Travaille son devoir de Magizoologie

William Emilien avait préféré ne pas déjeuner. En effet, il n'avait jamais eu un grand appétit, et aimait mieux consacrer son temps libre à autre chose. Il avait commencé son exploration du chateau, car il comptait bien le connaître dans ses moindres recoins avant la moitié de sa première année. Les explications et récits de Maximilien Backhand ne suffisaient pas au jeune garçon, qui arpentait donc les couloirs sans destination précise. C'est alors qu'il passa devant la bibliothèque, et se rappela qu'il avait un devoir à rendre en Soins aux Créatures Magiques. Ce premier cours, communs à toutes les années, il ne l'avait pas vraiment suvi, il avait surtout dormi pendant toute l'heure [hj : techniquement, il y était pas, m'enfin ...]. Mais il y avait un devoir et, n'ayant aucune idée de ce qu'était la taxichose, il avait décidé de se rendre à la bibliothèque lorsque l'occasion se présenterait. Et l'occasion se présentait à présent.

Il entra donc dans la bibliothèque et fut surpris par le silence qui y régnait. Ou plutôt, qui était censé y régner. Ce n'était pas un véritable silence, on entendait régulièrement des pages qui se tournait, des grattements de plumes sur le papier, des pas. William Emilien chercha bientôt le rayon qui concernait les Créatures Magiques. Peut-être qu'un dictionnaire lui serait utile, également. Il n'avait pas tout de suite aimé la lecture. Dès sa première année à l'école primaire, en France, il avait trouvé le professeur ennuyeux, ce dernier ne lui donnant pas du tout envie de comprendre de quoi il parlait. Mais lorsqu'ils avaient déménagé en Angleterre, son grand-père lui avait appris à nouveau à lire, et William avait dévoré de nombreux romans et contes dans sa bibliothèque bien fournie. Malheureusement, seules les histoires l'intéressaient. Il arriva au rayon voulu et parcouru des yeux les tranches des livres. Il en manquait pas mal, apparemment ...

Il pivota sur lui-même et découvrit une pile de livres posée sur une table. Voilà donc où ils étaient ! Il ne mit pas longtemps à s'apercevoir qu'il s'agissait d'une élève qui les avait mis là. Il s'agissait d'une fille de Poufsouffle, de première année, qu'il avait déjà vue en cours. C'était celle qui participait souvent ... William n'appréciait guère les Poufsouffle en général, mais il se doutait que celle-ci devait en savoir beaucoup sur le sujet du devoir, puisqu'elle était si attentive en cours. Il n'avait rien à perdre en essayant d'obtenir un peu de son aide, du moins c'était ce qu'il pensait. Et puis, il était temps de vérifier si ce qu'on disait sur les élèves de cette maison était une simple généralité ou si cela s'avérait vraiment pour tous les Poufsouffle sans exception. Il s'approcha donc de la table en question et jeta un bref coup d'oeil au livre qu'elle tenait. Les centaures ... pour ce qu'il en savait ! Il prit la parole avec un petit sourire à l'apparence sympathique :

- Salut. J'étais venu pour faire le devoir de Soins aux Créatures Magiques, mais apparemment, t'as pris la plupart de ceux qui traitent de son sujet ! Est-ce que ça te dérange si j'en prends un ?

*Et tout cela dit avec un sourire amical ... On pourrait me croire malade ...*

Naomi était toujours plongée dans son livre lorsqu’une voix se fit entendre. Elle leva lentement la tête, prenant le temps avant de lever les yeux de finir la phrase qu’elle avait commencée. Elle haussa alors un sourcil étonné. Elle n’avait aucun à priori particulier, mais généralement, les Serpentards ne s’adressaient pas aux Poufsouffles le sourire aux lèvres. Elle trouva cela quelque peut suspect. Mais le jeune homme à la cravate verte et argent avait pourtant l’air sympathique. Naomi ignora donc ses soupçons et répondit par un sourire au Serpentard.

" Salut. Heu oui, excuse-moi. Tu peut prendre ceux que tu veux, j’ai terminé mon devoir de toute façon. C’est vrai que j’aurais dû aller les remettre en place… "

Elle posa le livre qu’elle lisait en prenant bien soin d’y placer un morceau de papier. Elle ne voulait pas perdre sa page. Elle se mit ensuite à trier rapidement les livres qu’elle avait sortit des étagères et, jetant un coup d’œil au garçon, lui en tendit deux ou trois.

" Tu es en première années non ? Tient, c’est ceux là qui m’ont le plus servi. Si ça peut t’aider… Il n'est pas évident ce devoir..."

William était fort satisfait de la réponse de la Poufsouffle, qui déclarait avoir terminé son devoir. Elle s'excusait, même. Il était vrai qu'il y avait de quoi, les gens qui s'excusaient tout le temps pour un rien énervaient un peu le Serpentard, mais elle n'était pas dans ce cas, pour le moment. Il approuva d'un signe de tête lorsqu'elle demanda s'il était en première année. Il regarda vaguement les livres qu'elle lui tendait, elle disait qu'ils lui avaient servi pour le devoir. C'était gentil de sa part, pensa William, intérieurement moqueur, sans le laisser paraître. Il la remercia, puis l'observa pendant qu'elle triait les livres en vitesse. Elle avait des cheveux noirs, courts et raides. Une mèche était mise en valeur par sa couleur plus proche du roux, qu'elle avait attachée avec une barette. Ses yeux étaient noirs, son visage rond, plutôt souriant. Profil parfait pour une Poufsouffle, se dit le Serpentard en faisant mine de s'intéresser aux livres.

