme elle le souhaitait, mais elle ne connaissait pas un tel sort et n'avait pas pensé à aller voir à la bibliothèque. Elle se contenterait donc des quelques sorts que ses parents leur avaient apprit à elle et son frère avant qu'il n'entrent à l'école.
Elle finit par trouver l'endroit idéal. Elle mit son bateau dans l'eau et commença à parler toute seule en chuchotant et en faisant différentes voix, tout en tendant sa baguette vers le petit navire pour pouvoir le contrôler.

"Barbe-Noire et ses pirates sont sur l'eau, ils vont piller tout les navires qu'ils croiseront sur leur route...Capitaine, que devont nous faire? Ah mousaillon, tu oses m'adresser la parole! J'en ai éliminé pour moins que ça! Mais capitaine, une tempête viens vers nous. Une tempête? Attention mousaillon, préparez vous... AGUAMENTI!"

Elle avait prononcé ce dernier mot bien plus fort que le reste de son discours. Un jerbe d'eau sortit de sa baguette et coula son bateau de fortune. Naomi aimait bien se raconter des histoires et n'ayant pas encore d'amis au château, elle faisait ce qu'elle pouvait pour s'occuper pendant ses temps libres. Jouer avec un petit bateau à 11 ans n'était peut-être pas la meilleurs façon de se faire des amis. Par contre, pour passer pour une folle, elle était sur le bon chemin. Elle regarda pensivement son bateau sombrer lorsqu'une voix, pas très éloignée d'elle et demandant si quelqu'un était là, s'éleva. Elle sursauta et eu un instant d'hésitation. Puis elle répondit d'une voix timide en s'approchant de la source de la voix qui l'avait interpellé.

"Heu...oui, il y a quelqu'un..."

Elle vit alors un élève, appuyé contre un arbre. Elle croisa les doigts pour qu'il n'ait pas entendu toute sa petite histoire sur Barbe-Noire et ses pirates...

En réalité, l'élève ne l'avait pas entendu. Ce n'était même pas à elle qu'il s'adressait mais à une autre jeune fille. Elle recula donc de quelques pas, espérant encore une fois qu'aucun des deux ne l'avait remarqué. Légèrement vexée, elle s'éloigna des deux élèves et continua son chemin.
Elle se mit alors à penser à son frère qui était au Japon. Est-ce que ça se passait mieux pour lui là-bas? Surement que oui. Et puis lui avait la chance d'être avec Kenji, leur cousin. Naomi commençait vraiment à regretter d'avoir été envoyée à Poudlard. Elle ne parvenait pas à s'y faire des amis alors qu'habituellement, elle n'avait aucun mal pour cela. Chez les Poufsouffles, ce n'était pas évident...ils étaient sympa mais ce n'était pas si facile que ça de s'intégrer. Par exemple, il y avait le "trio infernal" comme il aimait se faire appeler. Il s'agissait de trois jeune filles plutôt sympathiques mais ce n'était vraiment pas évident de les approcher. Toujours ensembles, Naomi ne parvenait pas engager la conversation avec elles. Elle s'était retrouvée à côté de l'une d'entre elle plusieurs fois en cours, mais les cours ne permettaient pas de grandes conversations. Bref, Naomi commençait à déprimer un peu.
Elle sortit sa plume et un morceau de parchemin de son sac et commença à écrire une lettre pour Yoshiro, son jumeau. Elle avait même l'attention d'y ajouter un dessin. Elle s'y mettait à l'avance, car elle savait qu'elle recevrait bientôt une lettre de lui.

En pleine activité glandouillarde profonde, elle avait joyeusement revisité le château pour la ènième fois. Elle ne s'en lassait pas vraiment, tout au plus trouvait-elle cela désespérant. Surtout quand elle ne croisait nul être vivant.
Le château exploré de fond en combles, le parc avait semblé le passage obligatoire.
Celui-ci était plutôt plein de gens. A croire que quand le château est désert le parc est plein. Le lien entre ces deu faits était éminemment logique.
Elle nageait dans une envolée lyrique de lyrisme débridé, qui avait le mérite d'expliquer certaines étrangetées dans ses pensées.
C'est noyé dans ces sentiments qu'elle arriva, guidée par rien du tout, près de Naomi.
Elle resta un moment éloignée d'elle, la jaugeannt. Elle ne se souvenait pas l'avoir vue de près, peut-être lors de la cérémonie de répartition l'avait-elle tout au plus entrevue parmi la foule de nouveaux élèves.
Puis, pleine d'une envie de sociabilité surnaturelle, elle s'approcha de Naomi.

