Dans le froid de décembre

[Ouvert à n'importe qui ^^]

Camille se leva de bonne heure ce matin là. C'était le week-end pourtant, elle n'avait donc pas cours, elle aurait pu rester au lit plus longtemps. Mais elle avait une bonne raison de se lever tôt : ce jour là, il y avait une sortie organisée à Pré-au-Lard ! La fillette avait entendu dire beaucoup de choses sur le village sorcier, sa confiserie, l'auberge des Trois-Balais où on servait des bièraubeurres - boisson qu'on lui avait certifiée non alcoolisée, malgré son nom - délicieuses. Elle avait donc réellement hâte d'y aller, et peu importait le froid et la neige. Seul petit bémol : comme par hasard, il fallait que William soit collé ce week-end là, celui de la sortie au village. C'était vraiment injuste, mais ils n'y pouvaient rien. Ça aurait pu la décourager, mais elle voulait tellement y aller, que même s'y rendre toute seule ne la dérangeait pas. Et puis, si elle voulait acheter un cadeau de Noël pour son frère, il valait mieux qu'il ne soit pas là, en fin de compte.

Camille, bien qu'il fasse froid, mit tout de même une jupe. Elle emporta évidemment sa longue écharpe aux couleurs de Gryffondor, avec laquelle elle pouvait faire au moins six tours autour de son cou, et un bonnet de père Noël qu'une amie lui avait offert l'année précédente. Ainsi vêtue, elle descendit les escaliers du chateau, qui devaient être de bonne humeur puisqu'ils ne lui donnèrent pas trop de mal, et ne la secouèrent qu'un tout petit peu, et traversa le hall à grands pas. Elle aurait peut-être pu proposer à une des filles de sa maison de venir avec elle, mais elle n'était pas sûre qu'elles auraient été prêtes à se lever à neuf heures et demie, comme elle l'avait fait. Ils étaient rares, les élèves, à être debout à cette heure là, et encore plus à aller à Pré-au-Lard si tôt. C'est pourquoi la petite Backhand se retrouva presque toute seule sur la route qui mena au village sorcier. Il y avait du vent et les bottes de Camille crissaient dans la neige, mais elle était encore en vie lorsqu'elle arriva au village.

Elle se retrouva face à une longue rue pavée, parcourue par seulement quelques élèves, avec de nombreuses boutiques alignées de part et d'autre de la rue. Leurs enseignent se balançaient au vent, Camille reconnut celle de la confiserie tant appréciée des élèves, Honeydukes, et celle des Trois-Balais. Autant profiter du moment où il n'y avait presque personne ! La petite Gryffondor entra dans la confiserie et crut halluciner. Les murs étaient recouverts d'étalages présentant tellement de sortes de bonbons différents qu'elle se demandait si un jour, elle les aurait tous goûtés. Des chocolats par dizaines, des caramels, et d'autres qu'elle ne reconnaissait pas. Evidemment, les sorciers avaient leurs propres bonbons ... Elle décida d'en acheter pour elle-même, mais aussi pour son frère - ça ferait un très beau cadeau de Noël. Elle prit le plus de bonbons différents possibles, paya - elle avait un peu de mal avec la monnaie sorcière, mais elle y arriva - et sortit.

Il était presque onze heures, il lui avait fallut beaucoup de temps pour se décider, chez Honeydukes. Les élèves commençaient à arriver en masse, et elle ne savait pas vraiment quoi faire, à présent. Les Trois-Balais ? Elle avait un peu froid, mais elle n'était pas frigorifiée au point de se jeter dans l'auberge si chaleureuse. Camille réfléchit un peu, puis décida de marcher dans les rues, au hasard, elle verrait bien ce qu'elle y trouvait. Peut-être un cadeau pour son père ? Elle allait passer Noël avec sa famille, enfin, ce qu'il en restait, c'est-à-dire son père et son frère. Elle n'arrivait pas encore à appeler cette maison "chez moi" mais elle finirait par le faire, sans y penser. Elle n'avait aucune idée de ce qu'elle pouvait acheter pour son père, elle le connaissait à peine ... comment savoir ce qui lui ferait plaisir ? Il aurait fallu qu'elle pose la question à William seulement voilà, à cette heure-ci, il était en colle. Camille soupira. Perdue dans ses pensées, elle ne vit rien venir et percuta quelqu'un de plein fouet, qui devait marcher vite car elle perdit l'équilibre et tomba les fesses dans la neige.