- Je peux m'asseoir ? fit-il en désignant une chaise à la même table, avant de s'y asseoir sans attendre de réponse.

Question peut-être inutile, quoique ... Il sortit de son sac de quoi écrire, et l'énoncé du devoir. La première question concernait la Magizoologie. Le garçon n'avait vraiment pas été attentif en cours, mais en toute logique, ce devait être la science des animaux magiques, d'autant plus que le cours en général portait là-dessus. Mais pourquoi était-ce une science intéressante ? Il trouverait bien quelque chose à écrire, un peu d'imagination suffisait. Pour ce qui était de la suite, c'était plus compliqué. William voulait le faire, ce devoir, pour rapporter des points à sa maison, mais ce n'était pas vraiment ça ... Il ouvrit donc l'un des livres, pour chercher ce qu'était la taxinomie.

- Effectivement, c'est pas évident ... *Surtout quand on a pas suivi le cours ... mais c'est peut-être pas ça que je ferais mieux de dire ...* Qu'est-ce que tu lisais ? ajouta-t-il en levant la tête vers la fille de Poufsouffle, bien qu'il sût déjà la réponse.

Le garçon acquiesça lorsque Naomi lui demanda si il était en première année et prit les livres qu’elle lui avait tendu. Il demanda ensuite s’il pouvait s’asseoir et sans même attendre qu’elle réponde, il s’installa sur une chaise voisine. Cela l’étonnait déjà un peu moins. C’était bien un serpentard finalement. Mais cela ne dérangeait pas Naomi de toute façon. Elle fit comme si le garçon attendait encore sa réponse.

"Oui, bien sûr, il y a encore de la place." Puis elle ajouta, comme si cela pouvait être l’une des préoccupations du serpentard, "Tu ne me dérange pas du tout."

Elle observa discrètement son voisin pendant qu’il sortait ses affaires pour travailler et qu’il réfléchissait à son devoir. Ses cheveux étaient très noirs et en désordre ce qui lui rappelait un peu Yoshiro, son frère. De plus, son visage était sympathique et inspirait confiance. Naomi s’appuya ensuite avec décontraction contre le dossier de sa chaise, croisa les jambes et replongea dans sa lecture. Les chaises n’étaient pas très confortables. Tout en lisant, elle se demandait si elle n’allait pas carrément emprunter le livre et continuer dans un endroit plus confortable, lorsque le garçon lui adressa à nouveau la parole. Il était du même avis qu’elle, le devoir était difficile. Mais elle aimait bien la façon dont les faisait travailler Arthur Smith, le professeur de soins aux créatures magiques. Il leurs demandait de réfléchir par eux-mêmes, de se faire leur propre opinion sur les problèmes que posaient sa discipline. Il était l’un des rares professeurs de l’école à travailler de cette façon. Elle sortit de ses pensées à temps pour comprendre le sens de la question que venait de lui poser le serpentard. Elle lui montra la couverture tout en lui énonçant le titre de l’ouvrage.

"Vie et Philosophie des Centaures." Puis elle ajouta, "C’est un sorciers, Mikaël Equin, qui l’a écrit. Il a passé 10 ans de sa vie avec des centaures alors que ces créatures évitent le plus possible les hommes. Il parle de sa vie quotidienne, c’est d’ailleurs assez marrant parfois. Et puis j’aime bien sa façon d’écrire. Là je suis sur à un chapitre où il parle de la façon dont les centaures voient le monde. Je peux te dire qu’on devrait un peu plus s’inspirer d’eux… Ils se voient eux-même comme faisant parti d’un tout. Pas comme les humains qui ont plutôt tendance à penser que le monde n’existe que pour eux-mêmes… enfin voilà quoi…"

Elle arrêta là la description de sa lecture. C’était tout Naomi. Lorsqu’on la lançait sur un sujet qui l’intéressait, elle pouvait en parler des heures. Elle referma le livre qu’elle avait ouvert et tourné dans tous les sens lorsqu’elle s’était lancée dans son explication et regarda son interlocuteur d’un air interrogatif.

"Et toi, est-ce que tu t’en sort avec ce devoir ?"

Alors qu'il s'était déjà assis, la fille de Poufsouffle répondit tout de même que, bien sûr, il pouvait s'asseoir, et mieux encore, qu'il ne la dérangeait pas. Il fit un sourire puis se concentra sur son devoir, du moins en apparence. S'il ne la dérangeait pas, c'était bien parce qu'il avait besoin des réponses qu'elle pourrait lui donner. William avait toujours su jouer le rôle qu'il fallait pour obtenir ce qu'il voulait, enfin en général. Il lui était également arrivé d'échouer ... ce qu'il ne se pardonnait pas et tentait d'oublier. Depuis, il avait réussi à effacer ces erreurs par ses brillants jeux. C'était son premier essai à Poudlard, et pour bien commencer, il avait choisi une Poufsouffle. Un Serdaigle ou un Gryffondor aurait été tout aussi intéressant, mais cette Poufsouffle là était non seulement en train d'étudier les créatures magiques dans la bibliothèque, mais paraissait aussi moins stupide que ce qu'on disait en général sur les gens de cette maison. Ce qui ne voulait surtout pas dire qu'elle approchait même de l'intelligence dont faisaient preuve les Serpentard.