-Bonjour!

Son ton était...guilleret. De mauvaise augure. Le lyrisme débridé n'est pas à consommer en éccès, c'est bien trop prouvé.

-Qui es-tu, je ne te connais pas?!

Elle sentit passer un éclair de lucidité non-poétique.

-Au cas ou tu te poserais la question, je ne suis pas une crétine. C'est une impression, pas grand'chose de plus.

Naomi rédigeait toujours sa lettre lorsqu’elle entendit une voix enjouée et proche d’elle dire « bonjour ». Mmff, elle venait déjà de se faire avoir quelques minutes plus tôt. Encore une fois, ce ne devait probablement pas être à elle que l’on s’adressait. Aussi, ne prit-elle même pas la peine de relever la tête pour voir qui venait de parler. Elle continua tout simplement le dessin qu’elle avait commencé pour Yoshiro. En fait, il s’agissait du lac qui était en face d’elle. Elle avait même ajouté son invention en train de sombrer. Son frère, au moins, la comprendrais. C’est alors que la voix féminine s’éleva à nouveau. C’était peut-être à elle que l’on s’adressait finalement…
Naomi releva rapidement la tête et vit une jeune fille aux cheveux blancs qui la regardait d’un air interrogatif. Elle ne l’avait jamais personnellement rencontrée mais l’avait déjà aperçue plusieurs fois dans les couloirs. C’était une serpentard et elle lui fit remarquer qu’elle ne la connaissait pas. Non, effectivement. Avant que Naomi puisse répondre, elle l’a prit légèrement au dépourvu en ajoutant qu’elle n’était pas une crétine, que c’était juste une impression. Naomi fut surprise par cette remarque. Elle n’avait pas encore fondé de jugement sur la jeune fille. Elle ne le faisait jamais aussi rapidement. Et pourquoi penserait-elle que cette fille était crétine. En fait, c’était cette remarque qui la faisait passer pour quelqu’un d’étrange. Naomi, pour clore son débat interne sur le sens de cette dernière remarque décida tout simplement de l’ignorer.

« Bonjour. Je suis en première année, à Poufsouffle. C’est probablement pour ça que tu ne me connais pas. Je m’appelle Naomi. »

Elle observa quelques seconde son interlocutrice puis reprit la parole.

« Et toi, je ne te connais pas non plus. Qui es-tu ? »

-Ah ouais...T'as peut-être raison.

Elle se rendit compte qu'elle avait envie de danser. Elle se retint.
Fallait pas exagérer non plus, hein.

-Moi..C'est Kanha. Et si c'est pas vrai je suis pas responsable.

Bonjour la crétinerie.
Est-ce que tout les gens de bonne humeur devenait un peu idiot? Bah...Y'a des gensde mauvaise humeur qui sont bêtes aussi.
Elle prit l'innitiative de s'asseoir à côté de Naomi.
Elle regarda par dessus son épaule ce qu'elle faisait. Une lettre. Ca faisait bien longtemps qu'elle-même n'en avait pas écrite.
Pourquoi déjà? Ah oui, parce qu'il n'y avait parsonne pour la recevoir.
Elle pouvait toujours s'écrire à elle-même. Histoire que son hibou ne crève pas d'ennui.

-C'est pour qui?

Les paroles de cette fille avait quelques chose d’énigmatique pour Naomi. Elle n’avait pas l’air crétine, mais plutôt complètement cinglée. Ça plaisait bien à Naomi finalement. Mais elle était une serpentard et Naomi s’en méfiait toujours un peu. On ne savait jamais vraiment trop à quoi s’en tenir avec eux.
Elle s’appelait Kanha et elle s’assit tranquillement à côté d’elle, regardant ce qu’elle écrivait. Naomi n’aimait pas vraiment cette indiscrétion et répondit donc d’un ton hésitant.

« Heu… c’est pour mon frère. Il est dans une école de magie au Japon. »

Elle tenta de continuer son dessin et sa lettre, mais avec quelqu’un regardant par dessus votre épaule, ce n’était jamais très évident. Elle releva donc la tête et regarda sa voisine. Qu’est-ce qu’elle allait bien pouvoir lui dire ?