Dehors, en train d’observer les flocons tomber, elle s’était d’abord, assise sur une branche d’arbre dans le parc. Elle ne lisait pas, elle n’écrivait pas, elle pensait. Elle réfléchissait. C’était bientôt Noël, bientôt les vacances. Son grand-père, lui avait conseillé de ne pas rentrer chez elle pendant ses vacances. Elle l’avait écouté, non sans tristesse.

Elle les aimait ses parents et même si ils ne passaient, avant, qu’une heure à la maison le soir de Noël, ils venaient quand même, toujours. Enfin son père, par ce que sa mère était toujours ailleurs. Mais au moins elle lui parlait au téléphone. Mais cette année rien, personne. Elle ne verrait ni ami, elle n’en avait pas, pas encore, ni famille, ni bonne, ni major-d’homme. En bref personne qu’elle n’aimait, personne à qui elle tenait.

Elle sauta de l’arbre. Aujourd’hui n’était pas un jour comme les autres. Aujourd’hui c’était un jour d’une des fameuses sorties. Son grand-père lui avait écrit tellement de choses à propos de ça. Ces jours là, tous les enfants qui peuvent sortir sont heureux. Si t’as le temps visite tel et tel magasins. Il semblait encore plus excité qu’elle à cette idée.

D’ailleurs beaucoup d’élèves semblait excités. Elle sauta de sa branche et décida d’aller prendre son manteau pour aller voir ce fameux Pré-au-Lard. L’envie n’était pas très présente mais pour une fois, elle pouvait suivre le mouvement. Habillée d’un manteau beige elle portait, en dessous un robe violette pâle et des collants blancs. Elle était au moins contente de s’habiller comme bon lui semblait.

Elle retourna dehors et ne put s’empêcher de sourire devant la neige. Quelques élèves étaient déjà partis, elle voyait leurs pas inscrits sur le sol. Elle ignorait encore où elle allait aller. Si elle allait écouter son grand-père ou si elle n’allait visiter qu’un magasin.

Elle commença son chemin, seule mais heureuse, vers le village. Elle ne l’avait encore jamais vu, ne s’y était jamais intéressé, et pour tout dire si elle y allait aujourd’hui c’était surtout par simple curiosité. Au moins elle ne mourrait pas totalement idiote.

Elle arriva au lieu tant convoité. On aurait dit un simple village qu’est-ce qu’il y avait de si passionnant? De la magie? C’était follement amusant. Elle secoua les épaules et, un peu prise par le froid, enfonça plus profondément, sa tête dans son manteau.

Si on pouvait vraiment trouver de tout ici, elle trouverait bien un papeterie ou une librairie non? A peine y avait-elle pensé qu’une sublime vitrine, pleine de plumes, de parchemins, etc… sublime. Elle n’y résista pas et y entra un sourire éclatant sur ses lèvres.

La petite sonnette tinta. C’était la première fois qu’elle étendait ça. Elle était une novice dans ce monde, elle était une novice dans son monde aussi. Mais là, où elle était en ce moment présent, elle se sentait totalement chez elle, totalement bien.

Le vendeur la salua et lui proposa son aide. Elle refusa poliment, préférant goûter l’instant présent. Il y avait le parfait attirail de l’écrivain. Elle regarda chaque plume et devant les noms elle demanda, tout de même, conseille au vendeur. Elle n’y comprenait rien. Pour finir, après plusieurs heures et plusieurs gaillons dépensés, ses parents ne voulant pas être mal jugé lui fournissaient tout l’argent demandé, elle ressortit du magasin, les bras chargés, mais heureuse de ses achats.