Puis la Poufsouffle répondit à la question de William, posée sans grand intérêt personnel. Elle aurait pu simplement donner le titre du livre, voire l'auteur, mais elle ne s'en contenta pas : elle lui raconta qu'il avait passé dix ans avec les centaures, ce pourquoi le garçon le plaignit intérieurement. Elle ajouta quelques commentaires sur sa façon décrire ... puis s'arrêta, comme si elle s'était rendue compte que ce n'était pas très intéressant. William Emilien fit une grimace amusée et répondit :

- Assez moyennement, en fait ...

La taxinomie, il ne voyait pas vraiment ce que ça pouvait être. Il y avait forcément un rapport avec les classifications que le professeur évoquait ensuite dans l'énoncé du devoir. Le jeune Serpentard ouvrit un livre au sommaire et ne tarda pas à trouver ce qu'il cherchait : "Taxinomie : science des lois de la classification" Bien ! Cela faisait déjà une réponse qui serait forcément juste. Il avait envie de rapporter des points à Serpentard, bien qu'il ne connaisse presque personne de sa maison - mis à part Adam avec qui il avait brièvement discuté - il aurait ainsi la satisfaction de participer. Il leva la tête vers la fille de Poufsouffle et déclara :

- En tous cas, on peut dire que toi, ça t'intéresse les créatures magiques ... J'ai remarqué que t'étais presque la seule à participer en cours ! ajouta-t-il avec un sourire. Puis il continua : Au fait, je me suis pas présenté, je m'appelle William Emilien Backhand. Et toi ?

A la grimace que fit le garçon et à sa réponse, il était clair que l’étude des soins aux créatures magiques n’était pas vraiment sa passion première. Naomi se doutait bien que si un serpentard se montrait ainsi sympathique avec elle et qu’en plus il avait quelques difficultés avec un devoir, cela ne pouvait signifier qu’une chose. Il avait besoin d’elle. Intérieurement, Naomi sourit. Un serpentard ayant besoin d’une poufsouffle ? Où allait-on. Mais même si elle était suffisamment intelligente et déductive pour avoir conscience de cela, elle aimait rendre service. Que l’on se serve d’elle ne la dérangeait pas outre mesure tant qu’elle s’en rendait compte dès le début.
Le serpentard lui fit ensuite remarquer qu’elle participait beaucoup aux cours du professeur Smith et se présenta.

"Moi c’est Naomi Glendening. C’est vrai que les créatures magiques m’intéressent pas mal. Je ne pensais pas que ce serait autant le cas. D’ailleurs, je me demande si le plus intéressant est la matière elle-même où bien le professeur. J’aime beaucoup sa manière d’enseigner."

Après une légère pose, Naomi reprit la parole le visage sérieux.

"Est-ce qu’il y a des questions du devoir dont tu voudrais qu’on discute ?"

Elle avait posé la question de façon plutôt habile, proposant son aide sans pour autant signifier à William qu’elle pensait qu’il pouvait en avoir besoin. Ce dernier n’était pas idiot et s’en rendrait probablement compte. Cependant, l’attention était plutôt sympathique.

La Poufsouffle se nommait donc Naomi Glendening, un nom qui ne collait pas vraiment avec son visage, car elle avait plutôt un profil asiatique. Peu lui importait après tout, il y avait beaucoup d'explications possibles et il préférait pas commencer à se poser des questions, car dans ce cas il n'en aurait pas bientôt fini. Il avait sans doute déjà entendu ce nom en cours, puisqu'elle participait régulièrement et même plus que les autres, mais il n'était pas arrivé à s'en souvenir avant de l'entendre le dire. William l'écouta répondre qu'elle aimait beaucoup la manière d'enseigner de Mr Smith, le professeur de Soins aux Créatures Magiques. Encore une chose qu'elle disait beaucoup aimer. Le jeune Serpentard, lui, n'aimait pas grand chose ni grand monde. Il n'aime pas beaucoup ses parents, ses professeurs, ses camarades de l'école à laquelle il allait avant de venir à Poudlard. On s'en était souvent étonné, mais à présent, cela paraissait presque normal. Ce qu'il aimait, c'était de voir les autres s'énerver, pleurer, avoir peur, le détester ou au contraire l'adorer, trompés par son visage d'ange, se leurrer, se prendre dans son jeu.

Mais la Poufsouffle lui demanda ensuite s'il y avait des questions du devoir à propos desquelles il voudrait qu'ils "discutent" ... Avait-elle compris le but de WIlliam ? Sans doute, ce n'était tout de même pas bien compliqué, et elle lui avait semblé dès le départ moins stupide que ce qu'on disait des gens de cette maison en général. Cependant, cela ne paraissait pas la déranger, elle se proposait même de l'aider, ce qui étonnait un peu le jeune garçon. Il avait peut-être été sympathique depuis le début de la conversation, mais tout le monde savait qu'un Serpentard n'a pas pour habitude de sourire amicalement à un Poufsouffle. Alors ? Eh bien rien, elle était simplement trop gentille. William, lui, n'était pas vraiment du genre généreux, plutôt égoïste : ce qui pouvait arriver aux autres, aussi terrible soit-il, ne lui faisait pas grand chose, tant que ça ne lui arrivait pas à lui. Le Serpentard sourit donc à Naomi, d'un sourire légèrement ironique, et répondit :

- Mais ce serait avec grand plaisir. Par exemple, en ce qui concerne les classifications ...