« Hum… Et sinon, qu’est-ce que tu faisais dans le parc ? Une promenade ? T’as fait des trucs marrants ? »

Pour être une question crétine, là s’en était une. Y’avait pas grand chose à faire de marrant dans le parc. Pour ça, c’était plutôt la forêt interdite qu’il fallait visiter. Naomi se dit alors qu’elle n’y était encore jamais allée. Ça devait être plutôt sympa. Le soucis, c’était que c’était plutôt interdit pour les élèves.

« T’es déjà allée dans la forêt interdite depuis que t’es ici ? T’es en quelle année d’ailleurs ? T'aimes bien les cours qu'ils nous donnent? T'as des frères et soeurs toi aussi?»

Et voilà, Naomi ne savait pas quoi dire et n'était pas vraiment à l'aise. Elle était donc en train d’assommer sa voisine par une série de questions sans aucun lien entre elles. Mais c’était de sa faute aussi, pourquoi elle s’était assise là au moment où elle était motivée pour faire sa lettre ?

-Heu...

Son esprit submergée par ces questions complexes, elle cherchait les réponses.
Elle mit une mèche de cheveux derrière son oreille. Pour une quelquonque raison, elle adorait faire ça. Même si ça donnait tout de suite un genre.

-Je faisais pas grand chose. La forêt interdite est pour moi un lieu inconnu. J'ai pas de frères ni de soeurs. Ca m'évite de faire des lettres.

Si elle avait eu une consience, peut-être une petite voix aurait-elle dit : "Ma fille, tu est trop matérialiste". Mais y'en avait pas.

-Et toi? Tu as l'habitude d'écrire des lettres? Ici?

Elle lui sourit.
Elle avait remarqué après études que sourire quand on ne sait pas vraiment quoi dire est une super-solution [de la mort qui tue].

*Hum...Bah, voià qui alimente ma journée.*

Naomi sembla prendre un peu au dépourvu la jeune fille qui c'était assise près d'elle. Il faut dire que cette série de questions sans queue ni tête ne devait pas aider. Elle-même ne se souvenait d'ailleurs plus de tout ce qu'elle lui avait demandé. Elle finit par répondre à trois de ses questions, puis lui en posa une.
Cette fois-ci, ce fut Naomi qui fut légèrement prise au dépourvu. Elle réfléchit quelques secondes, remit sa mèche derrière son oreille - mèche qui se remit à sa place initiale immédiatement, cachant toute une partie de son visage - et fronça légèrement les sourcils.

"Heu non, en fait je suis à Poudlard depuis peu de temps. C'est la première lettre que j'écris ici. Et avant ça, je n'avais jamais quitté mon frère. Donc pas besoin d'écrire. Enfin si, à ma famille au Japon. Heu oui, en réalité j'écris souvent des lettres. Mais pas ici."

Elle s'attarda à regarder quelques minutes le reflet du soleil sur le lac. Il l'éblouissait légèrement mais ça ne la dérangeait pas. Elle observait les ronds se former sur l'eau à chaque fois qu'une feuille tombait ou qu'un insecte frolait la surface. Elle finit par reprendre son crayon et continuer son dessin du lac pour son frère. Plongée dans ses pensées, elle avait complètement oublié sa voisine.

Naomi se perdit un peu dans ce qu'elle voulait répondre.
Elle l'écouta se mélanger les pinceaux avec une attention non-feinte.
Puis plus rien. Elle regarda la jeune fille qui...l'avait carrément oubliée. Elle se sentit offensée par tant d'innatention à sa [fantastique] personne.
Mais elle avait quand même l'habitude. En fait, comme elle ne savait jamais quoi dire, ça revenait au même pour son interlocuteur. Et puis on finissait par oublier qu'elle était là et elle s'en allait. C'était un peu monotone.
Elle remarqua enfin ce qu'il y avait sur la robe de Naomi. Elle était à Pouffsouffle. Les Pouffsouffles devaient être bien nombreuses pour qu'elle en ait rencontré quelques unes. Ou peut-être étaient-elles en définitives malgré tout ce qu'elle en disait les personnes les plus interressantes de tout le château.
Une Pouffsouffle...Méliz, Alvinia...Naomi...

-Tu connais Méliz Angel?