Où aller maintenant? Son ventre criait famine et son grand-père lui avait parlé d’un endroit, fabuleux, où tous les élèves trouvaient tous les bonbons qu’il puissent exister. Pourquoi ne pas y aller? D’un pas rapide, elle marchait toujours rapidement, elle se dirigea vers l’endroit convoité.

Mais ses pas furent stoppés, ses sacs à terre, et elle aussi par la même occasion. Quelle idiote, elle ne regardait pas devant elle, et de toute évidence la personne percutée non plus. Elle la regarda. Tiens elle était de la même maison qu’elle et dans le même état. Elle aussi au sol.

Devant cette scène, elle éclata d’un rire cristallin. Non elle ne se moquait pas de sa camarade mais de la situation. Elle se releva et tendit sa main, sans gant, à la jeune fille qu’elle avait percuté.

« Je suis désolée, je ne regardais pas devant moi… Rien de cassé? »

Lorsque sa camarade fut remise debout elle ramassa ses cornets puis la regarda en souriant. Elle s’inclina légèrement en faisant une révérence.

« Beverly McStue, enchantée. Mais on m’appelle Beve ou Bevy, c’est au choix. Au moins tu connaîtras le nom de la personne qui t’as percutée… », finit-elle avec un sourire.

Camille n'avait pas tout de suite compris ce qui s'était passé. Elle marchait tranquillement quand elle était soudain tombée en arrière ... elle comprit tout quand elle s'aperçut qu'il y avait une autre fille assise dans la neige juste en face d'elle. Elles s'étaient rentré dedans ! Devant le ridicule de la situation, l'autre fille éclata de rire. Son rire était communicatif et Camille en fit de même. Tant que personne n'avait rien de cassé, il n'y avait pas de quoi en faire un drame ! L'autre l'aida à se relever, Camille la remercia en souriant et ramassa elle aussi ce qu'elle avait fait tomber, c'est-à-dire les friandises qu'elle avait achetées pour son frère - et aussi pour elle, d'ailleurs ...

Elle observa la fille un instant. Il lui semblait qu'elle était de la même maison qu'elle, en première année aussi. Elle l'avait sûrement vue à la cérémonie de la Répartition, ou bien en cours. Elle avait de très très longs cheveux brun clair et des yeux bleus. Sa peau était vraiment très pâle et tout était fin chez elle. Comme elle lui demandait si elle n'avait rien de cassé, Camille répondait :

- Non, non, absolument rien ! La neige a amorti ma chute, ajouta-t-elle en riant.

La Gryffondor - elle était sûre que c'était une Gryffondor, c'était sa mémoire qui le lui disait, et sa mémoire, elle était forcément juste, puisque c'était la sienne - se présenta sous le nom de Beverly McStue, en précisant qu'on l'appelait plutôt Beve ou Bevy. La fillette se présenta à son tour :

- Enchantée ! Moi je m'appelle Camille Backhand. Je crois pas qu'on puisse trouver de diminutif, en tous cas de joli diminutif.

Quelques élèves s'étaient arrêtés non loin, un groupe de garçons bien plus âgés, qui ricanaient bêtement. Camille leur jeta un regard noir, ce qui les fit rire encore plus, mais ils finirent par s'éloigner, il n'y avait plus rien à voir, selon eux. La petite Backhand soupira en les regardant partir, il y avait de ces idiots, à Poudlard ! Comme par exemple ces imbéciles qui, lorsqu'elle demandait son chemin, lui indiquaient une mauvaise direction juste pour s'amuser. Qu'est-ce qu'il y avait de drôle à perdre les première année dans les couloirs du château ? Il faudrait qu'on lui explique, un jour. Camille observa les rues de Pré-au-Lard à présent pleines d'élèves puis se tourna vers Beverly.

- C'est la première fois que je viens à Pré-au-Lard, je sais pas s'il y a eu d'autres sorties mais si oui, je les ai manquées.