Il marqua une courte pause, le temps de réfléchir à ce qu'il allait dire. Il avait commencé à lire un des livres que Naomi lui avait conseillés pour faire le devoir et avait vaguement aperçu quelque chose sur la "classification de Stump". Mais comment poser la question sans demander directement la réponse complète ? Il n'avait aucune idée de ce que ça pouvait être et n'était même pas certain que le professeur en ait parlé.

- Je dois avouer que j'ai pas pris beaucoup de notes pendant le cours, ajouta-t-il en prenait un air un peu fautif, comme empreint de regret. Le professeur en a parlé, de la classification de Stump, non ?

Bien, il avait des questions sur les classifications. C'était vrai que cette partie du cours n'avait pas été aisée et que de nombreuses questions restaient en suspens. Toutes les classifications possédaient des incohérences les premières comme la dernière, celle de Stump, celle que les sorciers utilisaient aujourd'hui. Naomi observa quelques instants William qui semblait réfléchir à ce qu'il allait lui dire. Il prit soudain un air contrit et avoua à Naomi qu'il n'avait pas prit beaucoup de notes pendant le cours. En d'autre termes, qu'il n'avait pas vraiment suivit. Naomi se rendait bien compte que l'on se servait d'elle, qu'elle était peut-être un peu trop gentille et passait même surement aux yeux du serpentard pour une profonde idiote. Mais pour rien au monde et certainement pas ce garçon, elle ne changerait de comportement. Elle avait en horreur l'esprit de compétition. Elle privilégiait l'entraide. Elle avait peut-être une vision utopique de la vie, mais il lui semblait que pour faire de ce monde un lieu de vie idéal, il fallait laisser de côté son amour propre et tenter de vivre ensemble plutôt que les uns à côté des autres. Finalement, le choixpeau ne s'était peut-être pas trompé en l'envoyant à Poufsouffle. Elle n'était pas naïve, elle voulait seulement voir le bien partout. Et cela demandait des efforts constants pour y parvenir, vu les obstacles qui se plaçaient devant elle. Elle répondit donc avec plaisir à William.

"Oui, il en a parlé. Il s'agit de la dernière classification en date. Celle que l'on utilise aujourd'hui. Même si c'est à mon avis la meilleure à ce jour, je pense qu'elle est loin d'être parfaite."

William remercia la Poufsouffle et lut ce qui était dit sur la classification de Stump, puisque le professeur l'avait évoquée dans son cours. Une classification qui séparait les vivants en trois catégories : les êtres, doués de suffisamment d'intelligence pour vivre en communauté, les animaux, et les esprits, donc les fantômes. Certainement pas bien compliqué à expliquer, le jeune Serpentard commença donc à rédiger un brouillon pour son devoir. La question suivante était plus ennuyeuse, mais elle ne nécessitait qu'un peu de réflexion de la part du garçon. Il écrirait que la classification de Stump était la plus intéressante, et arriverait bien à trouver pourquoi. Après tout, il n'avait pas besoin de connaître les autres classifications pour faire le devoir. Peut-être pas très correctement, mais tout de même, cela suffisait pour rapporter des points à Serpentard.

Il répondit à Naomi, qui avait donné son avis sur la classification :

- Effectivement, ça engendre pas mal de contestations ... Il ne doit pas y avoir beaucoup de créatures magiques, dans la catégorie "être". On peut presque dire que c'est classé entre ceux qui ressemblent à l'homme et ceux qui ne lui ressemblent pas. Enfin bon, il faut bien trouver quelque chose ...

Il réfléchit à la réponse qu'il écrirait sur le devoir, puis fit mine de lire ce qui était dit dans le livre. Il y avait quelque chose sur la classification du ministère, avec des X, plus il y en avait, plus la créature magique était dangereuse. William regarda sa feuille sans vraiment la voir, mais ne prit pas pour autant l'air stupide qu'avait les gens lorsqu'ils fixaient quelque chose dans le vide. Pour le moment, Naomi Glendening ne paraissait pas le détester, et l'aidait même pour le devoir. Vu comme elle était studieuse, et moins bête que le reste des Poufsouffle sur certains points, est-ce que ce ne serait pas une bonne idée de décider de bien s'entendre avec elle ? Surtout si les autres devoirs étaient aussi difficile que celui-là ... William ajouta alors, pour faire la conversation, sachant qu'il risquait de ne pas avoir grand chose à dire sur les classifications :

- Et à part les cours du professeur Smith, tu t'intéresses à quoi ?

Sa question n'était pas moqueuse, posée avec un sourire et sur un ton neutre, presque amical. Si sa voix s'était teintée d'ironie, il aurait paru plus méchant, mais ce n'était pas le cas.