Zut. Elle ne voulait pas le demander. Enfin, p)as comme ça, en tournant un peu autour du pot, peut-être...
Et puis pourquoi? Bah...Parce qu'elle n'avait pas revu Méliz depuis qu'elle avait claqué la porte des toilettes. Elle ne savait pas ce qu'Alvinia et elle s'était dit. Elle ne savait pas ce qu'Alvinia pensait d'elle, maintenant qu'elle avait une fois de plus montré à quel point elle était susceptible. Et elle ne savait pas non plus pour Méliz.
Méliz était très émotive, et même si parfois elle faisait comme si elle pouvait en supporter beaucoup plus qu'on ne pouvait s'y attendre, elle avait comme tout à chacun fléchit, et surtout était tombée, écrasée sous ses soucis et ses chagrins.
Mais alors...Elle serait en train de s'inquiéter...pour Méliz Angel? Et pourquoi pas?
Elle sorit un peu de sa rêverie et se retourna pour entendre la réponse de Naomi. Peut-être n'avait-elle jamais entendu parler de Méliz, et elle aurait posé la question en vain.

Naomi sursauta lorsqu'elle entendit la question de sa voisine. Shimatta! Elle avait complètement oublié que Kanha était à côté d'elle. Elle releva la tête tout en se demandant si elle connaissait Méliz Angel. Bien-sûr qu'elle la connaissait. La dernière fois qu'elle l'avait vu, elle pleurait dans leur dortoir. D'après ce que Naomi avait pu déduire de la situation, Méliz pleurait en partie parce-que ça mère était morte et lui manquait, mais pas seulement. Il semblait également y avoir avec une personne qui se serait interposé entre elle et sa meilleure amie. Mais ce n'était là que des suppositions et Naomi n'avait eu connaissance d'aucun détails. Elle se tourna donc vers sa voisine et lui sourit.

"Oui, je la connais. Je suis à Poufsouffle, comme elle, et dans le même dortoir; J'ai eu l'occasion de lui parler à plusieurs reprises. Mais pourquoi cette question? Tu la connais aussi?"

Naomi était plutôt contente de voir que malgré le peu de personnes qu'elle connaissait, certaines se connaissait tout de même entre elle.

-Euh...Disons que l'on s'est plus ou moins parlé pas mal de fois.

Est-ce qu'elle lui demanderait des nouvelles de Méliz? Mais pourquoi en fait?
Si ça se trouve, Méliz se portait comme un charme et se promenait en gambadant dans les couloirs en compagnis d'Alvinia!
Pourquoi pas?
Bah, Naomi n'avait pas l'air d'être du genre à chercher le truc qui cloche, alors elle pouvait bien lui demander.

-Elle va bien?

Son sourire était crispé.
Elle se demandait ce qu'elle allait entendre. Si Méliz allait mal, elle sourirait de s'en enorgueillir un peu. Même si elle n'avait pas particulièrement envie que quelqu'un d'autre la déteste.
Si elle allait bien, alors elle chercherait à tous prix à l'éviter.

Naomi eu un instant d'hésitation. Kanha savait-elle quelques chose à propos de Méliz? Peut-être que la jeune serpentarde posait la question tout simplement, juste pour s'enquérir de l'état de Méliz, sans aucune arrière pensée. Mais Naomi se demandait tout de même si elle devait parler à cette fille de Méliz. Après tout, elle ne connaissait pas leurs relations et ne voulait pas commettre une erreur pouvant lui mettre sa nouvelle amie à dos.

"Heu...oui, enfin en ce moment peut-être pas trop. La dernière fois que je l'ai vue elle n'était pas vraiment en super forme."

Naomi observa quelques instants sa voisine. Elle ne semblait pas particulièrement à l'aise. Quelque chose semblait la gêner... Cependant, depuis le début, cette jeune fille avait parue légèrement étrange à Naomi et elle ne savait donc pas trop quoi penser de ses observations.

"Tu l'as contrarié?"

Elle avait posé la question sans préambule, juste pour voir la réaction de sa voisine. Au moins, après ça elle serait fixée. Elle ne pensait pas vraiment que la jeune fille avait une part de responsabilité dans l'histoire, mais plutôt que d'en douter, au tant en être certaine.

*Pas en super forme. Bon, elle pleurait, quoi. Oh, shit.*

Elle se demanda ce que lui voulait Naomi à la regarder comme ça.
Sa question la prit au dépourvu. Elle écarquilla les yeux.

-Si je l'ai contrariée...C'est..pas le terme le plus...exact.

Pour sûr. Mais bon, elle n'était pas entièrement responsable...Est-ce que c'était sa faute si Méliz avait la larme aussi facile?
Quand on est pas fait pour en supporter beaucoup, bah on s'acharn,e sur des cas désespérés dans son genre. Non mais vraiment....Mais elle allait mal.
Et c'était quand même un peu par sa faute. Enfin disons qu'elle agravait joyeusement le tout.
Culpabilité? Oh, non tout mais pas ça...
Elle résolut tout de même d'essayer de chpper Méliz à un moment ou à un autre.
Quoique...Ce n'était peut-être pas une si bonne idée. Elle risquait d'être aussi désagréable que toujours avec la Pouffsouffle, et ça ferait tout sauf arranger une peu les choses. Malgré cela, elle voulait la voir.