William venait d’évoquer ce qui énervait la plus Naomi dans toutes ces classifications. Elles étaient toujours faites en comparaison avec les hommes, par rapport à eux. Comme si les hommes avaient une place à part parmi les créatures, qu’elles soient magiques ou non. William continuait de travailler sur son devoir et Naomi en profita donc pour reprendre la lecture de son livre. Cependant, au bout de quelques minutes, il reprit la conversation. Naomi en fût agréablement étonnée. Il ne lui parlait plus à propos du devoir mais à propos d’elle-même. Cela ne lui apportait rien de concret, ne lui servait pas directement. Peut-être que Naomi l’avait mal jugé finalement, peut-être qu’il ne se servait pas tant que ça d’elle. De plus, il avait l’air sincère en posant sa question. Naomi fût légèrement prise au dépourvu.

"Et bien…heu… Je m’intéresse pas mal aux contes et légendes, moldus comme sorciers, et plus particulièrement de ceux provenant du Japon, mon pays natal. Et sinon, il y a aussi le dessin et l’aïkido."

Elle ne s’était pas trop étendue en formulant sa réponse. Elle aurait pu parler de tout cela pendant des heures mais elle ne voulait pas non plus l’assommer dès leur première rencontre. Elle se demanda alors à quoi ce garçon pouvait lui même s’intéresser.

"Et toi ?"

Naomi parut surprise par la question de William, pourtant posée naturellement. Ah ! Sans doute le pensait-elle peu amical, sans doute croyait-elle qu'il ne faisait rien sans arrière pensée .. Et elle avait raison. Cependant, cette question lui paraissait étrange, et c'était assez amusant que de constater que même les Poufsouffle avaient des préjugés concernant les autres maisons, du moins Serpentard. Les élèves de la maison aux couleurs vert et argent passaient donc pour des menteurs, des manipulateurs ... Pas très étonnant, après tout. Mais William saurait à présent quoi répondre si on lui reprochait d'avoir des idées toutes faites sur les gens des autres maisons. C'était normal, finalement, puisque le Choixpeau répartissait en fonction du caractère : les Serpentard avaient forcément quelque chose d'un peu sournois, les Poufsouffle de naïf, les Gryffondor de stupide - William considérait le courage comme de la bêtise - et les Serdaigle de travailleurs ... Après, il ne valait mieux pas tomber dans la généralité.

Naomi répondit donc après une légère hésitation, qu'elle s'intéressait aux contes et aux légendes, surtout à ceux du Japon, dont elle disait être originaire. William Emilien savait donc à présent d'où elle tenait ce profil asiatique, mais il n'avait pas encore d'explication pour ne nom. Rien ne servait de le lui demander, il verrait cela plus tard. Pour le moment, tout allait pour le mieux, la Poufsouffle avait l'air de le trouver tout à fait sympathique, et était sans doute étonnée de le trouver ainsi. Naomi ajouta qu'elle s'intéressaient également au dessin, et à l'aïkido. William réfléchit donc rapidement à la réponse qu'il allait donner. Qu'est-ce qu'il aimait faire, qu'est-ce qui l'intéressait ? Faire pleurer sa mère ? Ce n'était peut-être pas une réponse à donner. Voyons ...

- Hmmm, j'aime bien lire des romans, la bibliothèque de mon grand-père en était remplie, aussi bien de livres français qu'anglais. A part ça, je joue de la guitare, mais j'ai pas pu emporter la mienne à Poudlard ... Manque de place, ajouta-t-il avec un air déçu. Tu dessines souvent ? reprit-il pour en revenir au dessin. Plus il la ferait parler, plus il la connaîtrait, plus il pourrait paraître amical, plus il en tirerait d'avantages.

William semblait bien avoir des points communs avec Naomi. Lui aussi aimait beaucoup lire et lui aussi paraissait être parfaitement bilingue. Il était sympathique ce garçon. Naomi commençait à se demander pourquoi elle s’en était méfiée au début. Ah oui, un serpentard qui demande de l’aide à une poufsouffle pour un devoir, c’est toujours louche. Mais mis à part ça, elle l’aimait bien. Cependant, elle savait que si elle voulait un jour faire le métier dont elle rêvait, alors elle ne devait pas se fier aux apparences, rester toujours attentive aux réactions, aux expressions de ses interlocuteurs. Seulement, certains sont particulièrement doués pour cacher leurs pensés et Naomi ne pouvait pas vraiment savoir si cela était le cas de William ou non.

« Tu fais de la guitare ? C’est super ça. J’ai toujours eu envie de faire de la musique mais ma famille n’en faisait pas et je n’ai jamais eu le temps de m’y mettre… Mais je n’ai que 11 ans, c’est jamais trop tard ! Dommage que tu n’es pas pu l’emporter. T’as demandé à des anciens ? Peut-être que dans cet immense château y’a une salle de musique bien planquée. Cela ne m’étonnerais pas vraiment qu’une guitare, ou plusieurs, traînent dans un recoin de château. »

Elle lui sourit gentiment. C’était vrai, peut-être qu’il y avait un moyen d’en trouver une de guitare. Naomi avait aussi entendu parler d’un groupe de musique dans l’école mais elle n’en savais pas vraiment plus. Elle reprit ensuite la conversation en répondant à la question de William.