-Mais...Pourquoi tu demandes ça?

Bon, et bien la réaction de Kanha donnait une réponse à Naomi. C’était bien elle la serpentarde qui avait fait pleurer Méliz. Naomi ne savait plus vraiment quoi penser de sa voisine. Qu’est-ce qu’elle avait bien pu lui faire ? En même temps, Méliz était en ce moment plutôt fragile. Sa vie était compliquée et la moindre petite chose que cette fille aurait pu lui dire aurait pu la faire pleurer.
Kanha lui demanda alors pourquoi elle lui posait cette question. Naomi décida d’être directe. Elle n’avait pas envie de passer par quatre chemin avec cette fille.

« Je t’ai posé cette question juste pour voir ta réaction. Je savais que quelqu’un n’avait pas été très sympa avec Méliz et vu les questions que tu m’as posé, je voulais faire une petite vérification… »

Naomi ne souriait pas vraiment. Elle ne connaissait pas Kanha et ne savais pas ce qui s’était passé. Elle ne voulais donc pas tirer de conclusions hâtives mais elle se méfiait un peu tout de même.

« Je ne voudrais pas être indiscrète, mais quand même… Est-ce que tu peux me dire ce qui s’est passé ? »

Autant poser la question directement. C’était peut-être le meilleur moyen d’avoir une réponse. Ou pas.

Elle soupira. Une petite vérification. Elle en avait de la chance Méliz, qu'il y ait des gens pour tenir assez à elle, pour essayer de trouver pourquoi elle pleure.
Être indiscrète? Bien sûr que c'était indiscret de lui demander ce qu'elle avait fait à Méliz.
Et elle ne savait pas vraiment - ce n'était pas clair dans son esprit. Quel était la source du problème?
Peut-être ce sentiment bassement humain qu'est la jalousie. Ou bien le fait que Méliz soit si attentionnée, même si elle savait qu'elle peut se casser les dents sur quelque chose de trop dur.
Peut-être tout simplement parce qu'elle n'avait pas était très délicate chaque fois qu'elle s'était retrouvée à parler avec elle. Certainement parce que les gens gentils avaient l'étrange faculté de la rendre irritable.
Et puis peut-être "à cause" d'Alvinia. Pour Kanha, c'était quelqu'un qu'elle appréciait énormément, qu'elle aimait beaucoup, et avec qui elle aimait parler, même si leur discussion ne se passait pas toujours bien et n'étaient pas toujours amicales - même si elle avait tendance à la gifler si elle était contrariée parce qu'Alvinia disait, ou sans raison d'ailleurs. Pour méliz, elle ne savait pas exactement ; mais elle devait connaitre Alvinia depuis plus longtemps, et elle étaient amies.
Et Méliz avait sans doutes d'autres problèmes, d'un autre ordre, parce qu'elle ne la voyait pas s'effondrer unniquement à cause d'un problème. Peut-être croulait-elle sous les ennuis.
Elle ne savait pas si elle devait répondre ou non à Naomi. Mais au moins elle avait compris quelque chose. Il fallait qu'elle voie Méliz. Puis Alvinia - même si elle n'avait pas une idée bien définie de ce qu'elle pourait lui dire.

-Euh...Disons que je suis incapable de l'apprécier lorsqu'elle est devant moi, et que je...m'ennerve relativement...Que ce que je peux dire n'est pas toujours sympathique. Disons également que nous avons une "connaissance" commune qui n'est pas sure de ses amitiés. Mais je n'ai pas la prétention d'être le seul problème de Méliz. Même si je serais satisfaite que quelqu'un pleure à cause de moi - puisqu'il n'est pas nécessaire d'espérer qu'un jour quelqu'un pleure pour moi.

C'était assez flous, mais elle trouvait cela plutôt compréhensible. Elle regarda anxieusement Naomi en se demandant ce qu'elle aurait compris de ce qu'elle avait dit, et de ce qu'elle n'avait pas dit.