« Je dessine aussi souvent que je peux. Souvent au début des cours, avant que tout le monde soit là. Et aussi dehors, près du lac… Surtout dehors même. J’aime énormément ça. Cela me permet de m’évader, de m’inventer mon propre univers. Parfois, j’écris ensuite une histoire à partir de mes dessins. Mais bon, maintenant que mon frère n’est plus là pour les écouter, c’est moins drôle. »

Mais qu’est-ce qu’elle faisait là ? Elle n’allais pas lui dévoiler toute sa vie pendant qu’elle y était. Le visage de William, attentif à ce qu’elle lui disait et son silence incitaient à la confidence. Oui, mais quand même ! Elle tenta alors de dévier le sujet, de faire comme si elle n’avait rien dit. Elle n’avait pas vraiment envie de répondre à des questions qu’il pourrait lui poser sur ce qu’elle écrivait, etc.

« Tu lis bien le français ? Tu viens de France alors ? Tu y as vécu ? »

William écoutait toujours avec attention les paroles de Naomi. Il savait que la plupart des gens n’aimaient pas avoir l’impression de ne pas être écoutés, d’ailleurs c’était son cas aussi : si on ne l’écoutait pas, il ne disait rien, ce n’était pas la peine. Par contre, si on lui prêtait suffisamment d’attention et qu’on l’incitait ainsi à la parole, il pouvait parler sans problème, et même beaucoup parler parfois. Il suffisait de poser les bonnes questions … Par exemple, les questions que la jeune fille venait de lui poser sur ses origines, ça, il pouvait en parler, fier comme il était d’être français. La France était son pays natal, et il y restait très attaché, tout comme à sa langue. Il avait été obligé d’apprendre l’anglais mais n’avait rien oublié du français, bien que ce soit bien plus compliqué comme langue. A présent, il était parfaitement bilingue, comme cet idiot de Joke, à Serpentard lui aussi. Quel nom de famille, d’ailleurs, c’était ridicule. Will répondit :

- Effectivement, je viens de France, j’y suis né et j’y suis resté six ans environ. Après, mes parents ont décidé de déménager en Angleterre … Pfff si on m’avait demandé mon avis, j’aurais refusé. J’ai dû continuer d’étudier le français pour pouvoir le lire et le parler parce que c’est pas pendant les six premières années qu’on en apprend assez pour pouvoir dire connaître la langue. J’aimerais bien retourner en France, mais bon, au pire j’attendrai la fin de mes études …

C’était vrai, il avait vraiment envie de quitter l’Angleterre pour la France. Quitter tout ce qui l’attachait encore à ce pays, son grand-père, ses parents, tout ça. Il voulait « rentrer à la maison » même s’il savait bien qu’après six ans, il ne retrouverait pas l’endroit où il avait grandi dans le même état qu’il était lors de son départ. Ses parents ne voudraient jamais revenir en France, pourtant, sa mère en était originaire, elle aussi. Pourquoi préférait-elle l’Angleterre ? De plus, elle avait un accent pitoyable quand elle s’exprimait en anglais … Pour son père, il aurait pu comprendre, s’il l’avait voulu : après tout, il y était né, ses parents y vivaient encore. Mais de toute façon, pour William Emilien, ils n’avaient aucune excuse.

- Et toi, tu viens donc du Japon, c’est ça ? C’est marrant, ton nom fait pas du tout japonais, plutôt anglais …

Voilà, il allait l’avoir, la réponse à sa question quant à savoir l’origine de son nom qui, comme il venait de le dire, ne faisait pas du tout asiatique. William n’avait pas fait de commentaire après que Naomi ait déclaré qu’elle dessinait aussi souvent qu’elle le pouvait et qu’elle écrivait des histoires à partir de ses dessins … Mais il gardait cette information dans un coin de sa tête, ça pouvait toujours servir. Tout pouvait toujours servir. William, dans son enfance, avait souvent écouté ses voisins, surtout les vieux, ils racontaient tellement de choses intéressantes … Comment cette charmante vieille femme qui lui avait raconté là où elle cachait son argent, quelle naïveté ! William en riait encore, à vrai dire. Combien de bonbons s’était-il acheté avec ça ? Bien sûr, c’était de l’argent moldu, alors quand bien même il lui en resterait, ça ne lui servirait plus à rien …

[Je crois que je vais faire comme toi pour les dialogues, ce sera bien plus lisible]

Alors William était français. Naomi ne s’en était même pas rendu compte avant. Il fallait dire aussi qu’il parlait vraiment bien l’anglais et qu’en plus, sont nom ne laissait rien deviner de ses origines. La France, Naomi aurait bien aimé visiter ce pays. Mais elle était encore jeune, elle avait tout le temps de voyager. Et puis si tout ce passait comme elle le souhaitait, elle en aurait l’occasion. Elle comprenais bien le sentiment de William. Elle aussi elle avait envie de retourner au Japon. Sa famille de là-bas lui manquait beaucoup et puis son frère y était.
Elle sourit à William avant de répliquer à sa remarque.

« Oui, je viens bien du Japon. Cela se voit un peu… Mon nom, je le tient de mon père qui lui est un véritable écossais. En fait, comme toi j’ai vécu dans mon pays natal jusqu’à l’âge de 6 ans. Ensuite, on a dû venir en Ecosse à cause du travail de mon père. Mais mes parents ont toujours fait en sorte que mon frère et moi on ait connaissance de nos deux cultures d’origine, que l’on parle nos deux langues dès le début. C’est pas plus mal comme ça d’ailleurs, cela nous a facilité la vie quand on est arrivé ici. Mais je suis pressée de terminer mes études pour pouvoir retourner au Japon. Ici c’est sympa mais ce n’est quand même pas la même chose. Et puis je crois que je suis très attachée à mes souvenirs d’enfance… »

Naomi pensait surtout à son grand-père en disant cela. C’était probablement lui qui lui manquait le plus. Et l’endroit où elle parvenait le mieux à se rapprocher de lui, c’était dans les montagnes, près de Kobayashi. Là, elle pouvait repenser à toutes les histoires qu’il lui racontait. Encore une fois, elle envia son frère qui était là-bas.

« En fait, j’ai un frère jumeau. Lui aussi est un sorcier mais il n’a pas reçu de lettre de Poudlard. A la place, c’est une lettre d’une école japonaise qu’il a reçu. Celle où sont allés tous les membres de ma famille maternelle. Je ne sais pas pourquoi on a été séparés. Peut-être qu’il le fallait. Mais c’est pas évident pour moi… Lui, c’est différent. Il est avec nos cousins et puis les disciplines de son école lui conviennent bien. Ici, il n’y a même pas d’arts martiaux… »

Naomi fit la grimace puis un léger sourire. Non, elle n’avait rien contre Poudlard mais tout de même, il y avait des trucs à améliorer. Mais si elle était ici, c’était probablement parce que telle était sa place. C’était un peu comme lorsque le Choixpeau l’avait envoyée à Poufsouffle. Elle ne s’y attendait pas vraiment. Au début, elle avait été très déçue. Puis peu à peu, elle se rendait finalement compte que Poufsouffle était peut-être la maison qui lui correspondait le mieux bien qu’elle n’en possédait pas toutes les caractéristiques.

«Je ne sais pas vraiment comment ça fonctionne tout ça… Envoi de lettres, répartitions… C’est un peu bizarre. Oui, je sais, c’est magique… Mais tout de même. J’aurais préféré être envoyée au Japon aussi. Pareil pour toi, dommage que tu n’es pas reçu une lettre de Beauxbâtons ou d’une autre école de magie française. Des fois je me dis que c’est du grand n’importe quoi et d’autres fois que c’est peut-être une sorte de destin, que si on ne se retrouve pas là où on aurait voulu et bien c’est parce que on a quelque chose de spécial à faire, à apprendre…»

C’était tout Naomi ça. Elle commençait une phrase et se laissait embarquée dans ses réflexions, les exprimant à voix haute plutôt que de les garder pour elle. Mais vraiment, William savait comment écouter et Naomi se sentait plutôt à l’aise pour parler avec lui.

Naomi confirma qu’elle venait du Japon. Pour son nom, c’était dû aux origines de son père, qui était irlandais. Plus la jeune fille parlait, plus William trouvait de plus en plus de points communs entre eux deux : elle n’était pas originaire d’Angleterre, et avait quitté son pays à l’âge de six ans ; elle n’avait pas un nom à consonnance de son pays d’origine, à cause de son père – Backhand ne faisait pas très français, le père de William était anglais - ; elle était bilingue, elle était pressée de pouvoir retourner dans son pays natal … C’était de drôles de coïncidences, tout de même. Il y avait aussi le fait que Naomi aime les contes et légendes, qui étaient la seule chose que Will voulait bien lire dans la bibliothèque de son grand-père. Comment pouvait-il avoir autant de points communs avec une Poufsouffle ? Vraiment, ça l’étonnait.

Mais finalement, il pouvait aussi se demander pourquoi il continuait à discuter tranquillement avec Naomi. Il avait obtenu ce qu’il voulait, pour le devoir, il aurait pu partir. William n’était pas quelqu’un de solitaire, il n’aimait pas être tout seul. De plus, la compagnie de Naomi n’avait rien de désagréable, elle n’était pas avarde de paroles et partageait son opinion sur plusieurs points. Que disait-on sur les Poufsouffle ? Qu’ils étaient idiots, naïfs … Naïve, peut-être que Naomi l’était, pour l’avoir aidé pour le devoir. Mais idiote, il ne le pensait pas. Cela faisait déjà un moment qu’il était entré dans la bibliothèque dans le but de faire son devoir de soins aux créatures magiques, et il avait eu le temps de constater que Naomi n’était pas aussi stupide que ce qu’on disait des Poufsouffle.