Naomi écoutait attentivement ce que lui disait Kanha. Cela confirmait bien ce qu’elle avait déduit des minces informations que lui avaient fournies Méliz. Ainsi, une troisième personne entrait dans l’histoire et Kahna et Méliz semblaient se disputer son amitié. Mais cette troisième personne avait-elle un cœur si étroit qu’elle ne pouvait pas être amie avec les deux jeunes filles à la fois. Il manquait encore probablement beaucoup d’éléments à Naomi pour pouvoir comprendre la totalité de la situation. Et puis si Kanha et Méliz étaient incapables de s’entendre, la troisième personne, celle qui se trouvait entre les deux ne pouvait qu’avoir des difficultés à gérer la situation.
Une autre chose était claire, Kanha n’était certainement pas la seule cause de tous les malheurs de Méliz. Mais elle semblait prendre un malin plaisir à lui faire du mal. Naomi avait du mal à comprendre ce genre de comportement. Elle ne voyait pas quel plaisir on pouvait tirer du malheur des autres. Sauf peut-être lorsque l’on est soi-même malheureux. Voir quelqu’un d’encore plus triste que soi pouvait peut-être être un soulagement. Kanha semblait penser que personne ne l’aimait réellement, du moins assez pour pleurer pour elle. Naomi avait rarement pleurer pour les autres. Il faut dire aussi qu’elle pleurait assez rarement. Les seuls pour qui elle avait déjà versé des larmes étaient son grand-père et son frère.
Naomi regardait toujours Kanha qui paraissait à présent inquiète de sa réaction.

« Ecoute Kanha, je ne veux pas me mêler de vos affaires mais vous devriez peut-être vous reparler, toi, Méliz et la troisième personne concernée. Je ne connais rien de votre histoire et je ne peux pas aider Méliz autant que je le voudrais, mais je n’aime pas la voir dans cet état. Tu as raison, tu es loin d’être le seul problème de Méliz mais est-ce que c’est vraiment utile d’en rajouter. Elle n’en a pas vraiment besoin. Je ne sais pas, vous pourriez peut-être éviter de vous retrouver dans des situations qui font que tu ne puisse pas t’empêcher de la rendre encore plus malheureuse… »

Naomi savais très bien qu’elle se mêlait de ce qui ne la regardait absolument pas mais avoir en face d’elle celle qui avait rendue Méliz dans l’état dans lequel elle l’avait trouvé dans le dortoir peut de temps auparavant, faisait qu’elle ne pouvait s’empêcher d’en parler.

« Je ne sais pas pourquoi tu es si certaine que personne ne pourrait pleurer pour toi. Il y a toujours quelqu’un pour nous aimer. On ne le sait pas toujours, c’est tout. Et je ne crois pas que faire pleurer les autres soit la meilleure solution pour se faire aimer.»

Naomi détestait ça. Faire la moralisatrice. Ce n’était pas vraiment son rôle. Et puis Kanha devait avoir au moins deux ans de plus qu’elle. Mais elle sentait bien que Kanha avait un problème. Elle ne savait pas lequel. Surtout qu’extérieurement, elle semblait tout à fait bien.

-Je m'en doute, je dirais même que je le sais, il y a mieux à faire.

Il devait être temps qu'elle arrête de s'enfermer dans une gaminerie qui n'était pas tout à fait naturelle. En fait, ça faisait un moment qu'elle se le disait.
Mais là, c'était un peu comme un déclic. Le discours en effet très moralisateur de Naomi aurait au moins eu le mérite de faire quelque chose si ce n'est pour Méliz, pour elle.
Elle irait voir Méliz. Et c'était par où la salle commune des Pouffsoufles? Bah, tant pis, elle chercherait Méliz dans les couloirs. Et elle lui dirait quoi? Bof. "Bonjour". Ca serait de toutes manières plus faciles de lui reparler à elle qu'à Alvinia. Alvinia, la dernière fois, elle lui avait collé une gifle. Difficile de faire comme si de rien n'était, même quand on en a l'habitude.

-Tu penses qu'il faudrait que j'aille la voir? Moi, c'est ce que je veux faire. Mais si tu me dis qu'il ne faut vraiment pas, alors je n'y irais peut-être pas. Hum?

Elle se leva et continua d'interroger Naomi du regard, tout en se demandant encore ce qu'elle pourrait bien raconter à Méliz. "Bonjour", comme début, c'était pas mal. Mais après?
Bah, elle aurait bien le temps d'y penser en la cherchant.
Demain ou aujourd'hui, maintenant?
En courant ou les mains dans les poches? Faudrait-il qu'elle s'excuse ou non? Même si il le fallait, elle ne le ferais pas. Inutile de se poser la question.