- Tu as de la chance d’avoir un frère, même s’il n’est pas avec toi à Poudlard. Moi je n’ai ni frère, ni sœur, j’ai probablement quelques cousins mais je ne les ai jamais vus. J’en a juste rencontré un assez brièvement … Mais bon, de toute façon, ma famille n’est pas vraiment normale. Mes parents sont sorciers, mais je l’ai appris quand j’ai reçu ma lettre pour Poudlard ! Et mon grand-père est un peu fou quelque part …

Pourquoi est-ce qu’il lui racontait ça ? Peut-être parce que sa famille était l’une des choses dont il pouvait parler sans problème, sans mentir … parce qu’il la détestait. Et c’était tellement plus facile de parler de choses que l’on n’aimait pas ! William Emilien aurait bien aimé avoir un frère, ou une sœur. Il y avait eu des fois où il s’était réellement seul dans cette maison qu’ils habitaient en Angleterre … Bien sûr, il y avait son grand-père, mais ce n’était pas la même chose. Avec Maximilien, on ne pouvait pas vraiment parler. Il fallait juste l’écouter, et répondre correctement. Ce n’était pas à lui qu’on pouvait parler de l’école, de ce qu’on aimait ou de ce qu’on aimait pas, des gens qu’on trouvait idiots ou moches. Les enfants de l’école à laquelle il allait étaient bien gentils mais … Si, il y avait eu Evan, qui avait été son ami. Mais il avait déménagé.

- C’est vrai que c’est bizarre, ce système. J’aurais préféré aller à Beauxbâtons, effectivement … Pourquoi est-ce qu’on ne choisit pas ? Des fois je me demande si c’est pas mes parents qui ont demandé que j’aille à Poudlard, juste parce qu’ils savaient que je voulais absolument retourner en France. C’est peut-être du hasard. Ou alors c’est un peu comme la répartition entre les maisons, ils envoient les lettres en fonction de ce qui convient le mieux aux gens. Si c’est ça, je suis pas vraiment d’accord, mais bon …

Naomi continua donc sur le sujet de la famille de William. C’était vrai qu’il y avait de quoi se poser des questions : des sorciers qui vivaient comme des moldus ? Un grand-père un peu fou ? Le Serpentard s’y attendait, lorsqu’il avait commencé à évoquer sa famille. Mais d’un autre côté, ça lui faisait du bien d’en parler, ça lui donnait l’impression qu’il n’avait simplement pas de chance, que ce n’était pas de sa faute. A qui parler de sa famille ? Ses amis, il ne leur confiait pas grand chose finalement, et à son grand-père, sûrement pas … Finalement, William Emilien passait beaucoup de temps à écouter les autres, mais lui aussi, il fallait qu’il parle, que ce soit pour simplement évoquer les rapports difficiles qu’il avait avec ses parents mais aussi son grand-père, ou pour faire la liste de tout ce qu’il détestait dans la famille Backhand.
Mais en même temps, il ne pouvait pas en parler à n’importe qui non plus. Les rares Serpentard qu’il avait rencontrés ne semblaient absolument pas tolérants au niveau de la famille – il avait du sang de moldu dans les veines, de son côté maternel. Et de toute façon, les Serpentard croisés par William … ils ne lui plaisaient pas. Que ce soit ce Joke avec ses yeux horribles et ses idées sur la lignée, ou encore cette Arkethos dont il ne comprenait absolument rien. Tout ce dont il était sûr, c’était qu’il ne voulait pas mentir sur ce sujet. Pour le reste, peu importait, mais la famille, c’était … particulier.

- Pour tout dire, moi non plus je comprends pas. Ils ont la chance d’être sorciers, pourquoi la gâcher ? Il y a beaucoup d’enfants qui auraient être nés dans une famille sorcière … Si mon grand-père n’avait pas été là, d’ailleurs, ils ne m’auraient jamais donné la lettre de Poudlard et m’auraient laissé vivre dans l’ignorance. Ça me dégoûte rien que d’y penser. Je crois qu’ils ont un problème avec moi …

Il préféra s’arrêter là, il n’allait pas non plus déclarer que ses parents avaient peur de lui, Naomi se serait posée des questions … Elle s’en posait sans doute déjà, d’ailleurs. Mais ça pouvait être encore pire.
La jeune fille venait de lui poser quelques questions sur son grand-père. Ce dernier était un personnage difficile à cerner, à vrai dire. La première fois qu’il l’avait vu, William aurait préféré faire demi-tour. Puis, au fur et à mesure que les jours passaient, les nombreuses connaissances de Maximilien Backhand lui parurent attirantes … De plus, Will n’avait absolument rien à faire de ses journées alors. Ses parents ne voulaient pas encore l’envoyer à l’école, tant pis s’il manquait le début de l’année, le temps qu’il s’habitue à cette nouvelle maison, aux nouveaux voisins, à la nouvelle langue aussi. Le garçon avait alors décidé d’écouter ce que son grnd-père avait à lui dire.

- Mon grand-père … c’est pas facile de parler de lui. Il doit avoir un problème, lui aussi. Qui apprendrait à un enfant à entrer dans une maison par effraction ? Mais en même temps, c’est grâce à lui que j’aie pu aller à Poudlard. Je ne sais même pas si …

*Si je le déteste ou si j’ai peur de lui ou s’il me manque …* Mais ça, William n’en dit rien. Il arrêta sa phrase comme ça. Il connaissait à peine Naomi, il n’allait pas lui raconter sa vie non plus alors qu’il n’avait jamais parlé à personne de son grand-père ! Bon, peut-être qu’il lui racontait sa vie depuis quelques minutes déjà, mais son grand-père était une partie de sa vie difficilement abordable.

- Peut-être bien qu’on est envoyé là où c’est le mieux pour nous … Ça ne peut pas se faire au hasard, j’imagine. Enfin, je crois qu’on en saura jamais rien.